les ruines du coeur // N //

Il était une fois un étalon heureux, jeune, qui arrivait sur des terres froides et hostiles, mais merveilleuse. Il avait tout de suite su qu'il était chez lui. Ainsi, il s'y était installé et était devenu un guerrier nordique, prêt à tout pour défendre les siens. Puis fut un jour où il rencontra une belle palomino du nom d'Hélivia. Elle était la plus belle créature qu'il n'avait jamais vu. Au fil du temps, elle lui avait volé son coeur et ce fut donc comme cela qu'ils formèrent un couple heureux, rayonnant. Mais un jour Hélivia disparut alors qu'elle était pleine. Njörd tomba malade et son double qui le possédait (zombie) fit un enfant à une parfait inconnue. Et Hélivia est revenue, il a été soigné et, l'espace d'un instant, on aurait pu dire qu'ils allaient redevenir heureux et qu'ils allaient nager dans le bonheur auprès de leurs deux enfants. Mais la vie n'est pas un conte de fée.
La vie est dure, cruelle, injuste. Elle fait souffrir tout le monde, un jour où l'autre. Elle frappe au moment où on s'y attend le moins. Voilà des paroles bien sombres, reflétant uniquement la vision des choses d'un étalon détruit.
Parce que, oui, Hélivia, leur fils et sa fille ont disparus. Encore. Et ses amis sont morts. Et sa meilleure amie ne lui donne plus de nouvelles. Mais il tient bon. Il reste droit, malgré la douleur. Il a peur, peur, oui, peur de basculer du mauvais côté, d'emprunter un sombre chemin. Sans doute qu'il saura s'y faire et que les beaux jours reviendront. Mais quand ?

Les jours lui semblaient bien longs en ces terres stériles. Myosotis avait l'impression d'avoir fait le tour de chacun de ces territoires insipides. Elle lâche un petit soupir, désolée. Est-ce qu'ils étaient forcés de quitter les terres qu'ils appelaient autrefois Galop Sauvage ? Cette idée ne la réjouit pas forcément et pourtant... S'ils migrent tous, ce sera comme si rien de tout ça ne s'était passé... N'est-ce pas ?
Enfin... Le passé pouvait-il s'effacer, un jour ? Le cœur de Myosotis se serre. Non, sans doute qu'il ne le pouvait pas... Sinon, elle aurait oublié Kieser depuis longtemps...

L'étalon noir marchait. Encore. Toujours. Comme si marcher allait le soulager. Comme si marcher allait lui faire oublier sa douleur. Hélas, la vie n'est pas ainsi faite, mon grand. Il te faudra bien plus pour te guérir.

Myosotis marche toujours. D'un pas lent et traînant. Elle ne sait même plus où elle va. Elle est perdue, désorientée, fatiguée. Elle aimerait trouver un endroit rempli d'herbe avec des zones d'ombres à ne plus en finir pour s'y reposer... Mais hélas, ici, il n'y a rien de tout ça. Alors elle marche... Jusqu'à tomber nez à nez avec un inconnu. « Salut. » souffle-t-elle.

Le noiraud marchait sans rien voir, il regardait le sol. Comme dans un automatisme sans fin. Pas après pas, gauche et puis droite. Mais la vie est parsemée d'obstacles. Si bien qu'il manque de foncer dans une étrangère. Elle le salua. Et il s'éloigna. Désolé. souffla-t-il. Désolé de quoi ? D'avoir failli la percuter ou de partir comme ça ?

La dorée se fige, à la fois surprise et vexée. Pourtant, ce n'est pas dans ses habitudes de se montrer aussi facilement irritable... Si bien qu'elle hésite, doit-elle le rattraper ou bien le laisser s'enfuir ?

La vexer n'était son but. Mais il préférait s'effacer, il ne voulait pas que d'autres souffrent à cause de lui.

Myosotis décide finalement de suivre le mâle noir. Silencieusement, elle marche dans ses pas. Peut-être se décidera-t'il à la saluer à son tour.

Il se retourna. Elle le suivait. Et même si la belle et douce Lyra l'avait aidé, il n'en serait peut-être pas le cas avec elle. En plus, les phéromones qui se dégageaient d'elle l'embêtait. Quoi ?

Elle s'arrête au moment où il se retourne. « Pourquoi me fuyez vous ainsi ? » Ose-t-elle demander, après quelques minutes de silence. Elle ne pense même pas à ses chaleurs qui sont, en effet, susceptibles d'agacer de mâle.

Bien sûr, il y avait ça. Mais la présence même d'un équidé est susceptible de le déranger, quelle qu'elle soit. Son coeur solitaire ne demandait qu'à être seul. C'est pas toi que je fuis.

« Si ce n'est pas moi, alors... Qu'est-ce donc ? » demande immédiatement la dorée, curieuse. S'il ne fuyait pas sa présence, que pouvait-il fuir d'autre ?

Moi. Et mes problèmes, sans doute. lâcha-t-il avant de reprendre sa route, silencieusement. Ce n'était pas faux. Il préférait s'éloigner des autres pour ne pas blesser, pour ne pas imposer sa présence alors qu'elle pourrait être indésirée, étant donné l'ombre qu'il est devenu.

Là, il faut avouer que la dorée ne sait plus quoi faire. Elle reste immobile à l'observer qui s'éloigne. Après tout, elle ne va pas lui imposer sa présence...

Il s'arrêta brusquement, dos à elle. Il ne savait pas vraiment pourquoi il faisait ça mais... Viens.

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