/ sans une brume

/ LÖVOJKA


Elle se fond dans le brouillard comme si elle en était faite. C'est peut-être le cas, au final. Dans la brume, elle n'est qu'un sillon incandescent, un feu follet doré qui file, sans s'arrêter.

H O O K E R

Cela faisait des mois qu'il n'avait pas senti ces effluves sucrées et sauvages. Il pensait rêvé, halluciné plutôt, on ne savait pas vraiment à quoi on pouvait être en proie dans ces vallées mystérieuses. Mais Hook veut s'en assurer, que ce n'est pas elle, que son corps réagit inutilement, secoué de violents frissons à la fois doucereux et répugnants. Alors il suit inconsciemment le sillon de l'odeur entêtante déposé ci et là, jusqu'à ce que ... Lov ?

Même s'il s'était bien douté que c'était d'elle qu'il pistait la trace, que son odeur n'avait pas disparu de son subconscient, il n'en reste pas moins surpris lorsqu'elle pivote pour lui faire face. Il ne parvient pas à déterminer si c'est une agréable ou désagréable surprise. Les bons souvenirs bousculent les mauvais pour refaire surface les premiers. Il se souvient du gout de ses lèvres, du parfum de sa peau, de ses muscles qui vibraient sous et contre les siens, de ses râles de plaisirs à la fois langoureux et sauvages. Il se souvient aussi de cette attraction semblant être indépendante de leur volonté, bien que tout les opposaient, tout les attiraient à la fois. Il se souvient aussi encore de la facilité avec laquelle ils pouvaient discuter, sans se sentir juger. Surement ce qui avait éveillé sa curiosité et son intérêt dès leur première rencontre. Dit comme ça, cela aurait pu sonner comme des retrouvailles parfaites, intenses, passionnées, enivrantes. Mais les mauvais souvenirs reprirent eux aussi leurs droits et s'imposèrent, brutaux. Il n'avait pas oublié qu'elle s'était dressée face à lui aux côtés de son frère pour le faire chuter, pour lui arracher ses terres et son trône. Même si cela faisait parti des choses qui les opposaient et qu'il avait sur le moment trouvé cela excitant de se confronter l'un à l'autre, ils ne pardonnaient pas aux anarchistes et tout leurs protagonistes l'anéantissement des royalistes. Tout son être criait vengeance. Et surtout elle était partie, disparue, envolée. Non pas que son coeur s'en soit retrouvé brisé, il l'aurait oublié, extrait de sa mémoire, si seulement elle n'était pas partie avec une chose qui lui appartenait : leur enfant.
Son encolure se redresse et ses muscles se tendent tandis que son regard s'assombrit. Elle fait naitre des émotions contradictoires, qui se heurtent et se bousculent, comme toujours. Son nom sortant de sa bouche l'électrise. Il quitte néanmoins son visage du regard pour arpenter rapidement les alentours des yeux. Il ne semblait y avoir qu'eux. Sa mâchoire se crispe. Tu es seule ? demande t-il d'une voix rauque.

Elle détaille ses formes, ses courbes, qu'elle connait si bien, comme si elle les avait imprimé directement dans son cerveau. Elle n'a rien oublié et, en dépit de ce qu'elle pourrait prétendre, elle n'oubliera jamais rien. Elle l'a dans la peau. Elle a envie de l'effleurer, de reprendre une danse qu'ils ont si bien enchaînée, il y a un siècle, lui semble-t-il. Pourtant, la lionne ne bouge pas. Friande de voir ce que ces retrouvailles peuvent amener, elle garde un contrôle brillant. Comme toujours. À sa question, elle joue l'ingénue. Elle regarde elle aussi aux alentours, faisant mine de ne pas savoir de quoi – de qui – il parle. Elle s'approche d'un pas, un sourire provocateur aux lèvres. « Tu crois que j'aurais ramené une de mes conquêtes pour te faire de l'ombre ? » fait-elle d'une voix à la fois rauque et féline, attirante et dangereuse. Elle joue avec le feu en se moquant de lui ouvertement, sachant très bien qu'il parle de l'enfant. Elle secoue sa crinière de nacre, se rapprochant encore d'un pas. « Depuis mon départ, je n'en ai pas trouvé un qui soit à ta cheville, alors... » fait-elle avec désinvolture, pour le flatter – c'est la vérité, pourtant.
Et puis, elle n'a besoin de personne. Ou de personne d'autre ? Elle reste persuadée que tout les oppose, que jamais ils n'auraient dû s'allier aussi intimement, que rien ne pouvait prédire ça – et que c'est justement la raison pour laquelle ils seront capables d'accomplir de grandes choses ensemble. Parce que ça n'est pas prévu. Parce que rien ne laissait entendre qu'ils puissent cohabiter, que leurs âmes puissent s'enrouler de la sorte.

