- désespoir

A chacun de ses pas, des craquements fissurent son coeur. A quoi sert de gagner sa liberté lorsqu'on n'a plus de lieux pour l'exercer ? De lieux..viables. On pourrait assimiler le paysage qui s'offre à lui aux terres qu'il a toujours aimées et défendues, pourtant tout est différent. Cette sécheresse n'est pas normale. Cet endroit n'est pas normal. Lui qui connait presque la totalité des territoires de GS, celui-ci ne lui dit rien. Ou peut-être ne le reconnaît-il simplement pas..? Le jaguar ne cesse de marcher, avec lenteur et nonchalance, seule forme de vie dans ce désert hostile.

L'alezane faisait sa petite tournée pour soigner les combattants. Sa propre épaule la faisait souffrir depuis qu'une pierre coupante s'y était enfoncée, mais à présent, la blessure était couverte de cataplasmes et la roche avait été retirée. Et si elle avait mal alors qu'elle n'avait pas combattu, elle n'osait pas imaginer la douleur des guerriers.

Ses postérieurs lui arrachent les tripes à chaque pas. Les muscles de sa croupe semblent tellement endoloris, c'est comme si son corps entier était prit de crampes. Il s'arrête, son arrière train commençant à se baisser lentement, refusant d'avancer davantage. Les deux jambes qui y sont reliées se mettent à trembler et se plient délicatement. Le jaguar s'allonge, n'y tenant plus.

H O O K E R
(je supprimerai mon autre message quand on pourra le faire)

Il le piste, depuis quand, il n'en sait rien. Il a sentit sa présence aux galeries, mais il a surtout ressentit son absence, sa fuite, son désarroi, sa peine. Hooker n'avait pas besoin d'entrainement pour retrouver son frère, il n'avait pas besoin de se concentrer outre mesure sur tout ses autres sens en éveil depuis la perte de sa vue. L'appaloosa avait juste besoin de se laisser guider, un lien psychique les unissait, ils étaient une part de l'un et de l'autre. Hook ne se focalisait sur rien d'autre que sur Asmund, si bien qu'il ne faisait ni attention à ces sols qu'il foulait qu'il ne connaissait pas, ou bien plutôt qui étaient méconnaissables, il ne fit même pas non plus attention à la présence de sa douce. Enfin l'odeur d'Asmund se glissa dans ses naseaux, il n'était plus très loin. ASMUND ! hurla t-il pour que son cadet le guide jusqu'à lui.

La guérisseuse sentit l'odeur du sang s'immiscer à ses naseaux, si bien qu'elle se mit à pister l'odeur du blessé. Un blessé qu'elle avait déjà rencontré. Son odeur fut bien vite mêlée à celle d'un autre mâle plus familier. Hooker et Asmund apparaisse bien vite dans son champ de vision. Elle entend l'aîné hurler son nom, si bien qu'elle prend le galop malgré la douleur lancinante de son épaule. Elle s'approche du blessé et elle installa ses paquets de plantes autour de lui. Elle en se préoccupait pas non plus de son mec, trop concentrée. Asmund, c'est Phoenix. Je suis là pour t'aider.

L'entier redresse la tête en entendant son prénom, et surtout, la voix de son frère. Il plisse les yeux pour tenter de discerner quelque chose, mais soupçonne son esprit de lui jouer des tours. La chaleur floute l'horizon mais malgré ça, il voit apparaître deux tâches sombres dans son champ de vision. Il reprend espoir. Son frère est là, tout près. Il n'est plus seul. Ils vont se retrouver. Mais face à la fatigue et à son affaiblissement, Asmund est obligé de reposer sa tête au sol. Le moindre de ses mouvements lui tord les tripes. Ses paupières se ferment en attendant impatiemment que les deux silhouettes approchent..
..Phoenix. Je suis là pour t'aider. il se réveille lentement et tente d'ouvrir ses yeux asséchés. Les deux têtes qu'il parvient à discerner lui arrachent un sourire douloureux. Son valeureux frère, Hooker ; et une jument rousse, celle qui s'appelle Phoenix. C'est donc elle ta copine vieux frère ? Bien joué. L'appaloosa ne dit pas un mot et referme ses paupières, trop faible pour lutter davantage.

