☼ Désobéir

La dorée errait dans les bois. Elle marchait sans trop réfléchir et se laissait guider par on ne sait quel sens. L'air s'était refroidit et elle frissonnait. Elle avait donc maintenant un objectif ; celui de trouver un endroit pour s'y réchauffer. Après quelques minutes de recherches intensives, elle tomba sur l'antre des guérisseurs et elle y pénétra sans aucune hésitation. Dans l'air flottait l'odeur d'un autre équidé relativement jeune. Très jeune même. L'esprit réveillé par cette nouvelle, Ancolie pressa un peu plus son pas jusqu'à retrouver la petite pouliche. Elle était couchée au fond de la cavité et semblait douloureuse. La dorée s'en approcha donc avec précaution et se coucha contre elle pour la réchauffer et la rassurer.
- Que fais-tu ici toute seule ? Demanda-t-elle doucement.
Une pouliche aussi jeune toute seule, c'était assez curieux...

Ses prunelles brunes rencontrent les siennes et aussitôt, Ancolie comprend pourquoi elle errait jusqu'à présent dans ces bois. Son instinct l'avait guidée jusqu'ici parce qu'elle avait besoin de quelqu'un. Au moins pour aujourd'hui. Un tendre sourire prend place sur ses lèvres et elle caresse délicatement la petite encolure de la pouliche du bout du nez.
- Tu veux bien me raconter ? Demande Ancolie d'une voix douce et rassurante.
Si elle pouvait comprendre pourquoi elle se sentait si mal... Elle pourrait agir en conséquence pour soulager ses maux. Il fallait simplement qu'elle lui fasse confiance.

Une lueur amusée traverse ses iris dorés, l'espace d'un instant. La gourmandise est un vilain défaut et elle allait l'apprendre à ses dépends.
- Non, ce n'est pas grave. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Demain ça ira mieux, elle lui répond avec douceur et bienveillance.
Et pour l'aider à mieux supporter la douleur, elle se met à lui masser doucement le ventre. Une fois la digestion passée, elle se sentira soulagée.

Une lueur amusée glisse dans son regard clair. Ce moment la fait voyager quelques années en arrière, lorsque Absinthe était encore en âge d'être contre son flanc. Elle faisait énormément de bêtises et s'en cachait aux trois quart du temps.
- Promis. Ce sera notre petit secret à toutes les deux, répond Ancolie en adressant un petit clin d’œil à la pouliche. Et puisqu'on partage déjà des secrets, je pense qu'il est grand temps qu'on se présente. Qu'en penses-tu ?

- Tu as un très joli prénom Esquisse, répond Ancolie en lui offrant un tendre sourire.
Ainsi, elle avait été adoptée par Njörd. Cette nouvelle ne l'étonnait pas réellement. Elle avait beau le connaître qu'un peu, elle avait tout de suite remarqué que la famille était précieuse à ses yeux. Et elle avait cru comprendre que, comme elle, il en avait pas mal bavé sur ce plan là.
- Moi je m'appelle Ancolie et je suis solitaire pour le moment mais j'étais chez les Wiha avant, souffle-t-elle.
Pourtant, elle n'était pas certaine de vouloir retourner chez les Wiha. Elle ne voulait pas se rapprocher de Sueño, c'était trop difficile pour elle.

Son cœur se serre lorsque Esquisse lui demande pourquoi elle est partie.
- Pour une peine de cœur, avoue Ancolie, la gorge serrée.
La douleur est toujours présente et toujours aussi forte. Elle doit d'ailleurs énormément prendre sur elle pour freiner les larmes qui menacent de lui monter aux yeux. Elle avait pensé, à tord, que partir quelques temps l'aiderait. Qu'elle oublierait. Malheureusement, elle se trompait et même à des kilomètres, son cœur battait toujours la chamade pour une personne dont le cœur ne battait pas pour elle en retour.