Fluctuat nec mergitur.

« Fluctuat nec mergitur. »
Myosotis & ...

Elle marche entre les ruines, silencieusement. La légère brise qui se lève de temps en temps est agréable car rafraîchissante mais également désagréable car elle soulève de la poussière au passage. Les yeux bleus de Myosotis se posent un peu partout ; il ne reste plus rien des anciens bâtiments. Elle s'arrête finalement entre deux grands murs à moitié écroulés. Elle a du mal à respirer, avec toute cette poussière. Et puis... Elle essaie de faire attention, maintenant que ses flancs s'arrondissent. Elle ne voulait pas faire de mal à son petit.

R sentait autour d'elle toute l'activité qu'il y avait sur ces terres désolées. Elle sentait que des choses se passaient, que la nature suivait son instinct. Elle, demeurait à l'écart de tout ça la plupart du temps, et devait probablement être l'une des dernières femelles qui n'attendaient pas de poulain. Silencieuse comme une ombre, elle errait entre les ruines comme un fantôme du passé, des sillons creusés le long de ses yeux.

Myosotis balaye les environs du regard ; elle est certaine d'avoir sentit l'odeur d'un autre cheval. Elle n'est pas certaine que l'odeur soit récente, mais elle préfère rester sur ses gardes. La dorée s'avance alors entre les ruines, à la recherche de l'individu.

Plus entraînée à pister des individus, R avait sentis la présence de l'inconnue et allait de décombres en décombres pour la retrouver. Cela pouvait être dangereux de se promener par ici seule, surtout que c'était devenu l'un des terrains de chasse favoris des prédateurs. La grullo poussa un faible hennissement, comme pour donner un signal à l'inconnue sur sa présence. Qu'elle l'attende ou qu'elle la rejoigne.

Myosotis slalome entre les ruines, évitant parfois de justesse des objets dangereux comme des vieilles planches de bois ou bien tout simplement des bouts de roche effrités. Ses yeux bleus sont toujours en quête de la jument dont elle a sentit l'odeur. Et, alors qu'elle allait abandonner, un faible hennissement lui parvient. La dorée prend alors le trot et trouve rapidement l'autre jument. Une jolie grullo. « Salut ! » souffle Myosotis, un sourire accroché aux lèvres.

Elle trouva enfin l'inconnue, son signal ayant finalement servis à quelque chose. Pourtant, cela pouvait s'avérer dangereux de signaler sa présence de cette façon. En effet, cela pouvait attirer l'attention de prédateurs, qu'ils soient des loups ou d'autres équidés. L'apocalypse devait sûrement donner des idées à certains. « Bonjour. » souffla-t-elle à son tour, tendant un sourire forcé à l'inconnue. « Tu es perdue ? » Loin de R toutes les politesses superflues.

Durant une poignée de secondes, la surprise se lit dans le regard azuré de la dorée. Avait-elle l'air perdue ? « Non... Je me baladais, tout simplement. » répond Myosotis en plongeant son regard dans celui de l'inconnue. Et puis, il était difficile de se perdre ici... Elle avait arpenté ces lieux au moins cinq fois, si ce n'est plus. « Je m'appelle Myosotis. » reprend-t-elle ensuite, toujours aussi douce et amicale.

La douceur qui émanait de l'inconnue n'échappa pas à la grullo. Elle avait l'impression d'être caressée par le ton de voix de Myosotis, d'être bercée par la glace de ses yeux bleus. C'était agréable. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas croisé pareille douceur en quelqu'un. « Je m'appelle R. » Elle fit une courte pause avant de reprendre, n'étant pas dotée de la même douceur dont était pourvue son interlocutrice. « As-tu un groupe ? »

R. On ne pouvait décidément pas faire plus court. Au moins, c'est facile à retenir. « Oui, j'ai intégré celui de Jiyuu, je ne sais pas si tu la connais. » répond la dorée. Elle observe quelques minutes la grullo avant de reprendre ; « Et toi, tu as un groupe ? » Peut-être qu'elle en cherche un.

« Les Wiha ? J'en fais partie également. » répondit la grullo calmement, demeurant relativement impassible. Ce n'était pas pour son plaisir qu'elle avait intégré un groupe, loin de là. Tant et si bien qu'elle ne voyait qu'à peu près de qui il était constitué.

« Oui, c'est ça. » confirme la dorée, un léger sourire étirant ses lèvres. Myosotis n'avait jamais eu de soucis concernant les groupes alors elle avait rejoint les Wiha sans réelle hésitation. Et puis, elle n'avait pas réellement choisit, elle n'avait fait que suivre Jiyuu qu'elle connaissait déjà.

« Manques-tu de quelque chose en particulier ? Est-ce que tu te sens bien au sein des Wiha ? » demanda-t-elle avec franchise, l'observant droit dans les yeux, comme si cela allait l'aider à détecter le moindre mensonge.

« Je ne manque de rien. J'ai suivi une amie et mon compagnon au sein des Wiha. » réponds Myosotis, sans perdre son joli sourire. Elle ne lâche pas les yeux de la grullo. « Et toi, est-ce que tu t'y sens bien ? » demande la dorée, curieuse.

« Je ne fais partie d'un groupe que pour la migration. Si de nouveaux territoires s'établissent après l'exode, je resterai seule. » On pouvait aisément sentir la détermination dans sa voix, qui pourrait aisément passer pour de la dureté. Mais il n'en était rien. R s'était juste endurcie avec le temps.

Myosotis l'écoute avec attention. Elle ne porte aucun jugement, ce n'est pas son genre. « Je comprend. » se contente-t-elle alors de souffler. Un petit sourire se dessine avec lenteur sur ses lèvres. Il n'y avait pas de mal à vouloir faire bande à part... C'était même compréhensible.