Burned

Cet endroit brille. Il a toujours brillé. Et il brillera certainement toujours. Contrairement au cœur et à l'âme d'Aegon, qui traîne sa carcasse le long du chemin menant aux piémonts. Fatigué.

L'odeur lui vient. Une odeur qui lui semble reconnaître ... un odeur comme ... familière ? Aegon lève la tête et scrute les environs. Une masse sombre et féline l'observe de loin. Ses oreilles argentée bougent d'avant en arrière. Quelque chose d'étrange s'immisce en lui ...

Il la laisse venir. À quoi bon forcer les choses ? Il seront obligés de se rencontrer, tôt ou tard.

En effet, puisqu'à présent, elle est là, devant lui. Ses yeux clignent plusieurs fois, elle le fixe sans se gêner, parce qu'elle le fait toujours. Je t'ai jamais vu, par ici.

Il sourit. C'est que tes yeux ont été dupés. Qu'il répond, étonnamment doucement. Et il lui rend son regard. Ses yeux d'onyx se posent d'abord sur le corps massif de la jument, pour terminer dans ses prunelles. Tu me rappelle la jument qui m'a mis au monde. Lâche-t-il subitement, presque nostalgique.
Tu ne crois pas si bien dire, gamin ...

Elle garde son visage fermé. La réponse de l'étalon l'agace mais elle n'en montre rien. À ses mots, elle est prise d'un doute. Et si le dernier avait survécu ? Et si c'était lui ? Non, impossible. Et si ? Elle déteste douter. Elle penche la tête sur le côté, lui offrant un sourire carnassier. C'est possible, mais si c'était le cas, tu ne garderai pas de souvenirs de moi. Elle est presque sûre que l'enfant avait encore les yeux clos, quand elle est partie. Quand elle l'a abandonné, le condamnant à une mort certaine.
Comme on avait fait avec elle. Mais elle avait survécu. Alors peut-être que lui aussi.

Il sourit. Mais tu n'es pas elle. Tu lui ressemble juste. Sa robe est plus claire et irisée que la tienne. Tu sembles aussi plus jeune qu'elle. Aucun air nostalgique dans cette courte description. Comment le pourrai-t-il alors qu'elle n'a pas eu le courage de rester pour l'élever ? Alors qu'ils ne se sont connu que l'espace de quelques mois et qu'ils n'ont rien construit ensemble ? Je suis Aegon.

Lov est intriguée, c'est vrai. Pourtant, elle n'imagine pas un seul instant de qui il peut s'agir. Instinctivement, elle pense à Septenrê, sa grand-mère qu'elle n'a jamais connu. Ou peut-être s'agit-il de sa génitrice, Hel ? Elle plisse les yeux. Comment s'appelle-t-elle ? Elle n'a pas peur de demander. Au fond, plus grand chose ne la surprendrai aujourd'hui, dans cette famille de tarés. Lövojka.

Lui n'a pas peur de répondre : Maddison. Un bref silence s'installer entre les deux équidés. Mais j'ai été élevé par Maddox et Aslaug. Pourquoi cette précision ? Allez savoir. Peut-être car il n'aime pas vraiment être associé à cette jument qui l'a lâchement abandonné à la naissance. Ni à ce géniteur sans aucune once d'honneur qu'est Hooker.

Elle tressaille et ses lèvres noires laissent apparaître un sourire étrange. Un sourire féroce, entre jalousie et mépris. Maddison est ma soeur. Enfin, seulement une demie. J'en ai tellement. Son ton n'est pas fier ni familial, au contraire, sa voix est tranchante. Elle n'a jamais eu vraiment de feeling avec cette grande soeur qui s'est enfuie quand elle était encore jeune. Elle sait juste qu'elle lui ressemble, physiquement par sa musculature, psychologiquement par ses démons et son côté instable. Je ne t'avais jamais vu au Nord, avant, c'est pour ça que j'te disais ça. Mais soit. Elle qui n'a jamais été élevée dans un esprit de famille unie, elle garde une loyauté étrange et incompréhensible pour le Nord. Son Royaume, même si elle est une princesse déchue, qui n'a jamais mérité aucun titre ni aucune attention. Fille de rien au sang royal.

La réaction de Lovojka le fait sourire. Alors elle aussi ne ressent rien d'autre que de la colère vis à vis du colosse d'or. Ça lui fait plaisir. Plaisir d'enfin rencontrer quelqu'un qui ne peu pas encadrer sa génitrice. Elle n'est rien d'autre qu'une épine dans ma chair. Informe le mâle, en reportant son attention sur le paysage. Elle m'a enfanté, elle s'est barrée en me confiant à mes parents. Je n'ai rien à voir avec elle. Il est aisé de ressentir sa colère dans sa voix. Même s'il a apprit à la maîtriser. Tu ne m'a jamais vu tel que je suis aujourd'hui. Autrefois, ma robe n'était pas ce qu'elle est devenue.

Elle ressent sa colère parce qu'elle a toujours porté la même en elle. Au moins, elle t'a laissé à quelqu'un, toi. Elle lui offre un sourire carnivore. Elle, on l'a laissé à personne. Peut-être seulement accompagnée du seul espoir de mourir très vite. Ce qui n'avait pas été le cas, bien sûr. Elle hausse les épaules, au fond, elle se fiche de savoir depuis combien de temps il est là et d'où il vient. Pourquoi es-tu revenu ?

Le choix des parents pour leurs enfants à toujours été quelque chose qu'il n'a jamais compris. Il fait donc l'impasse sur la réflexion qu'elle lui envoie. Ou presque.J'ai pas choisi. Mais en un sens, oui, il est bien tombé. Il a été aimé, choyé. Bien élevé. Malgré son caractère à la con. Pour Bailey. C'est simple, clair et concis. S'il est ici aujourd'hui, c'est pour elle et uniquement pour elle. Point.