ville sans fin

« Oh bon sang... » s'exclama-t-elle lorsqu'elle vit l'appaloosa s'effondrer au sol. Une bouffée de chaleur l'envahit tandis que l'adrénaline parcourait désormais ses veines. Il fallait agir et vite. Elle tenta de contrôler sa respiration pour se calmer, mais Enja avait l'impression d'avoir des œillères. Elle se précipita vers elle, évaluant rapidement son état. Ses plaies étaient profondes, il y avait risque d'hémorragies et peut-être même un trauma crânien. Ceci dit elle ne pouvait pas parler avec sa patiente ce qui était un inconvénient. Elle avait quelques réserves avec elle mais peinait à croire que ce serait suffisant. Elle observa son environnement, réfléchissant à toute vitesse afin de se souvenir des plantes selon le biome où elle se trouvait. « Réfléchis, Enja, réfléchis... » souffla-t-elle à voix basse. Elle se redressa et disparu quelques instants, revenant avec une botte de plantes entre les dents. Elle les disposa au sol, et prépara plusieurs mixtures, se servant de plantes aux vertus essentielles. Elle donna également ses dernières graines de pavot à l'appaloosa. « Aller.. je vais pas d'eau mais il faut avaler, ça va calmer les douleurs... » Elle appliqua les cataplasmes, appuyant assez fortement et douloureusement pour que la plaie soit traitée comme il fallait. C'était un mélange de mousse et de jeunes pousses fraîches de plantes aux vertus cicatrisantes et coagulantes. Il fallait stopper cette hémorragie. C'est au bout de plusieurs minutes voire de plusieurs heures, que Enja parvint à stabiliser l'inconnue. Dans son effort, elle avait du sang sur le museau et les membres à force de s'affairer sur les blessures.

Petit à petit, l'appaloosa reprenait conscience, même si elle semblait secouée. Enja ne savait pas ce qu'il lui était arrivé, mais elle ne pouvait que compatir et faire son maximum pour apaiser ses souffrances. Lorsque leurs regards se croisèrent, la brunette lui offrit un sourire chaleureux, heureuse de son acte. « J'ai juste fais mon job... » fit-elle avec un rire léger. C'était une première victoire.

Enja, toujours à l'écoute de sa patiente, entend ces paroles et fronce des sourcils imaginaire. « Qui ça ? » fit-elle calmement, avant de jeter un coup d'oeil autour d'elles, par précautions. « Il n'y a que nous. » souffla la brunette d'une voix rassurante, afin que la picotée ne cède pas à d'autres crises de panique. Elle devait être en état de choc, et c'était normal. Même si Enja n'avait pas été là, les blessures de la femelle portaient son histoire. « Je m'appelle Enja. »

Enja hocha simplement la tête, essayant d'ailleurs d'essuyer un peu le sang qui était sur elle dans l'herbe. Parce que là, non seulement ça tirait la peau mais en plus c'était un peu glauque non ? « Ne vous inquiète pas, je m'efforce de vous réparer. » fit la brunette avec un doux sourire. « Évitez juste les gestes brusques, sinon les cataplasmes n'auront pas le temps de pénétrer... »

« Tout le monde a de l'importance. » fit la brunette dans une sorte de fermeté douce. Pour Enja, tout avait de l'importance, tout le monde avait sa place et un rôle. Quelque chose à apporter au monde. Elle lui tendit un sourire plein de compassion, avant d'entendre la voix grave d'un mâle qui s'était approché. Il était grand, imposant, avait une voix dont le miel était recouvert d'épines. Il était d'une beauté renversante, certes, mais Enja ne put s'empêcher de penser qu'en ce moment même, elles étaient en danger. « Des souffrances qui pourraient être évitées. » souffla doucement la jeune jument.

Enja essayait de ne pas se laisser impressionner, mais elle ne pouvait ignorer le fait que l'individu qui se tenait en face d'elle pouvait la tuer très facilement. « Je suis née ici. » trouva-t-elle comme argument contraire aux menaces du blanc. Non, elle ne pouvait se résoudre à quitter ces terres qui l'avaient vue naître. Ces terres qu'elle avait appris à aimer.