fallen skies

Il poussa un léger grondement à sa première remarque, refusant en bloc de l'admettre même un couteau sous la gorge. Il trempa ses lèvres dans une flaque qu'il espérait remplie d'eau potable, probablement laissée là par l'une des dernières rares pluies. Il grimace en sentant le liquide lui brûler la gorge au contre-coup. « Pas quelque chose de franchement utile. » Et puis il cracha un peu plus loin, souhaitant retirer ce sale goût de sa bouche.

Bailey ne peut empêcher un petit rire de franchir la barrière de ses lèvres en voyant sa tête lorsqu'il consomma ce qu'il avait trouvé. Elle ne s'inquiète pas vraiment que cela puisse le rendre malade, comme si il était une espèce d'entité intouchable.
D'un habile coup de rein, elle se relève, chose qui deviendrait difficile dans les mois à venir   Elle se met aussi à chercher, hasardeusement, jusqu'à tomber sur une touffe d'herbe masquée par les cendres. Elle redresse fièrement l'encolure et tourne le visage vers Aaren. Tu vois, tu serais perdu sans moi. Elle se met à rire avec légèreté, et l'invite à la rejoindre d'un signe de tête. Aussi maigre ce repas soit-il, elle allait le partager avec lui.

(1 pts pour Bailey, 1 pts pour Aaren )
   

Il entendit son petit rire amusé, quelques pas plus loin, et sa première envie fut de lui balancer une petite pique histoire de sauvegarder son ego, mais il se retint. Finalement, cela lui communiqua même un fin sourire. Lorsqu'elle prend la parole, il s'orienta vers elle, trouvant ce goût bien trop prononcé et coriace. Il s'approcha alors, une sorte de moue boudeuse sur le visage. « Merci. » fit-il simplement, un peu bougon, avant de prendre sa part du gâteau. Parce qu'ils souffraient tous de la faim.

Elle ne le taquine et provoque pas plus lorsqu'il la remercie, se contente de déguster sa part du festin. Cela ne la rassasia pas, mais cela suffirait pour quelques jours. Une angoisse la prend. Elle allait devoir redoubler d'effort pour trouver des vivres d'ici quelques semaines, non pas pour elle, mais pour l'enfant. Leur enfant. Elle ne voulait pas mettre le sujet sur le tapis, pas aujourd'hui, mais trop tard, elle l'avait en tête. Elle redresse l'encolure, glisse un regard vers Aaren en se pinçant les lèvres, sans savoir comment aborder le sujet. Y avait-il une manière de l'aborder ? Aaren... commence t-elle, hésitante. C'est quoi la suite ? Tu.. tu veux faire partie de sa vie ?

Les questions fatidiques commencèrent à tomber, et Aaren n'était pas prêt à y répondre tout de suite. A vrai dire, cela ne lui avait pas encore traversé l'esprit, et lorsque Bailey posa la question, il ancra son regard dans le sien. Comme s'il lui reprochait quelque chose dont ils avaient été les auteurs, tous les deux. « Et toi ? » C'était plus simple de tout renvoyer vers elle. Et en plus, il en saura davantage sur ce qu'elle souhaitait. ET il gagnera du temps.

Le regard qu'il pose dans le sien l'électrise, sans que cela lui procure le plaisir ressentit tout à l'heure, au contraire, cela la pique au vif. Et c'est d'autant plus renforcé lorsqu'il se soustrait à sa question en la lui renvoyant. Il était trop tôt, elle le savait, mais là tout de suite, elle se sentait le besoin de savoir, d'être éclairée. Ce n'est pas à moi de décider à ta place si tu veux être un père pour ton enfant ou pas. Il n'était pas question d'elle ici, pas question d'eux non plus, si un maigre eux pouvait bien exister.

« J'veux dire, tu veux être une mère, toi, pour lui ? » s'enquit-il simplement, préférant préciser sa question. Parce que son avis sur la question du père importait peu pour Aaren, comme l'avis du reste de la population. Même si Bailey avait un tant soit peu plus d'impact sur les décisions de l'isabelle. « J'ai jamais été père... » souffla-t-il simplement, comme un murmure lointain. Jamais, jamais il n'avait eu d'enfant. Du moins, jamais il n'en avait rencontré. « Et s'il devenait comme moi ? » Sa question était ferme, mais au-delà de cette apparente, peut-être y avait-il une réelle inquiétude.

