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Phoenix avait de plus en plus de difficulté à garder le rythme, épuisée par le bébé qui lui pesait dans le ventre. La naissance approchait, elle le savait. Elle ne savait juste plus combien de temps elle tiendrait. C'est donc pour cela qu'elle souffla lorsque les Shaan marquèrent une halte pour la nuit. Enfin un peu de repos.
Du moins, ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'elle ressentit une vive douleur au ventre. Son regard chercha le père du petit. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour comprendre ce qu'il se passait. Elle venait d'avoir une première contraction. Mais elle tiendrait debout jusqu'à ce que l'appaloosa arrive. Il était hors de question qu'elle mette bas seule cette fois.

H O O K E R

L’appaloosa n’était pas très loin. Il s’était éloigné pour chercher quelque vivres, essayer de trouver un peu à manger ou même boire sans avoir à taper rapidement dans les réserves du clan. Mais il ne trouve rien. Déçu, et titillé par son ego, il ne souhaitait pas revenir bredouille auprès de Phoenix. Mais contraint de s’avouer vaincu, il revient de mauvaise humeur. Il se prend néanmoins une vague d’anxiété dans la poire lorsqu’il arrive vers elle. Hook fronce les sourcils et tourne son visage aveugle vers l’alezane. Ca va ? demande t’il sans se douter que c’est LE moment.

Phoenix se mordit nerveusement une lèvre. Il était où bordel ? Elle se mit à marcher un peu pour s'éloigner du groupe avant de tourner en rond. Nouvelle vague de douleur. Un petit grognement lui échappa et son souffle devint court. Puis, lorsqu'elle le vit revenir, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle haletait. Mettre bas la stressait, quand même bien que ce n'était plus sa première fois. J'ai... des contractions. Le bébé arrive.  articula-t-elle difficilement. Elle ne tarda pas à s'allonger au sol, libérant ainsi ses membres tremblants de son poids. Elle n'avait pas pu faire un pas de plus. Elle était prête à mettre au monde leur petit.

La brunette avançait toujours en rythme, ne s'éloignant pas trop de son clan. Le voyage avait commencé, et elle n'avait pas osé partir en exploration, toujours aussi affaiblie. Elle souffrait déjà de vive douleurs dans le corps, des douleurs musculaires. Parce qu'elle n'avait pas l'habitude de fournir autant d'efforts physiques, elle qui n'était pas une guerrière à l'origine. Elle avait fait une ronde au sein de la grande horde afin de s'assurer que tous allaient bien, mais quand elle revint vers le rassemblement de son clan, elle comprit que sa mère n'allait pas bien. Alertée, et dans un sens, paniquée, elle sentait ses membres trembler sous l'effet de la fatigue et du stress. « Maman ? » s'enquit-elle, l’œil brillant, inquiète. Etait-ce l'heure de la naissance ? Elle n'y connaissait rien en gestation.

Quoi ? Le bébé ? Déjà ? Merde merde merde, c'était parce qu'il voyait quedal qu'il n'avait pas vu le temps passer ? Le stress de Phoenix se propage jusqu'à lui et l'envahie, ce qui le tétanise.     Je euh ok, ça va aller, ça va aller. souffle t-il pour la rassurer, mais peut être plus pour se rassurer aussi lui même. Il devait se ressaisir, il avait déjà assisté sa mère, il savait le faire, il devait être le roc solide sur lequel elle pouvait se reposer dans ce genre de situation. Elle se couche, merde, l'angoisse lui tiraille les entrailles violemment. Ce n'est qu'en entendant la voix fluette et douce d'Enja qu'il parvient à se ressaisir. Doucement, il fait glisser ses naseaux le long de la ligne de dos de Phoenix pour le guider, qu'il puisse se coucher derrière elle. Le bébé arrive. indique t-il à la future grande soeur. Il pose doucement le visage de Phoenix sur ses antérieurs. Mors moi s'il le faut si tu as trop mal. incite t-il l'alezane à extérioriser sa douleur.

