▵ Face to face

H O O K E R

L'étalon appaloosa avait trainé difficilement sa carcasse jusqu'ici. Il avait passé la frontière des Brumes comme s'il s'agissait d'un refuge. Mais ce n'est pas le cas. Ils lui ont pris ses terres, son héritage. Sa mâchoire se serre, mais ça le fait souffrir presque aussitôt. Maintenant que l'adrénaline du combat était retombée, il n'y avait pas une seule partie de son corps qui lui criait, lui hurlait plutôt, sa douleur. Il s'était séparé de sa mère quelques heures plus tôt, ayant besoin de rester seul. Il fallait qu'il se débarrasse de la crasse, de la sueur mais surtout du sang. Du sien, de celui de ses ennemis. Et pourtant, une fois face à l'eau, il reste immobile, à observer son étrange reflet. Son visage avait bien morflé, les traces des coups et morsures ancrés dans sa chair laisser voir clairement la violence du combat. Mais c'était surtout la perte de son oeil qui le perturbait le plus. Il était toujours à sa place, mais il ne lui servirait plus jamais, les lésions qu'il avait subi étant trop importantes. Il faisait peur à voir. Mais étrangement, cela le fit sourire.

Il ne voit pas l’individu dans un premier temps, perdu dans ses songes et contemplations. Seul le clapotis infernal de l’eau le force à revenir à l’instant présent et ça l’agace. Il relève la tête et ne voit néanmoins rien. L’agacement redouble d’intensité. Il se concentre sur son ouïe et finit par tourner la tête du côté de son œil invalide. Hook allait devoir s’habituer à cette demie cécité. Une jument léopard semble s’amuser avec l’eau. Son corps tout entier réagit, de raidissant brutalement, parer à contrer toutes attaques bien qu’il soit au bord de l’évanouissement, épuisé. Ennemie ? Tout le peuple GSien n’allait pas tarder à le devenir.

Hooker se retient de faire un pas en arrière face à sa proposition, il ne voulait pas non plus passé pour un apeuré mais sa méfiance était à son paroxysme. Il la jauge de haut en bas de son unique oeil, peut être était-elle avec eux et qu'elle se faisait passer pour une innocente petite jument prête à aider autrui. Ses oreilles bascules vers l'arrière. Pourquoi ? Tu ne me connais même pas. Sa voix est froide et pleine de soupçons.

Hook fut légèrement décontenancé par la simplicité avec laquelle elle présentait les choses. Il plisse légèrement les yeux, ne parvenant par à déterminer s'il devait la laisser faire, la laisser approcher, l'aider à le soigner. Il avait tellement la rage et la haine qu'il suffirait d'un mouvement qu'il interpréterait mal pour qu'il déraille et ne lui fasse subir toute la rancœur qui l'habitait. Il montre les dents lorsqu'elle fait un pas dans sa direction mais ne recule pas pour autant. Il ne cesse de l'observer, le moindre de ses gestes, la moindre de ses mimiques, le moindre frémissement de ses jeunes muscles. Hooker... J'm'appelle Hooker. finit-il par grommeler.

Elle approche encore, et il sent ses muscles répondre à la menace potentielle qu'elle pouvait représenter pour lui. Cela lui arrache une grimace douloureuse. Il en savait rien s'il le voulait bien ou non. En l’occurrence, oui, il avait certainement besoin d'aide, mais était-il prêt à se remettre aveuglément aux mains d'une inconnue ? Il serre la mâchoire, et ses yeux ne cesse de faire des allers retours entre les yeux de la jument appaloosa et ses jambes qui avançaient vers lui. Qu'est ce que tu vas faire ? Comment tu comptes t'y prendre ? Il avait besoin de savoir.

Il l'écoute attentivement, du moins essaie de se concentrer pour l'écouter avec attention mais la douleur est telle qu'il a du mal à le faire. Il cligne plusieurs fois des yeux, de son oeil du moins. A un moment sa vision se trouble. Non clairement, il avait besoin d'aide sinon tout allait s'infecter et cela serait la cata pour sa tronche.
Elle parle et agit en même temps. L'appaloosa la regarde partir chercher ses dîtes plantes puis revenir. Elle s'est pas encore rapprochée un peu plus là ? Hook essaie d'apercevoir de quel type de plante il s'agit pour au pire s'en occuper lui même mais il n'y connait foutrement rien avec ces merdes là. Il faillit lui balancer qu'il s'en foutait de comment elle s'appelait mais elle risquait de mal le prendre et se barrer, or elle était la seule dans le coin qui semble t-il soit en mesure de l'aider. Bon ok, mais au moindre truc louche, je te noie dans le lac. Ses mots n'étaient pas là pour impressionner, il le ferait, vraiment.

(Il lui a donné son nom quelques messages au dessus )

Il est tendu lorsqu'elle approche, il appréhende le contact et lorsqu'il arrive il serre tellement la mâchoire qu'il a l'impression que chacune de ses dents va imploser, une à une. Hook la guette du coin de l'oeil, il voit bien qu'elle fait attention à ses gestes, mais cela ne le détend pas pour autant. Il finit par fixer un point fictif face à lui, émettant des grondements sourds de temps en temps pour réprimer ses cris de douleur.