Sa questionne la désarçonne, presque choquée qu’il la pose. Et pourtant, ne venait elle pas de le faire pour lui ? Face à leur fougueuse passion, la question revenait légitiment pour elle aussi. Mais cet enfant, elle allait construire un lien avec lui avant même sa venue au monde, le porter en son sein durant de longs mois. Ce n’est pas vraiment ainsi que j’imaginais avoir mon premier enfant. confie t’elle dans un murmure. Elle pensait tomber amoureuse, former un couple fort et solide et puis fonder une famille. Mais elle se heurtait à l’amour avec plus de complications qu’elle ne l’aurait imaginé. Mais oui, je veux être sa mère.
Elle est presque étonnée lorsqu’il lui confie que cela sera son premier enfant. Elle l’imaginait bourreau des cœurs, de part son charme brut qui la séduisait tant. Bee se risque à se rapprocher de lui, effleurer ses naseaux des siens avant de glisser ses yeux jusqu’à ceux d’Aaren. Qui y a t’il de mal à ce qu’il soit comme toi ? Peut être faisait il référence à son appartenance au clan des Parias et de ce qu’il avait pu faire, des choses peu appréciables qu’il avait pu faire. Mais ce n’est pas ça qu’elle voyait quand elle le regardait, elle voyait au delà de ça. Tout n’est pas blanc ou noir, chacun possède des nuances de gris.

Sa réponse ne l'étonna pas vraiment, à vrai dire. Il n'avait jamais croisé de femelle qui ne voulait pas le poulain qu'elle portait, sauf sa sœur. Mais sa sœur, c'était une autre histoire. Alors il acquiesça de façon imperceptible. « Tu sais bien que j'ai fais des choses terribles, même si tu n'en as pas le détail. » Il la fixa d'un regard franc, d'un regard noir. Voulait-elle sciemment d'un père comme lui pour son enfant, pour leur enfant à naître ? Il émit un faible grognement. « Je t'aiderais, de près ou de loin, je ne sais pas encore, en attendant la naissance. Pour ce qui est du reste, je n'peux rien promettre. » fit-il sans que cela ne lui fasse spécialement plaisir non plus. Peut-être qu'elle ne voulait qu'un soutient ? Ou est-ce qu'elle voulait autre chose ? Plus que ça ? Mais Aaren ne savait pas encore s'il était capable de donner autre chose que de la violence aux autres. « On se revoit bientôt, prépare-toi à la migration. » Parce que lui aussi devait le faire.
Et il se casse parce qu'il faut finir les topics wala.

Oui elle savait. Du moins s’en doutait, elle n’avait pas l’âme innocente et naïve. Mais cela ne l’effrayait pas. Son père était un mercenaire, il avait assassiné des gens. Elle n’était pas une meurtrière pourtant. Bee plaque un regard déterminé dans celui d’Aaren. Il ne l’effrayait pas, il ne lui avait jamais fais de mal à elle, alors pourquoi serait il nocif pour sa propre chair et son propre sang ?
Elle frissonne lorsqu’il évoque le reste. Quel reste ? Eux ? Elle ? C’était elle le reste ? Elle n’attendait rien de lui, même pas qu’il soit là pour l’enfant si il ne le souhaitait pas. Mais elle ne pouvait nier qu’elle était irrémédiablement attirée à et par lui. Il avait ce goût d’interdit, il lui procurait des sensations de puissance et de liberté auxquelles elle avait pris goût. Il la troublait, vraiment et véritablement. Mais qu’est ce qui pourrait découler de ça, d’un eux ? Bee n’en savait rien, c’était à la fois excitant et terrifiant. Alors elle n’attendait rien, juste cet enfant, et ce lien indélébile qu’ils avaient malgré tout créé entre eux deux.
Elle n’ajoute rien, elle n’en a pas la force ni l’envie. Bailey est juste plus perdue encore, perdue dans ses envies et ses sentiments. Elle l’observe s’éloigner, restant elle immobile au cœur du chaos.