Il n'entend pas de réponse et cela l'angoisse. Il sent son coeur s'emballer, s'accélérer au point que le débit de sang dans ses veines lui en donne mal au crâne. Il accélère le pas, passe au trot puis au galop, se moquant de chuter sur un obstacle. Il se livre alors totalement à son odorat, pistant l'odeur de son frère pour le guider jusqu'à lui. Puis s'immisce celle de Phoenix. Cela ne le rassure pas. Si les deux sont ensemble et que son cadet reste silencieux, c'est que l'alezane est là pour faire son job. Non ... Enfin il entend la voix rassurante de Phoe' et il ralentit, pour approcher plus doucement et ne pas la gêner. Il tend les naseaux en avant, pour ne pas non plus écraser son frangin. Il le touche et lâche un soupire de soulagement. Il l'a retrouvé. Mais dans quel état ? Heureusement Petit Prince que tu n'as plus tes yeux pour voir ça. Ses naseaux trouvent les siens et il souffle un air chaud à l'intérieur. Mon frère... murmure t-il. Phoenix, dis moi que tu vas y arriver, qu'il va s'en sortir. Il ne pouvait pas en être autrement. Im-po-ssible. Hook fait courir ses naseaux le long du visage du jaguar, remontant jusqu'à sa nuque et arrivant à la ligne de son encolure, il se positionne ainsi pour se coucher derrière lui. Délicatement, il cherche de nouveau son visage et le place sur ses jambes.

La rouquine, concentrée, s'alarma en le voyant si faible. Plus rien n'avait d'importance maintenant, son patient avait besoin d'aide. Et lorsque Hooker arriva, elle se tendit. Son stress monta d'un coup, les deux comptaient sur elle. Elle aurait voulu lui dire de s'en aller, mais elle savait qu'il lui en voudrait. Et il serait là pour son frère. Hooker, tais-toi, j'ai besoin de concentration. ordonna-t-elle. Elle se mit à l'examiner rapidement, évaluant les dégâts et prenant mentalement des notes.

Bien que ses paupières soient closes et son corps fatigué, Asmund ne dort pas pour autant. Il écoute les échanges des deux équidés, ressent les mouvements bienveillants de son aîné et attend impatiemment les résultats de l'analyse de la jument. Soigne-moi je n'en peux plus.. Ses blessures le brûlent tant, il a l'impression que son corps est recouvert d'hématomes. Lorsque Phœnix ordonne à Hook de se taire, le jeune félin affiche un fin sourire, pensant qu'Hooker le verrait et serait un peu plus rassuré mais..

Hook aurait fusillé Phoenix du regard s'il avait pu, mais se contenta juste d'afficher l'étape suivante : un léger rictus en coin de bouche, toujours amusé face à son tempérament flamboyant. Mais il n'était pas rassuré pour autant, au contraire, le fait qu'elle ne lui apporte aucunes réponses ne faisait que décupler ses craintes. Il se sentait d'une inutilité déconcertante depuis sa cécité, et cette sensation n'avait jamais été aussi accablante qu’aujourd’hui.

En ouvrant ses paquets de plantes, elle fut satisfaite de voir qu'elle vait tout ce qu'il lui fallait. Elle tria le tout et fit un tas d'herbes fortifiantes. Mange ça, ça a un goût affreux, mais ça va te redonner des forces. Sur ces mots, elle se mit à penser ses plaies avec tes cataplasmes huileux. Lorsque le tout fut en place, elle se recula. J'crois que ça devrait aller. Il a juste besoin de repos. dit-elle à l'aîné. Soulagée, il ne lui restait plus qu'à attendre.