Il l’observe approcher avec une certaine réticence. Jusque là il se contrôlait, mais il n’était pas certain de se maintenir jusqu’au bout si elle venait à amener son visage à hauteur du sien. Il avait besoin d’informations, avant de déraper et se laisser aller à sa rage. Hook ne fait pas de pas dans sa direction, restant parfaitement immobile bien que ses muscles se tendent à lui en faire mal. Son visage est crispé, son regard à la fois brûlant et glacial. Il passe sa langue entre ses dents, lèvres toujours scellées, lorsqu’elle joue avec lui, se moque lui. Il serre, fort, son propre sang commence à inonder sa bouche. Il n’allait peut être pas réussir à se contenir du tout si elle continuait sur cette voix là. Une fois que la vague d’impulsivité qui l’avait assaillit fut passée, il libère sa langue endoloris et blessée pour se mettre à sourire, ses dents rougies par son sang. Un sourire un peu fou, un sourire un peu sombre. Il crache à ses sabots, désinvolte, insolent. J’en ai rien à foutre de qui tu baises ou de qui tu baiseras. Où est mon enfant ? tranche t’il, sa voix rauque et enjôleuse n’est plus, elle a cédé sa place à la rancoeur et l’amertume.

Elle voit ses dents rougies. Il saigne, s'est fait saigner, peu importe.
Elle a déjà goûté à son sang ; elle l'a adoré. Elle aurait envie de le goûter encore, mais patience... Elle fixe ses lèvres, en passant sa langue sur les siennes. Rien qu'à s'imaginer.. Elle divague déjà.
Sa mâchoire se resserre, elle se reprend. Du moins, essaie. Lorsqu'il crache à ses pieds, elle ne s'offusque pas et lui offre un sourire effronté. Insolente.

Elle sent la colère faire vibrer sa voix et comme rien ne tourne rond chez elle, ça l'excite. Son sourire s'agrandit et elle se rapproche d'un pas, ses grands yeux noirs devenant deux vis prêtes à se planter dans les prunelles de son interlocuteur. « Ton enfant ? » demande-t-elle en inclinant la tête, sa voix presque chétive et naïve contrastant avec son comportement. Une voix enfantine, une attitude monstrueuse. « Je pense qu'il est mort. Tu sais, comme je suis née d'un inceste, tous mes gosses ont la probabilité d'être défaillants, eux aussi. Lui, il était aveugle. » Alors, elle l'a abandonné. Comme Salem, qu'elle sait mort aujourd'hui. Elle a annoncé tout ça sans l'ombre d'un remords, sans une once d'émotions et espionne juste les réactions de l'appaloosa avec précision, se préparant à bondir s'il lui saute à la gorge.

