APPEL

R avait réfléchi pendant des jours. Elle avait pas ou peu dormi, ni mangé, ni bu. Ses besoins primaires passaient derrière la raison de ses préoccupations. Elle devait réunir, informer au maximum. Elle poussa un hennissement puissant malgré sa gorge sèche. Les sorraïa s'adaptaient bien au désert, mais la grise avait opté pour un lieu moins aride. Elle espérait ne pas être seule aux anciens Sables. Elle avait choisis cet endroit pour capter les royalistes également.

B A I L E Y

La jument brune arpentait les terres du Sud, sur lesquelles elle se découvrait bien plus à l’aise qu’elle n’aurait pu jamais l’imaginer. Mais cela ne restait en rien comparable au Nord.
Alors que ses pensées voguaient ici et là, l’esprit remplit, un appel pressant retentit non loin de là. R ? murmura t’elle pour elle même, à la fois surprise et interloquée. Guidée par sa curiosité, elle se rendit jusqu’au point de rassemblement où se trouvait donc la sorraïa, ainsi que Bryséis et une jeune qui lui était inconnue. L’arabe se glissa aux côtés de son amie, saluant Bry par un léger coup d’épaule amical et taquin. Puis elle glissa son regard que R’Ayna. Que leur voulait-elle ?


H O O K E R

L’étalon arpentait ses terres, continuant d’y veiller minutieusement. Quoi qu’ils fassent quoi qu’ils disent, ces terres seraient toujours une partie de lui et lui une partie d’elles. Et lorsqu’un appel retentit, il plaque ses oreilles contre sa nuque et grince des dents. Qui ose ?
Empruntant des chemins inconnus aux yeux des simples passants, il parvient rapidement au point de ralliement. Il y découvre de jeunes silhouettes féminines, dont sa sœur, et la sorraia de la dernière fois. Son regard s’assombrit d’autant plus. Il bondit de son promontoire d’où il les observait sans être vu et s’impose non loin de la louvet. C’est quoi ces conneries ? aboit il.

Aventura marchait d’une allure plutôt vive. Elle entendit un appel et, curieuse, elle trotta pour rejoindre les chevaux présents. Elle s’arrêta et s’approcha au pas avant de saluer l’assemblée. « Bonjour. »

Les Trois avaient entendu l'appel. Un appel qui les avaient tous interpellés. Ils avaient pris des chemins différents, mais ils arrivèrent tous trois au même endroit. Certains étaient déjà arrivés et commençaient à se rassembler.

Njörd s'approcha, son regard balayant les autres qui étaient déjà présents. Il reconnaissait quelques silhouettes, d'autres non. Il garda le silence, bien que son regard se faisait interrogateur. Il alla se placer aux côtés d'une jeune beige (Ceresia), sans mot dire.

Un large sourire s'empara des lèvres de Vagabond en constatant que c'était sa nièce qui avait lancé l'appel. La fierté gonfla son coeur et des étoiles tintèrent ses yeux tandis qu'il passa près d'Aventura sans qu'il ne la reconnaisse vraiment, n'ayant d'yeux que pour la fille de sa demi-soeur.

Et finalement la rouquine dut se frayer un passage entre les chevaux déjà présents. Elle n'aperçut pas tout de suite sa meilleure amie qui semblait hésiter. Elle se faufila tant bien que mal pour pouvoir se placer près de Hooker. Elle lui lança un regard interrogateur, mais se tut, reportant son attention sur l'Assemblée qui venait de se former.

Son appel fit son petit effet au fur et à mesure des minutes. Au début, la sorraïa était persuadée que cela serait dans le vent, que personne ne viendrait, peut-être parce qu'elle s'était trop éloignée des terres les plus fréquentées - ce qui en soit n'était pas faux. Elle demeurait sur ce petit promontoire, afin d'observer chacun arriver, et eut un pincement au coeur. Pincement dont elle seule connaissait la raison. Elle vit bien des visages familiers s'annoncer ici, et aussi beaucoup qu'elle ne reconnaissait pas. Elle prit le temps d'afficher chaque visage, chaque regard, comme en guise de salutation. Parce qu'ils étaient peut-être tous la liberté de demain, le vrai visage de GS.

