\ forest fog.

\ ORION

Le brouillard matinal s'est installé. L'enfant s'est levé, dormant dans un coin non loin des autres sans se mêler clairement au groupe immense que les équidés forment. Sa silhouette doré se mélange à la brume, où il s'amuse à être totalement invisible. Si l'on prendrait ça pour un jeu, sans doute pour lui est-ce un exercice de plus.

Une odeur vient perturber le tableau de sens hyper-développés de l'enfant. Celui-ci tourne la tête à droite et à gauche. Personne. Il se retourne, gracieux. Personne. La brume le rend invisible et fait de même avec les autres qui peuvent errer aussi à cette heure matinale. Cela excite les sens de l'enfant, qui se fond de nouveau dans la brume, son petit corps doré serpentant entre les fumées troubles.

L'enfant ne voit toujours rien. Il déambule entre les troncs qui semblent prendre vie dans la brume, effleure les buissons qui s'accrochent un peu à ses poils courts et dorés. Ses naseaux filtrent une odeur équine mais encore inconnue. Mettant tout en oeuvre pour tenter d'en trouver la source, il accélère un peu et ... marche sur la source

Soudainement, alors qu'il marche sur quelque chose de mou, cette chose se relève en un bond et grandit, grandit... jusqu'à venir le frapper dans la mâchoire, en-dessous de lui. Un peu hébété par le choc, l'enfant recule précipitamment, oreilles couchées lui aussi. C'est une pouliche, il ne l'a jamais vue et l'étudie avec méfiance lui aussi, sans dire un mot. Au bout de longues minutes, il n'ouvre pas la bouche mais redresse ses oreilles vers elle, se remettant de sa petite douleur, faisant bouger sa mâchoire pour s'assurer qu'elle est en un seul morceau.

L'autre reste silencieuse ; pour une rare fois, il ne se fait pas agresser de présentations et de mots en tous genres. L'enfant l'observe longuement, étudiant chacun de ses traits, chacune de ses courbes, sans penser que son regard, clair d'autant plus, peut gêner par son insistance. Finalement, il s'ébroue et attrape une touffe d'herbe, qu'il mâche sans mal.

Tout en mastiquant, il se rapproche d'elle jusqu'à se retrouver juste au-dessus de sa tête. Il suit son regard, se tord un peu le cou et observe le ciel et les nuages. Ses yeux clairs reviennent doucement se poser sur elle et il se couche juste à côté, mâchouillant toujours.

Elle s'est tournée vers lui et le touche. Mais Orion ne s'écarte pas. Bien que peu habitué au contact physique, il est attiré par ce dernier, y trouvant quelque chose de prenant, de fascinant. La parole lui est bien plus difficile que ça. Alors, fidèle à lui-même, il ne dit rien, lui accordant un fin sourire sur son visage fin.

Orion la surveille. Autant pour sa sécurité que, surtout, pour son apprentissage. Il l'observe, les yeux clos. Ça peut être dérangeant comme comportement, peut-être, mais Orion ne le sait pas. Les alentours pourraient paraître inquiétants, avec cette brume et ces arbres uniformes, mais il se sent bien, ici.