désaccordé

Et on la retrouve à la Garrigue, naviguant entre les petits rochers, et s'arrêtant parfois sous les oliviers. La noiraude n'avait aucune idée de ce qu'elle allait faire ici, ou même de sa aujourd'hui. Allait-elle revoir une connaissance d'antan ? Ou en faire une nouvelle ? Ainsi va le destin.

Les températures du royaume des sables étaient clémentes pour un mois de décembre, surtout à la garrigue. Aslak était en pleine battle de regard depuis un certain temps avec une vipère dressée à un bon mètre de lui. Avant de subitement perdre patience et d'écraser le serpent de son sabot martelant la terre. On ne défie pas le roi.

Et le claquement de son sabot avait provoqué un léger écho qui raisonna dans la Garrigue. Une oreille en avant, l'autre en arrière, Léïne avait pressenti l'odeur masculine et ses yeux scrutèrent le paysage qu'entourer l'arabe avant d'apercevoir une forme au loin, troublé par la chaleur. Silencieuse, elle fait comme si elle n'avait rien vu et retourne observer les aigles contre les serpents un peu plus loin.

Le mâle obscur dilate ses naseaux en constatant qu'il n'était pas seul à la garrigue. Il hume une odeur fruitée et délicieuse, un arôme féminin. Son encolure s'incurve de droite à gauche, ses prunelles scrutent attentivement l'horizon. Il discerne au loin une silhouette sombre ondulée par la chaleur de cette terre de sable. Le roi arpente un sentier escarpé afin de se rapprocher de la mystérieuse silhouette obscure.

Étrangement, l'odeur de la présence se faisait de plus en plus proche, il semblait venir à sa rencontre. Les aigles avaient l'air d'avoir gagné et emportèrent dans leurs griffes acérées les serpents, certainement destiné aux oisillons pas très loin. Jugeant qu'il était arrivé à la bonne hauteur - du moins, elle espère -, elle ne pût s'empêcher de se retourner, et de rester silencieuse.

Elle se retourne, silencieuse. Son coeur rate un battement, ses yeux clignent successivement. Elle était si jolie. Il avait ressenti ça si peu de fois au cours de son existence qu'il en était tout perturbé. Quelques secondes silencieuses s'écoulent avant qu'il se racle la gorge en redressant fièrement son corps herculéen : il était revenu à lui. C'est dangereux ici, nombreux sont les serpents. Sa phrase était double : il la mettait en garde aimablement, tout en lui rappelant qu'elle n'était qu'une jument sans défense. Il fait quelques pas légers vers elle tandis que ses prunelles sombres s'égarent sur ses courbes.

Mais l'odeur vint alors la déranger et une voix vint briser le silence au loin. Léïne posa son regard sur l'étranger, il était d'une classe assez particulière qu'elle n'avait jamais croisée, il semblait avoir de l'assurance. Celui-ci la mit en garde sur les serpents qui erraient ici par cinquantaine mais s'il savait à quel point, ça importé peu pour la noiraude. Il n’y a rien de si éloquent que la queue d’un serpent à sonnettes, vous savez. Le son que pouvait faire ce serpent l'intrigué et elle voulait en savoir un peu plus sur eux, elle les admirait au fond.

Il était arrivé à sa hauteur, ses prunelles sombres n'avaient cessé de danser sur son corps. Il les plonge désormais dans les siennes, gardant un air ferme. C'est pas faux. Faites attention tout de même, ils sont fourbes.

Certains, mais pas tous. Elle ne bougea pas d'un poil, autorisant ses yeux à voguer sur le corps svelte du mâle. Il ne dégageait pas le même air que les autres personnes qu'elle avait pu rencontrer ici. Que faîtes-vous par ici, alors ? Questionne-t-elle, remontant ses yeux jusqu'à les encrer dans ceux de l'étalon, soutenant son air ferme.

Il fait un dernier pas aérien vers elle, plus que quelques centimètres les séparaient. Il était plus grand qu'elle, ce qui n'était pas pour lui déplaire, lui qui aimait se retrouver en position dominante. Ses naseaux dégagent un souffle chaud vers elle. Êtes-vous donc capable de reconnaître les fourbes ? Elle l'attire comme un aimant, il doit se retenir de ne pas percer sa bulle d'espace personnel. Je découvre les terres. Et vous, êtes-vous déjà une habituée ?

Silencieuse, elle l'écoutait légèrement déstabilisée par le souffle chaud qu'il pouvait procurer à quelques moments. Il était donc nouveau sur ses terres, certainement pour ça que Léïne n'avait pas entendu une rumeur sur un étalon aussi - classe -. C'est à l'instinct. Souffle-t-elle en pivotant légèrement sa tête vers l'inconnu, il était certes grand mais il ne l'impressionnait guère. Je suis ici depuis quelques mois, donc on peut dire ça.

Il hoche la tête silencieusement. L'instinct. Ce mot résonne plusieurs fois de suite dans sa tête. C'était évident. Il mord discrètement sa lèvre inférieure lorsqu'elle lève la tête vers la sienne. Et me conseillerez-vous d'y rester ? C'était bien la première fois qu'il s'intéressait autant à l'avis de quelqu'un, au vu des quelques questions qu'il lui avait déjà adressé jusqu'ici.

Dans son intérêt, GS était une bonne terre d'accueil, elle n'avait certainement pas encore croisé les plus grands méchants mais elle avait bien rencontré les plus sains d'esprit à son idée. C'est pas une si mauvaise terre, ici. La noiraude haussa légèrement les épaules avant de laisser un léger sourire se glisser sur ses lèvres ébène, c'était étrange pour elle, comme si elle n'avait pas besoin de se présenter comme avec pratiquement tous les autres, et son subconscient n'était pas contre.

Pas si mauvaise ? Je m'attendais à une réponse plus convaincante. Un rire rauque s'échappe de ses lèvres. Il était trop tôt pour lui pour se faire un avis. Pour l'instant, il ne trouvait pas ça désagréable. Il fait quelques pas silencieux, l'invitant à le suivre d'un mouvement de l'encolure.

Emboîtant le pas à son tour, ses yeux se détachèrent quelques instants pour se laisser aller sur le paysage qui se présentait devant les deux équidés. Vous venez d’où ? Si ce n’est pas indiscret. C’était qu’une simple question parmi tant d’autres mais il attirait sa curiosité, étrangement.