Elle patienta encore quelques instants, jusqu'à ce que finalement, ce soit Hooker qui fasse une entrée plus ou moins théâtrale. Elle aurait du se douter des futurs complications dues aux conflits entre royalistes et anarchistes. Peu importait. Finalement, ils avaient tous le même but : faire en sorte que leurs terres ne tombent pas aux mains des ces voleurs, de ces parias. R n'était de base pas une très grande oratrice ; elle n'avait pas les facultés d'Akan sur ce point. Mais peut-être que aujourd'hui, une partie de sa mémoire l'accompagnait, parce qu'elle se sentit le courage de prendre la parole devant autant de personnes.

« Beaucoup d'entre vous ne me connaissent pas. Je m'appelle R. Si je suis ici aujourd'hui, c'est parce que la situation m'y oblige, et que si ce n'était pas moi, ce serait certainement l'un d'entre vous qui serait à ma place. » entama-t-elle, faisant sa voix la plus claire possible, afin que chacun l'entende. Son regard balayait l'assemblée, avant de se poser, quelques secondes de plus, sur celui de Hooker. « Si je suis ici aujourd'hui, c'est également parce que malgré les conflits qui ont pu régner sur GS depuis quelques temps, nous avons une menace qui pèse au-dessus de nos têtes. Qui nous concerne tous, et que vous connaissez déjà sûrement pour la plupart d'entre vous. » Bien entendu, il s'agissait de ces êtres venus de nul part pour leur prendre tout. Peu importe de quel camp ils étaient chacun, c'était une partie d'eux qu'on voulait leur voler.

Elle laisse un silence se faire, court mais éloquent. Silence également durant lequel elle détourna son regard de l'appaloosa, contemplant des visages plus familiers, même des visages d'enfants. Le visage de l'avenir, d'autres du passé, d'autres encore en plein âge d'or. Comme elle l'était elle-même. « Les parias. Ils veulent s'emparer de tout le pays, et ce par le prix fort. Chacune de leur victoire fait progresser leur conquête des terres, et ils ne s'arrêteront pas là. Ceux qui ne rejoindront pas leur cause seraient punis de la peine capitale. » Son regard est grave, s'assombrit, se densifie. Elle jette un rapide coup d'oeil à l'horizon, vers ce royaume qu'ils appelaient le Royaume des Ombres. « Nous devons agir, les arrêter avant qu'ils n'aient pris l'avantage sur nous. Leur puissance est réelle, ne les sous-estimez pas... C'est pourquoi aujourd'hui même je vous ai appelé, pour vous inciter à riposter. Pour vous inciter à ce que NOUS ripostions. Avant qu'il ne soit trop tard. » Et maintenant,
elle se tut, laissant la parole à qui le voudra.

Lov s'est glissée dans le fond. Dans l'ombre. La lionne observe l'attroupement depuis les abysses, comme ces poissons des bas-fonds. Elle a entendu l'appel de R et y a répondu, ne se montrant pourtant pas tout de suite. Petit à petit, des têtes connues et d'autres inconnues viennent se rassembler. Elle les détaille tous, attentive, jusqu'à-ce que Hooker arrive et éclipse tout le monde. Elle sent ses muscles se tendre mais elle ne bouge pas. Essaiera-t-il encore de la tuer ? Elle s'en moque.
R prend la parole et c'est à ce moment-là que la dunalino sort de sa cachette, s'avançant, frôlant les épaules de certains, sans les voir réellement. Elle écoute la jeune sorraia, qui a raison. Pourtant, Lövojka ne répond pas. Ce n'est pas une oratrice. Elle hoche simplement la tête à l'égard de R, se sentant liée à elle d'une façon plus forte encore depuis qu'elles avaient partagé le moment funéraire de Akan. Ses yeux noirs se déplacent sur la foule qui l'entoure pour capter les réactions et s'arrêtent, indéniablement, sur Hooker.