Frisson

C'est pourtant un paysage qu'elle affectionne, en temps normal. Le froid lui mordait avec douleur ses membres endoloris, et elle avait plus de mal a se déplacer. Quelle idée. Et pour couronner le tout, elle n'entend pas l'orage qui gronde au loin.

Le félin, lui, l'entend très clairement. Il trottine tant bien que mal sur le sol froid et glissant, se dépêchant de fuir le nuage sombre qui s'annonce dans le ciel. Ce n'est jamais bon, la foudre sur un territoire constitué essentiellement d'eau frigorifiée.

en gros, deux fois qu'ils se tombent dessus, deux fois dans une situation merdique

Respirant calmement pour ne pas se faire agresser par le froid mordant, la bicolore continue sa route sans se douter de la tempête qui foutait le bordel dans le ciel. Malgré ses membres douloureux, elle garde un mince sourire sur le visage, la mine presque rêveuse en repensant aux anciennes terres.

t'as tout compris  

Sur l'horizon limpide et annonçant un large désert de glace, quelque chose à la vertical vient rompre la perfection de la vision de l'étalon (poète en on ). Il plisse les yeux mais est encore trop loin pour discerner la nature de la chose. Quelqu'un sûrement? Mais quelqu'un de fort inconscient, puisqu'il se dirige droit vers.. le centre de la banquise. Ne risquant certainement pas d'y trouver refuge face à l'orage qui se prépare. D'abord hésitant, Asmund finit par galoper, droit sur elle. La pluie commence à tomber.

Une goutte. Deux. Puis plusieurs qui martèlent avec légèreté d'abord le dos et le visage d'Oceaan, qui arrête sa marche pour apprécier malgré le froid. Puis, plus violemment, chose qui ne semble pas normal en de brèves secondes. Elle détourne alors son regard gourmand de l'horizon pour le jeter par-dessus sa croupe, se heurtant avec stupéfaction à un immense orage électrique étrange. Mais aussi à cette silhouette au loin, ou de prés, bref qui se rapproche quand même assez rapidement.

L'étalon manque de glisser sur la banquise glacée et resplendissante, mais se rattrape rapidement. En voyant le visage de la jument à mesure qu'il approche, il lui semble la reconnaître. Ne l'avait-il pas vue le long du flanc du volcan? Il faut nous mettre à l'abri! lui lance t-il en trépignant sur place.

j'avais pas vue ta réponse

Faisant rapidement le lien entre la course folle de l'étalon et l'imposant nuage blanc qui avance à grand pas, elle ne laisse pas ce dernier trop ralentir la cadence pour hocher la tête et partir à son tour, plus lente néanmoins. Cependant elle tente de lui coller le train pour ne pas se faire distancer, le suivant, ne sachant pas vraiment où ils se dirigent.

Bien qu'il aurait nommé fou quiconque ne l'aurait pas fait, il est soulagé de voir qu'elle le suit. Pourtant, la pie n'avance pas assez vite. Le ciel tonne dans un vacarme assourdissant et les éclairs frappent avec fureur la banquise. Plus vite! ordonne l'étalon. Bientôt, l'image d'une grotte se dessine devant eux.

Plus vite, elle aurait bien aimé. Et puis, elle voudrait l'y voir tiens, quand il aura son age ! Bientôt, son souffle fut plus bruyant, sa respiration plus douloureuse. Mais devant, une grotte. Enfin. La bicolore se jette même à l'intérieur de celle-ci, tant pis pour les petits bobos.

(elle était pas sourde? )

L'étalon s'arrête une fois à l'abri, le souffle court. Pour reprendre haleine il s'appuie contre la paroi rocheuse, le cœur battant. Il tourne un regard inquiet vers la jolie pie. Vous allez bien?

oui pk

La petite bicolore réprime un frisson suite au contact de son corps avec la banquise gelée, ainsi qu'une minime grimace causée par une légère douleur dans ses membres. Elle serre les dents, souffle un bon coup et se redresse pour faire face a l'inconnu, restant fidèle à elle-même. Souriante. Ou..oui. souffle-t-elle en réponse à sa question visible sur ses lèvres. Et.. et.. v.. vous ?

(comme ça !)

Il lui semble l'avoir déjà vue. Au piton rugissant probablement. C'est la jument qu'il a aidée pour fuir la lave. Il ne se souvient plus très bien de comment s'était terminée leur rencontre.Ça va. Il va falloir attendre que l'orage passe.

Peu à peu, elle sent la douleur s'estomper, et la petite bicolore peu désormais allonger ses membres sans que ses vieux os ne la fasse souffrir. Elle hoche la tête, observant quelques secondes l'extérieur avant de revenir sur le visage de l'étalon. De-deux fffois que v-vous me sau-sauvez la vie ?

Un sourire effleure les lèvres de l'étalon bicolore. Aussi loin que remontent mes souvenirs, je dirais bien deux effectivement. Il va falloir penser à trouver un garde du corps. s'amuse le mâle sans aucune once de moquerie, juste taquin.

Sa réplique l'amuse, jusqu'à créer ce qui peut ressembler à un rire sourd. Un infi-rr-mier oui ! une chose est sur, son corps a de plus en plus de mal à suivre le rythme. Et l'hiver s'annonce rude.