terre&mer

La jeune adulte se trouve au bord de l'eau, immobile depuis plusieurs minutes. Se fondant à merveille dans la nuit noir et ce paysage sans couleur, elle inspire profondément l'air pur, et d'un froid douloureux.

Elle le sent, ce parfum, cette présence. Un père adoptif, qu'elle n'a vue.. qu'une fois dans sa vie. Et malgré tout, l'aura qui émane de lui, comme celle d'un roi déchu continue de fasciner la jeune adulte. Bonsoir.. papa. ose-t-elle souffler, sans heurter de ses yeux le visage du grand mâle charbon, qu'elle rattrapé doucement en taille au fil de mois.

Grandir, c'était le cas. Même si aucun sang ne liait les deux chevaux, la jeune adulte tend plus à ressembler à son paternel au fil des mois. Une carrure imposante, de long crins. En silence d'abord, la louve observe son père de haut en bas, toujours aussi fascinée par ce qu'il est. Tout ce mystère qu'il dégage. Elle ose même sourire, première fois depuis ses retrouvailles avec Leio.

En pleine forme. Cette réplique fait naître chez la jument noire une curieuse sensation de nervosité, lachant même un faible rire sans laisser transparaître ce sentiment. Physiquement, elle l'est. Mentalement, elle ne savait pas si elle pouvait dire la même chose. Comme toi. elle glisse lentement ses yeux luisants vers ceux de son père, profonds. Qu'est-ce que tu deviens ?

La réponse que lui offre son père ne lui convient pas, et la jument fronce des sourcils imaginaires. Comment ça ? bien qu'elle aimait sa mère, un amour voilé, si c'était elle ça n'aurait pas été si grave. Et pourtant, elle voyait bien plus cette dernière que son père.

Cette réponse, elle l'attendait, et n'affiche aucune expression de surprise sur son visage. Bien au contraire, la noiraude serre doucement la mâchoire, plus en colère que triste, à ce qui arrivait à son paternel. Ayant toujours du mal à déchiffrer les autres, elle comprend que ce dernier ne souhaite pas s'éterniser sur le sujet, et n'en rajoute pas une couche. A son tour, elle hausse machinalement les épaules. Rien. elle suit le regard de son père, vers l'horizon. 'Fin, cette mode de devenir guérisseur ça m'a gonflé. Du coup, je préfère l’intéressée à la faune, plutôt que la flore. elle se redresse, prenant une allure fière. Et je veille bien sur Leio. dit-elle, évitant de mentionner son incontrôlable envie de le séquestrer, et de massacrer littéralement ses petites copines.

Aux paroles de son père, elle sent une vague de chaleur envahir son corps, doucement. Etrangement. Quelque chose de presque aussi fort que l'amour qu'elle porte pour son frère, mais de totalement différent. De la fierté, sûrement.
Merci.
Trouve-t-elle simplement à dire. Un mot, un seul, mais profondément sincère.

Papa..
Commença alors la jument, faisant demi-tour pour s'éloigner du bord et détacher à contre coeur son regard abyssal de l'horizon attrayant. Elle s'arrête à un ou deux mètres derrière son paternel, creusant nerveusement le sol caillouteux du bout de son sabot.
Tu connais ma vraie mère ? Et mon vrai père ?
Même si elle était certaine à cent pour cent que sa mère était décédée, la jument noire avait du mal à le croire pour ce qui était de son père.