time ago

Les années passent et rien ne changent. La bicolore marche, encore et encore. Cette même routine depuis des années. Ce silence aussi, insupportable. Face à la mer, elle voulait l'écouter aujourd'hui. Au moins pour cette fois-ci. Elle soupire. Qu.. qui est.. est là ? bégaye-t-elle, sentant un regard l'épier dans l'ombre.

Rien. Personne. Juste cette terrible impression de ne pas être seule. Mais elle le sait trop bien, il y a quelqu'un. L'odeur du sel lui pique le nez, elle serre la mâchoire en reposant ses yeux sur l'horizon ; l'inconnu se montrera tôt ou tard.

Une branche craque, des brindilles frissonnent. La petite pie tourne à nouveau la tête, ses yeux caramels glissant sur le corps noir charbon d'une jument silencieuse. Pas inconnue, d'ailleurs. Un mince rictus au coin droit de ses lèvres, elle hoche la tête en guise de salutation, reposant ensuite ses mirettes sur l'horizon imprenable.

Les vibrations des pas de la louve se font ressentir jusqu'à la pie, qui ne bouge pas d'un cil, comme par peur de la voir s'enfuir au moindre faux mouvement. Ce n'est qu'une fois à ses côtés que la dame pie plonge ses yeux ambrés dans les siens, qui semblent si vides, si tristes. Elle penche la tête sur le côté, faiblement.

La petite pie aimait bien la présence de cette demoiselle. Silencieuse, qui ne pose pas cent questions a la minute. Aussi, quand elle l'invite à marcher, Ann prend le pas près d'elle sans un mot.

Bien que silencieuse, la petite pie tourne légèrement sa tête vers la noiraude, analysant cette dernière d'un œil qui ne se voulu pas discret. A son âge, elle n'a plus de honte, de gêne pour quoi que ce soit. Mais l'aura que dégage la jument l'intrigue, et elle l'observe donc, muette.

La noiraude semble éviter son regard. Peut-être était-elle gênée par son attitude sans gêne ? Ann n'avait plus l'habitude avec ces personnalités si fragiles, mais pourtant, ce n'est pas pour autant qu'elle détourne ses yeux, osant même sourire faiblement. Nom ? demande-t-elle en un mot, ne se souvenant plus si elle lui avait dit la première fois. Les aléas de la vieillesse.

De quelques millimètres, son sourie se fait plus grand, lisant alors le nom de cette dernière sur ses lèvres. Elle est touchée de voir que malgré son âge, plusieurs étrangers et étrangères continuaient d'accepter sa présence, malgré son handicap.