black dog

X A N D E R

Il avait tenté de se camoufler des rayons aveuglants du soleil, ses yeux y étant encore bien trop sensibles, habitués à leur pénombre qu'ils pensaient éternelle. X s'était engouffré dans la première caverne qu'il avait trouvé, ne supportant plus la vive lumière d'autant plus renforcée par la réverbération de la neige. Neige qu'il voyait pour la première fois, et qu'il aurait aimé prendre le temps de découvrir. Plus tard, cette nuit surement.
L'étalon bicolore avance lentement dans l'eau claire, effleurant la surface de ses naseaux duveteux. Il avait été dans un premier temps déçu de ne pas trouver la pénombre qu'il cherchait, mais plus il avançait, plus il se trouvait séduit par les différentes lueurs qui se reflétaient sur les murs, lui offrant comme une espèce de danse sensuelle. Jusqu'à ce que les reflets ne finissent par se rejoindre sur le corps à la couleur d'or d'une jument non loin de lui.

Il la détaille et l’observe en silence. Il découvrait les diverses variétés des robes qui pouvaient exister, et sa robe dorée était fascinante. Elle semblait danser, se mouvoir sous les caresses des rayons lumineux, alors que la jeune demoiselle restait elle parfaitement immobile. Il ne sait pas s’il parait trop insistant, il ne s’en inquiète même pas. Il ne sait pas pas encore vraiment ce qui détermine la beauté, mais il sait que ce qu’il voit lui plaît.
Il glisse un regard curieux vers ses yeux lorsque s’immisce jusqu’à lui. Ce n’est qu’un souffle mais cela tinte clairement à ses oreilles. Bonjour. répond t’il avec précaution. Aventure lui avait appris saluer un interlocuteur qui en faisait autant. Il n’était pas habitué à ça, c’était tout autant nouveau que de voir, rejeté depuis toujours à cause de son handicap et à cause de ses crises aussi. Sûrement à cause de ses crises enfaite.
Il approche de deux pas, ne quittant pas son regard, s’y accrochant fermement, là dévorant presque des yeux. Es tu ce qu’on pourrait nommée comme étant quelqu’un de jolie ? La question pouvait paraître étrange, enfantine, le ton ne l’était absolument pas, d’un sérieux déconcertant, et d’une curiosité gourmande. Il avait soif d’apprendre, de découvrir.

(I don't forget you, je rattrape petit à petit mon retard de la semaine dernière   )

Elle ne recule pas, mais n'avance pas non plus, restant parfaitement immobile, statut d'or au coeur de lueurs cristallines. Il ne s'attendait pas vraiment à cette réponse, mais il était vrai qu'il avait remarqué, et ce depuis toujours, que les gens ne se contentaient pas souvent d'une réponse simple telle que " oui " ou " non ". Il penche légèrement la tête sur le côté, observant ses traits à la fins et forts sous un autre angle. La grande majorité, je suppose. répondit t-il mais d'un air évasif, concentré sur la contemplation de son visage, et s'interrogeant à la fois sur ce qu'elle lui avait rétorqué, pas certain que sa propre réponse soit la plus adéquate. qu'est ce que cela importait qu'on la trouve joli ou non, si lui aimait ce qu'il voyait ?
Le pie avance encore un peu vers elle, il voulait la voir à sa manière. Il ne reste que quelques centimètres insignifiants entre eux. Doucement, sans gestes brusques ou déplacés, il avance ses naseaux vers son visage, mais s'immobilise avant que le contact ne se crée, faisant au préalable glisser ses yeux dans les siens. Je peux ?

Elle le laisse avancer, approcher, frôler son visage. Il ne lit pas de méfiance dans ses yeux, mais là aussi, c'est encore tout nouveau pour lui, de pouvoir lire les émotions à travers un simple regard, un simple échange visuel. Alors peut être se trompe t-il. Mais il n'en est pas pour autant hésitant dans sa décision. La toucher, la voir autrement. X attend cependant son accord, les naseaux suspendus à quelques centimètres, millimètres, de sa peau. Suspendus dans le temps. Et ses yeux suspendus aux siens, légèrement plus clairs que sa robe, mais d'une lueur doré saisissante aux multiples nuances. Elle ne répond pas, ou ne prends pas la peine de le faire, elle se contente simplement d'agir, de créer le contact en guise de réponse. Et il ferme les yeux en tandem. Commence alors l'exploration, remontant le long de son chanfrein, ligne droite parfaite, sans fausses notes. Ses naseaux ne font pas qu'effleurer sa peau, ils la caresse pleinement, profondément. Sa peau n'est pas fine, elle est épaisse, solide. Il arrive jusqu'à son front, large et robuste. Il ne descend pas le long de ses tempes, il bifurque jusqu'à son oeil droit, lui fermant la paupière au passage de ses lèvres. Il n'est pas très grand, légèrement en amande, et dont il parvient à ressentir la malice. X glisse ses naseaux et sa bouche jusqu'à sa joue. Ronde, immense, puissante. Il aurait pu donner le détail de chacun des muscles de sa mâchoire, mâchoire qui semblait d'une expertise redoutable. Il s'attarde un peu, son souffle de ses lèvres légèrement entrouvertes se love contre sa peau. Enfin, il continue sa descente, suivant les lignes de sa mâchoire jusqu'à son menton. Petit, élégant, structuré. Cette fois il remonte, contourne sa bouche, mais passe à l'orée de cette dernière, les commissures de leurs lèvres rentrant brièvement en contact. Il aurait envie de prendre son temps ici, l'avant goût sucré qui se glissait dans sa bouche ouvrant sa curiosité et titillant sa gourmandise. Mais cela serait déplacé, n'est ce pas ? Il se fait violence, reprend ses courbes, contourne son naseau d'une douceur voluptueuse pour arriver en son sommet et venir y faire glisser les siens jusqu'à ce qu'ils soient parfaitement parallèles, son souffle dans le sien. Ce n'est qu'à cet instant qu'il rouvre les yeux, se fondant dans les siens, brulante intensité.

La proximité, leur proximité, ne semble pas la déranger, ni même la dérouter. Lui il en a l'habitude, il n'avait pas vraiment grandi avec la notion d'espace vitale, de petite bulle dont personne n'avait le pouvoir de pénétrer. C'était justement la proximité avec toute chose qui lui avait permis de survivre. Il s'était dit que si par miracle un jour la vision lui était donnée, cela serait une des choses qu'il ferait, de se construire cette fameuse bulle, zone intouchable et inatteignable, et pourtant ... Les habitudes avaient la vie dure, et aujourd'hui, il découvrait la proximité sous un angle nouveau. Il ne percevait plus les caresses de son souffle sur sa bouche de la même manière non plus. Il n'avait plus à se concentrer exclusivement sur ce dernier pour savoir que son interlocuteur s'apprêtait à parler, et qu'il devait donc écouter avec attention. Aujourd'hui cette caresse n'était plus un avertissement, c'était simplement une caresse, et il s'en délectait.
De la force. dévoile t-il, d'une tonalité supérieur au murmure mais pas non plus autant que son timbre de voix normal. Il penche lentement la tête sur le côté, léger sourire espiègle niché sur ses lèvres. Et de l'élégance. Il redresse son visage pour lui faire de nouveau pleinement face. Tu veux essayer ?