L'alezane restait sourde à l'angoisse de l'étalon. Elle en avait assez avec la sienne et ses douleurs, si bien qu'elle ne ressentait plus rien d'autre. Cela lui tira tout de même un petit rictus amusé, il s'inquiétait pour elle et leur petit. Son amusement n'est qu'éphémère puisqu'une nouvelle vague violente de douleur lui coupa le souffle au moment où sa première fille arrivait près d'elle. Sa présence l'apaisa un peu, elle était rassurée de l'avoir près d'elle. Elle tenait à ce qu'elle assiste à la naissance du bébé. Phoenix posa son visage sur les antérieurs de Hooker. Pour la première fois, elle n'était pas seule pour mettre bas. Tout allait bien se passer... Si ?

Le temps file et les contractions se faisaient de plus en plus vives. Elle avait l'impression de se déchirer de l'intérieur tant elle souffrait, mais il était hors de question qu'elle le morde comme il lui avait dit de faire. Ses grognements de douleur étaient devenus des plaintes déchirantes et son corps épuisé était trempé de sueur sous l'effort qu'elle peinait à fournir. Elle se fatiguait trop vite et la mise bas progressait trop lentement. Ça n'avait pas été aussi difficile pour Enja, mais cette fois, elle savait que quelque chose clochait. L'odeur du sang qui s'écoulait entre ses postérieurs flottait dans l'air. La rouquine faisait tout pour pousser un maximum au rythme de ses contractions, mais il lui semblait que la souffrance et l'épuisement avait engourdi ses postérieurs. Elle faisait tout pour y arriver, il le fallait. Elle ne voulait pas et ne pouvait pas abandonner. Non, pas maintenant. Quelque chose... ne va pas. haleta-t-elle, le regard vitreux. Il lui semblait que ses muscles n'en pouvait plus de pousser, mais, comme elle se devait d'y arriver, elle se donna un maximum. Et alors qu'elle se pensait presque perdue, qu'elle s'efforçait de rester consciente, deux petits sabots bientôt suivis par les antérieurs et le bout du museau s'engagèrent vers la voie qui menait au monde extérieur.


Qu'est-ce qu'il se passait ? Qu'étaient-ce ces secousses violentes qui la dérangeait ? Elle était si bien ici, pourquoi devait-elle être poussée vers l'extérieur ? Et pourtant, la curiosité envahi son esprit encore embrumé. Vas-y, maman. Fais-moi découvrir ce nouveau monde.

Le travail commençait. Ce n'était pas la toute première fois qu'elle assistait quelqu'un pour la naissance de son petit. Mais là, il s'agissait tout de même de sa mère. Et un stress supplémentaire l'envahit. Elle se déchirait l'intérieur d'entendre ses cris, de la voir se tordre se douleur pour mettre sa petite sœur au monde. Enja ne savait pas quoi faire, elle s'était approchée, pour au moins surveiller la progression de la naissance. Mais l'émotion et le stress lui arrachèrent des larmes. Sa mère allait mal, et cela l'angoissa au plus haut point. Il fallait qu'elle y arrive, parce qu'elle ne pouvait pas faire quoi que ce soit sans elle. Elle était encore trop jeune et attachée à elle pour la perdre. « Je vois les antérieurs... et la tête ! Le plus gros va bientôt être passé. Continue maman.. »

Ses plaintes de douleurs le déchirait de l'intérieur, et sa mâchoire se crispait à chaque nouveau cri, souffrant silencieusement avec elle d'être si impuissant, de ne pouvoir lui prendre une partie de son supplice pour la soulager. Malheureusement, ce travail, elle ne pouvait l'accomplir que seule et ils ne pouvaient que faire acte de présence pour l'encourager.
C'était long, anormalement long. Il caressait ses flancs de ses naseaux pour tenter de lui créer une petite zone de soulagement, bien que cela soit très certainement superflue et inutile. Il sentait son corps se contracter pour tenter de donner la vie, son souffle chaud et emballé sur ses antérieurs, sa peau moite. Et pourtant, s'il pouvait la voir, il savait qu'il ne l'aurait jamais trouvé aussi belle.
Lorsqu'Enja affirme voir la tête et les antérieurs, Hook réplique d'une voix calme mais rauque : Enja, tu vas prendre les sabots, doucement, et tu vas tirer vers toi tout aussi doucement à la prochaine contractions pour aider ta mère.