Asmund obéit docilement et avale ce qu'elle lui donne. Il grimace en obtenant la certification de ce qu'elle vient de dire mais ne se plaint pas ouvertement. L'appaloosa est calme et laisse Phœnix faire son boulot. Lorsqu'elle s'arrête, il en déduit que c'est terminé. Il ouvre les yeux et sourit à la rousse. Merci beaucoup. Il se redresse légèrement, osant s'appuyer sur son frère pour pouvoir les regarder tous les deux, mais ne prenant pas le risque de se relever. Il toussote encore légèrement avant de reprendre, Il faut qu'on s'unisse. Un maximum. Pour survivre à ce chaos. Il pivote la tête vers son frère et se fige brusquement. Ses yeux semblent perdus dans le vide, comme incapables de fonctionner.
Il est.. aveugle ? Asmund déglutit péniblement avant de reprendre son calme, malgré la nouvelle fracassante. Putain de merde.. Il imagine aisément la sensation d'incapacité que doit éprouver le redoutable guerrier maintenant qu'il lui manque une arme indispensable... Alors il ne souhaite pas remuer le couteau dans la plaie davantage en lui demandant des explications et même, en le plaignant. Le jaguar donne un coup de museau amical au Roi déchu. Hey, va falloir s'y habituer mon vieux. J'aimerais bien t'accompagner dans ce nouveau combat.

L'attente est longue et insupportable, et lorsqu'enfin Phoenix l'informe que son petit frère allait s'en sortir, il ne peut retenir un long soupire de soulagement. La voix d'As lui arrache un frisson. Le sentant prendre appui sur lui, il contracte ses muscles pour qu'il puisse le faire plus aisément. L'idée d'unisson de son père n'est pas stupide, au contraire et il sait pertinemment qu'il a surement déjà un plan en tête, des noms à lui donner. Mais un silence de plomb se fait. Hooker se rend compte qu'il avait gardé "le regard" rivé droit devant lui en attendant le verdict, et qu'il n'avait pas tourné le visage vers Asmund et Phoenix depuis. Il s'exécute. Son frère n'était pas au courant de sa cécité, ils ne s'étaient pas revus depuis, Hook n'avait pas pu aller à leur rendez vous fixé sur la plage, se faisant massacrer à ce moment là. J'y travaille. confie t-il au tacheté, un mince rictus éphémère et amère sur la bouche. Il avait beaucoup de mal à s'y faire, en réalité. Mais le soutien de son cadet le touche, profondément. Hook souffle un air chaud en posant ses naseaux sur le garrot du jeune mâle, pour le remercier, acceptant ainsi aussi son offre. Va falloir que tu t'habitues à ce que je te tripote   rétorque t-il, recouvrant rapidement sa malice naturelle. Il redresse la tête vers Phoenix, un petit sourire malin aux lèvres, la voix exagérément plus rauque et suave. Toi aussi Bébé. Il sourit encore. Il essayait de ne pas se laisser abattre, il en fallait plus pour le mettre à terre. Hook pivote une oreille attentive vers Asmund. Je sais que tu as déjà des personnes en tête quand tu parles d'union.

La jument alezane répondit aux remerciements d'Asmund par un léger hochement de tête, accompagnée d'un petit sourire. Elle restait silencieuse en voyant les deux frères agir ensemble. Elle fut touchée par leur complicité. Ça lui rappelait les bons temps avec son frère, décédé maintenant, ce qui la fit sourire. Et puis, lorsque son copain la taquina, encore, elle vint lui tirer une mèche de crins. Encore. Bon, celle-là en fait, elle s'y attendait. Et cette fois, pas question de se sentir toute gênée devant la famille de son bel appaloosa, non, elle va lui rendre la pareille. J'y suis déjà habituée voyons. rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel. Puis, elle reprit son sérieux et porta une oreille attentive à la suite.