♛ But I will lose you if I win

Elle marche le long du lac, pensive. La brise légère joue avec ses crins qu'elle soulève et repose avec délicatesse contre son encolure dorée. Ses iris verts veillent sur l'horizon. L'odeur d'un équidé flotte dans les airs, elle est surveillée, c'est certain.

Elle se sait observée et pourtant elle reste d'un calme absolu. Son regard glisse sur la surface du lac où son reflet se dessine. Un vague souvenir prend forme dans son esprit alors qu'elle approche ses naseaux de la surface.

Ancolie finit par relever la tête et se retourner pour faire face au jeune mâle qui s'est enfin décidé à sortir de sa cachette. Elle l'observe sans rien dire. Elle sent sur lui une odeur qu'elle connait bien mais ne laisse rien paraître. Sans doute un mauvais tour de son esprit torturé. Evidemment, ricane la petite voix.

Ancolie sourit devant cette question plus que directe.
- Ancolie, souffle-t-elle en retour.
Elle ne lui demande pas de se présenter à son tour ; s'il en a envie, il le fera de lui même. Pour le moment, la seule chose qui l'intéresse, c'est cette odeur qu'il a emporté avec lui.

Baïkan. Ce nom lui dit quelque chose mais elle est incapable de trouver un souvenir correspondant avec ce nom. Tu perds la boule petite, glisse la petite voix, toujours aussi agréable. Quelle chieuse celle-là. Ancolie s'efforce de rester impassible face à cette provocation débile.
- Quel âge as-tu Baïkan ? Demande la dorée.
Il faut qu'elle trouve. Qui est-il ?

Deux ou trois ans. Son cœur, bloqué dans sa prison de glace, loupe un battement. Était-il possible que... ?
- Est-ce que tu es né ici ? Rajoute la dorée.
Elle répondrait à ses questions plus tard. Pour le moment, il fallait qu'elle comprenne et qu'elle donne une réponse à ses questions à elle.

Pendant le voyage. Petit à petit, le mystère s'éclaircit. Ancolie savait maintenant d'où elle avait entendu ce nom. Sans doute l'avait-elle entendu de la bouche de sa mère, ou bien de celle de sa fille.
- Excuse moi pour les questions étranges, glisse finalement la dorée.
Il devait la prendre pour une folle. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il avait raison.

- Tout et personne à la fois, réplique Ancolie en haussant légèrement les épaules.
Elle était une mère autant qu'une inconnue. Elle était une vie parmi les autres, petite fleur bleue perdue parmi la végétation. Peut-être avait-il reconnu certains trait d'Absinthe en elle. Peu importe.
- Ne dis rien à Absinthe, souffle-t-elle finalement.
Elle ne voulait pas lui donner de faux espoirs en lui faisant miroiter la possibilité de son retour sur ces terres. Pour le moment, elle se contentait d'observer de loin. Juste d'observer.