Phoenix prenait sur elle pour ne pas laisser la panique l'envahir, parce que, pour le moment, c'était la peur et l'envie de mettre au monde son enfant qui la tenait éveillée. Elle posa son regard en détresse sur l'étalon à ses côtés. Elle entreprit de calmer son pouls emballé par l'angoisse en sentant sa peau contre la sienne. Il était là, bien là. Elle n'était seule. Ses yeux fatigués retournèrent sur Enja. Sa fille, si belle, si douce. Elle n'aurait pas pu être plus fière d'elle.
Le moment de répit terminé, une autre contraction, violente, la secoua. Encouragée par la baie qui surveillait le tout et qui l'aidait, elle poussa encore et encore. La tête passa, bientôt suivie par les épaules et le reste du corps. Un splash se fit entendre alors que la petite chose se glissait au sol, hors d'elle. L'alezane ressentit un soulagement ainsi qu'un bonheur sans nom. Enfin. Elle prit deux ou trois secondes pour respirer avant de se redresser pour amener l'enfant à elle. Elle la libéra de l'enveloppe protectrice et lui donna les premiers soins nécessaires à la survie d'un nouveau-né tout en restant couchée contre l'appaloosa. Elle se mit à lécher la petite créature frénétiquement pendant que des larmes dévalaient ses joues et qu'elle reprenait son souffle. Enfin, leur enfant était là.

Toute secouée et propulsée vers l'extérieur, la pouliche ne tarda pas à se retrouver au sol avec une impression de suffocation. Sa mère ne tarda pas à la libérer de ce supplice et elle se sentit bien vite frottée par une langue chaude et humide. Elle poussa un couinement lors de sa première inspiration. L'air lui brûlait les poumons, mais c'était comme une douce brûlure. Une brûlure de vie. Ses oreilles qui n'entendaient au début rien se mirent à pivoter sur sa tête. Il y avait maman et d'autres personnes. Qui étaient-ce ? Poussée par la curiosité, elle ne tarda pas à se forcer à ouvrir doucement les paupières, toute éblouie par la lumière. Son esprit un peu endormi se réveilla doucement. Elle sentait le vent contre sa robe humide, elle voyait des formes et de la lumière, elle entendait des voix familières et sentait l'odeur des équidés présents. Toutes ces sensations la frappèrent avec une certaine douceur. Était-ce cela de se sentir vivante ?

Ce n'était pas évident pour la brunette qui souffrait de voir sa maman adorée dans cet état. Peut-être gardera-t-elle un mauvais souvenir de l'accouchement, se dit-elle. Elle tendit la voix de Hooker qui la ramena à la raison, et s'approcha pour aider le petit à sortir, mais la contraction arriva plus vite que prévu, et sa mère termina le travail d'elle-même. Son cœur battait fort dans sa poitrine, tandis qu'elle voyait la petite chose remuer frénétiquement, encore enfermée dans sa poche ventrale. Sa mère, sûrement guidée par l'instinct, libéra rapidement la petite pouliche - puisque s'en était une. Les larmes d'Enja se muèrent en larmes de joie, tandis qu'elle croisa le regard de sa petite sœur. Elle approcha presque timidement ses naseaux des siens, y soufflant un air chaud et doux. Puis, elle apposa une léchouille sur son museau. Bienvenue petite sœur.

Hook se surprit à retenir son souffle lorsque l'ultime contractions vient, il savait que tout se jouait maintenant et que si leur enfant ne parvenait pas à sortir, les risques de mort par suffocation allaient devenir des plus élevés. Il relâche tout, la respiration, les muscles, l'anxiété, tout, lorsque le bruit du petit corps fébrile du nouveau né heurte doucement le sol sous lui. Il ne pleure pas, ses yeux n'en sont plus capables, mais son émotion reste palpable. Il regrette, regrette tellement de n'avoir pu voir cet instant privilégié de ses yeux. Hooker reste au sol, le corps fatigué de Phoenix tout contre le sien, espérant que sa respiration calme finisse par bercer et apaiser celle encore emballée de sa moitié. L'appaloosa se laisse guider par l'odeur du sang, ramenant ses naseaux jusqu'au frêle visage de son enfant. Enfin, enfin !, il était là pour sa progéniture. Son nez, qui parait énorme à côté de cette petite tête, parcourt rapidement le chanfrein du nouveau né encore tout humide. Hook s'imprègne de son odeur, l'ancre dans ses naseaux, l'imprime dans son coeur. Alors fille ou garçon ? demande t-il aux deux filles, d'une voix basse pour ne pas qu'elle soit tremblante.