Cette insolente folie qu'il voit dans son regard l'embrase. Autrefois, cela aurait embrasé la passion irraisonnable qui les avait uni. Aujourd'hui cela embrasait la rage qui n'avait de cesse de l'habiter depuis des jours, des semaines, des mois et plus encore. Depuis ce jour où on lui avait pris ce qui lui était cher. Il ne laisserait plus rien ni personne lui prendre quoi que ce soit.
Elle approche d'un pas, lui reste immobile mais son corps vibre, vibre sous le coup de la colère maintenue en cage. Ses oreilles s'enfouissent dans ses crins fins et ses dents se dévoilent, tel un prédateur. Il se rappelle aussi qu'avant, il ne se laissait pas ainsi atteindre. Il riait de ses adversaires, quel qu'il soit, se jouait d'eux, se moquait d'eux, flirtait avec eux et se battait avec eux avec plaisir et désir. Aujourd'hui, il est trop rongé par la rage et la haine qu'il en oublie tout ça. Ce combat avait laissé des marques sur sa peau mais les cicatrices laissées sur son âme étaient bien plus ancrées, bien plus difficiles à soigner.
Un fils. Il avait eut un fils. Encore un, encore un qu'il ne connaitrait jamais. Il n'entend pas les mots après que la mort soit sorti de sa bouche. Il voit ses lèvres bougées mais il n'y a plus aucuns sons qui filtrent dans ses oreilles. Plus rien. Le néant. Et lorsqu'il sort enfin de son mutisme, c'est pour se jeter sur elle, dents en avant, sa mâchoire cherchant à se refermer sur sa gorge.

Hooker : 13pts
Lov : 8 pts



Elle ne s'y attend pas ; c'est vrai. Tellement longtemps qu'elle ne s'est pas battue, elle ! La dernière fois, à bien y réfléchir, c'était contre lui.
Elle ne voyait que lui, ce jour-là. Rien d'autre n'importait, pas même Isildure. Pas même les autres anarchistes à ses côtés, devant elle, derrière elle. Non, juste Hooker. Qu'elle avait voulu affronter pour assouvir à la fois sa colère (contre le monde entier, depuis toujours) et son désir de sentir sa peau contre la sienne. Elle se souvient de ce beau moment...
Plongée dans les souvenirs de ce combat d'antan, elle est pourtant parfaitement présente. Elle sent les dents de Hooker se refermer sur sa gorge, amenuisant sa respiration, la bloquant. Elle pousse un rugissement rauque. Celui d'un lion, d'une Reine, d'une effrontée vagabonde. Elle se débat, secouant la tête dans tous les sens pour lui faire lâcher prise. En même temps, elle lance ses antérieurs en avant pour tenter de toucher son poitrail et le faire lâcher. Le cas échéant, elle sera vite à terre, et elle le sait.

H : 11
L : 8

La sentir se débattre sous l’étau que formait ses dents à sa gorge l’excite, l’enivre. Une lueur étrange danse dans son regard, vive, flamboyante, démoniaque. Il allait resserrer davantage sa prise pour sentir plus que l’air qui lui échappait, mais goûter aussi à son sang. Elle réagit cependant et ses antérieurs viennent boxer son poitrail, assez fort pour raviver d’anciennes blessures et le faire lâcher prise en grimaçant. Il ne s’octroie pas plus de temps pour récupérer, et de ce fait à elle non plus, s’élançant dans un bon, antérieurs en avant, visant son épaule pour fragiliser ses appuis.

H : 11
L : 7


Enfin, il lâche prise. Elle n'a qu'une seconde pour reprendre son souffle à fond, elle le sait. Et ça n'y manque pas. L'instant d'après, déjà, elle le voit bondir sur elle. Toujours au sol, elle tente de rouler mais il est déjà là, son sabot comme une aiguille dans son épaule. Elle pousse un hennissement rauque, la peau se pince, se fracture. Un peu de sang goutte au sol, mais Lov s'est relevée. Légèrement boitillante la première seconde, elle tente de reprendre ses appuis au plus vite, le dévisageant avec hargne. « Tu veux me tuer, c'est ça ? Sans moi, tu ne le retrouveras jamais. » Sa voix est sifflante, essoufflée, mais elle veut insinuer le doute dans l'esprit du mâle. Elle sait où elle a laissé l'enfant. Elle seule peut le retrouver. Dès sa phrase achevée, elle se cabre de toute sa hauteur pour tenter de retomber sur Hooker, ses antérieurs boxant le vide, espérant qu'il n'ait pas le temps de se reculer.