devil eyes (ad)

Le jeune s'était assoupi dans un lit de mousses et de lianes, au pied d'un immense arbre, dont le faîte disparaissait dans une masse végétale. Lui, n'avait pas encore l'âge adulte. Il s'était fait désiré, jusqu'au bout, justifiant le retard de croissance qu'il avait par rapport aux autres. Sa terne carcasse, svelte et démusclée, était toujours celle du petit garçon qu'il avait été. Il avait juste pris quelques bons centimètres depuis. Mahem ne se doutait de rien pour l'instant, mais il finirait par prendre les traits et la masse corporelle de son père.
Ses rêves étaient étranges Y avait toujours quelques pâles visages qui revenaient le hanter, sans jamais réussir à distinguer leurs traits. Y avait sûrement celui de sa mère dans le lot... Son sommeil était léger et la douce odeur d'un de ses congénères vint chatouiller ses naseaux. Son pouls accélère, ses soupirs se font un peu plus rauques, et Mahem ouvre les yeux. Net. Ses pupilles se rétractent violemment, même à la faible luminosité du lieu. Il reste néanmoins couché, et écoute, immobile.

Alors Mahem préfère questionner, comme à son habitude. Il émet un faible hennissement rauque, qui ressemble plus à un râle. Il se lève et s'ébroue, faisant voler quelques feuilles et insectes. Sa robe était sale et poisseuse à cause de l'humidité du lieu. Mais il aimait la jungle. Elle était une source de découvertes infinie et terrain de jeu hostile mais grisant. Le jeunot emprunte alors le sentier par lequel il était arrivé, au petit trot. Mais il s'arrête, net. Il avait failli percuter celui qu'il recherchait : l'inconnu. J'ai failli te percuter. Sa voix se fond parfaitement dans le paysage sonore et les gazouillis des oiseaux tropicaux. Son ton est neutre, c'est pas un reproche. Juste un constat. C'est Mahem quoi.

Pourquoi tu dis ça ? Mahem n'était pas sûr de comprendre les intentions de l'autre, il avait du mal à comprendre les gens de manière générale en fait. Le grullo s'écarte un peu de l'inconnu, pour mieux pouvoir le détailler.

A ses mots, la mâchoire du jeune entier se crispe un peu, involontairement. Mais il ne s'arrête pas d'observer les courbes du mâle pour autant, sans aucune pudeur ni gêne. Il aimait beaucoup trop ça, reluquer les autres. Moi aussi. Et après ?

Le regard de Mahem glissa sur la commissure des lèvres de l'inconnu. Pourquoi il souriait ? Et pour paraître encore plus étrange, le bai tendit l'encolure vers le jeune mâle. Quoi ? qu'il lance. Mais son ton était beaucoup trop calme pour contenir une once d'étonnement. Nan, sa voix était posée et mielleuse, son ton neutre et détaché.

Visiblement, cette rencontre ne lui apportait rien. Alors Mahem prend les devants et contourne le mâle, malgré l'étroitesse du passage. T'as vu des serpents ici ? Oui, il fallait que Mahem s'occupe. Il avait tendance à bien vite s'ennuyer.

J'adore les serpents, qu'il rectifie. Une lueur étrange allume son regard, et Mahem tourne la tête en direction de l'inconnu. J'aime l'idée qu'ils puissent être partout autour et nulle part à la fois. Le fait qu'ils soient parfaitement camouflés et adaptés à leur environnement, ça les rendait dangereux. Et ça effrayait et excitait Mahem.