▵ Fleur piquante

C E R S E Ï

Ses sabots faisaient un drôle de clapotis contre le sol pavé des allées. Ses yeux allaient et venaient sur les structures qui se dressaient petit à petit face et autour d'elle. Elle ne savait pas trop où elle était, ni ce qu'elle y faisait. Elle se contentait d'observer, avec beaucoup de minutie, comme lui apprenait sa grand mère. Des fleurs semblaient naître sur les paroi de pierre, cela l'interpella, elle trouvait ce phénomène étrange. La petite pouliche s'immobilisa devant l'un de ces amas de fleurs. Elle pencha la tête à droite, puis à gauche, prise de curiosité. Puis elle en approcha les lèvres et se piqua. Une goutte de sang perla à sa lèvre et vint mourir au sol.

Les yeux dans le vide, elle erre. Une âme vagabonde, sans objectif précis. Elle ne connaît pas cet endroit. Otsoa le découvre sans aucune émotion vive venant percer ses prunelles ambrées. L'écho des bruits de pas se fait entendre ainsi qu'une odeur flotte dans l'air. Elle aperçoit la pouliche tout en se demandant si elle va la rejoindre ou non. La grise s'immobilise, le regard sur elle. Silencieuse.

Cerseï ne baisse pourtant pas les bras. Elle retente sa chance, abordant la fleur sous un angle différent, essayant d'éviter de se blesser à nouveau. Mais elle s'inflige une nouvelle piqure. Elle ressaie, encore. Plusieurs fois. Jusqu'à ce qu'enfin, elle parvienne à détacher cette rose de son mur triste. Toute fière, elle reprend son chemin mais s'immobilise bien vite en voyant en face d'elle une jument grise. Son regard était d'une tristesse. Elle semblait être ... Une coquille vide. Même elle, cela l'interpellait. Alors elle se dirigea sans un mot vers l'inconnue. Et une fois à sa hauteur, elle tandis assez haut l'encolure pour déposer cette fleur, si ardemment obtenue, dans ses longs crins soyeux.

Son regard n'arrête pas à fixer, suivre la pouliche dans son objectif. Otsoa en est dépourvue aujourd'hui, qu'elle essaie de tenir le fil en s'accrochant aux buts des autres. La pouliche a décroché la fleur. Elle a réussi sa tâche et la voilà qui prend la direction vers la grise. Celle-ci, dans un état lamentable, parvient à faire un pas avant de s'immobiliser à nouveau. Ses yeux ne baissent pas, ils poursuivent leur observation. Dans ses crins vient se déposer une fleur. Un présent de la pouliche. Otsoa l'accepte, parvenant à libérer une part de ses émotions enfouies. Joie et surprise.

La pouliche attendait avec patience de voir si son action opérait des changements chez l'inconnue. Petit à petit les traits de son visage empruntèrent des courbes différents, et un éclat joyeux prit naissance dans son regard auparavant morne. Il était étonnant qu'un geste aussi banal et gratuit puisse ainsi impacté quelqu'un. C'était intéressant à voir et à apprendre. Elle rangea cela dans un coin de sa tête, cela pourrait lui resservir pour plus tard. Cerseï. se présente t-elle en glissant son regard innocent dans le sien. Elle ne lui demanda pas son nom en retour, ses yeux l'interrogeaient pour elle.

Un geste altruiste, pourtant touchant pour Otsoa. Elle laisse un sourire naître au coin de ses lèvres avant de mourir. Elle ne cesse d'observer la jeune pouliche de ses prunelles ambrées. Une âme innocente qu'elle espère ne pas retrouver souiller par les actes violents du monde. Un nom balancé. Cerseï. « Otsoa. » Elle poursuit. Il n'y a pas besoin de dire que c'est son nom, la pouliche le devinera.

Un nom en échange d'un autre. Cerseï hoche la tête pour signifier qu'elle a compris, et elle enregistre avec précaution cette nouvelle identité découverte. Pourquoi autant de tristesse dans ton regard ? questionne t-elle. Peut être était ce indiscret, surement, enfin oui, ça l'est. Mais elle n'en a pas conscience, la pouliche n'impose pas de barrière à son apprentissage, à son appréhension de la vie. Elle demande, elle analyse, elle apprend, simplement.

La vie est faite de déceptions. La grise la regarde et essaie d'effacer sa tristesse dans ses yeux. Elle souffle comme si cela va évacuer le mal qui sommeille en elle. Rien ne se passe. Juste l'écoulement de larmes à l'évocation de son émotion. Elle renifle, elle essuie comme elle le peut ses perles qui tombent de ses yeux. « Je suis épuisée. » Elle répond cela uniquement. Combien de jours n'a-t-elle pas dormi ?

Cerseï est surprise face à l'étrange phénomène auquel elle assiste. Qu'est ce donc que ce liquide qui s'échappe de ses yeux ? Est ce cela ce que l'on nomme des larmes ? Ses oreilles sont pointées vers l'avant, et elle observe avec minutie ce nouvel apprentissage qui s'offre à elle. Et lorsque la réponse tombe, elle fronce légèrement les sourcils, interloquée. Alors pourquoi tu ne dors pas ? Cela semblait si simple, dans sa bouche.

D'accord, c'est pas grave ! On peut clore je vais demander de l'archiver