Flying? There were times I believed I could

Le regard du petit étalon à la robe d'ébène se perdait dans le ciel, au dessus de lui se trouvait un groupe d'une dizaine d'Albatros. Il était émerveillé et même légèrement envieux par cette capacité à voler. Il s'élança au galop, poursuivant les battements d'ailes de ces magnifiques oiseaux et ferma les yeux, imaginant que chaque foulée l'emmenait un peu plus vers ce rêve.

Encore un peu plus loin. Aujourd'hui, je me suis éloignée du troupeau, bien plus que d'habitude. Nous tournons beaucoup dans les mêmes endroit et, bien que j'ai réussi à me bâtir des repères rassurants, j'ai eu envie de voir d'autres choses.

Je ne connais pas le sable, ni l'air salin de la mer. C'est ici que mes pas m'ont emmené, j'en suis très satisfaite. Tout au loin, je pose avec merveille mes yeux sur la mer. C'est la première fois que je la vois, la première fois que j'entends les remous lointain des vagues. Des mouettes criardes volent au-dessus de ma tête. Je suis transportée, la peur d'être seule ne vient pas me tourmenter, seul l'envie irrépressible de cavaler dans les dunes fait trépigner mes longues jambes. "COUAC COUAC !" Je hurle à pleins poumons à l'adresse des mouettes que, à mon tour, je décide de suivre, dans un galop rapide mais désordonné.  

Les paroles d'un autre équidé dressèrent les oreilles du frison, une pouliche se trouvait à proximité de lui. Le sourire d'Atlas s'agrandit sur son visage, jamais il n'avait rencontré de chevaux plus jeune que lui. Il s'approcha au petit galop de la pouliche et, un fois à ses cotés, accéléra l'allure pour la dépasser tout en lui tirant la langue. Il n'était pas très rapide mais ses longues foulées lui permettraient surement de garder de l'avance.

Je suis rapidement rejointe dans ma course par un étalon massif, aussi noir que mon papa. Il est tellement impressionnant, je me sens si petite à côté de lui. Le géant finit par me dépasser en me provoquant. Il a de grandes jambes sous lesquelles je vois rouler ses muscles. En l'observant, je constate que son galop est construit, ses gestes sont lents mais précis. L'ébène les déploie pour avaler la distance, il fait tomber ses sabots dans un bruit mat et épouse le sol avec assurance. Je n'ai jamais appris à galoper, je ne sais que courir en agitant les jambes comme je le peux. C'est grâce à lui, que pour la première fois, j'apprends à galoper.

Dans sa lancée, Atlas gardait toujours un regard sur la pouliche, celle-ci avait l'air de suivre des yeux ses grandes foulées. Il ralentit l'allure et passa au trot de façon à lui laisser le temps de le rattraper. Il lui offrit son plus beau sourire et déclara.

Je m'appelle Atlas et toi ?

Je n'ai certainement pas la même grâce impérieuse que l'étalon noir mais je me sens comme une reine. L'encolure haute, je me laisse bercer par la cadence de mon galop. Je déploie les jambes, je les projette, je la abats sur le sol. Parfois, je trébuche mais c'est comme tout, il faut encore que je travaille. Lorsqu'il repasse au trot, je l'imite et renâclant, un peu déçue que ce soit déjà terminé. "Moi je m'appelle Esquisse !" Je secoue la crinière, encore électrisée d'avoir pu galoper en toute liberté sur la plage.

Enchanté Esquisse !

Atlas lui fit un clin d’œil à la fin de sa phrase, la petite pouliche était tellement mignonne qu'il avait bien envie de passer un peu de temps avec elle. Il continua de trottiner à ses cotés, Esquisse semblait encore un peu maladroite dans son allure mais ça lui apportait un charme que le petit frison appréciait.

Je continue mon étude approfondie des mouvements du dénommé Atlas, je voudrais avoir autant d'allure que lui. "Est-ce que tu es un prince ?" Dans les histoires que me racontait maman, il y avait toujours des princes. C'était celles que je préférais, il s'y passait toujours des aventures formidables avec des forêts enchantées, des périples en mer, des monstres terrifiants. J'imaginais les princes exactement comme Atlas, taillés dans l'onyx, hauts sur leurs puissantes jambes, l'encolure musclée, le port de tête altier.    

Même si ce titre m'aurait bien plu, je ne suis pas un prince, par contre, je connais un courageux chevalier qui m'a sauvé lorsque j'étais attaqué par des monstres !

Atlas avait depuis tout petit cette allure relevée, il l'avait hérité de ses parents et en était fière. Cependant, son frère avait une allure bien plus impressionnante que la sienne, Al était beaucoup plus fin et petit alors qu'Ed était un étalon tout en muscle et imposant.

"Par des monstres ?!" Je bondis sur mes quatre jambes, très enthousiasmée par ce que l'étalon vient de me dire. J'agite la queue frénétiquement, curieuse d'en savoir plus. Je continue de suivre le géant d'ébène au petit trot, priant intérieurement pour qu'il veuille me parler de son aventure qui l'a conduit près de terrifiantes créature et surtout, je veux qu'il me parle de ce fort chevalier qui a écarté la mort de son chemin. "Oh raconte moi s'il te plait !"

Bien sûr ! C'était il y 2 ans, je m'étais égaré dans une immense forêt, le soleil commençait à se coucher... Alors que je me pensais en sécurité, 4 énormes monstres sont apparu devant moi, ils avaient de très grandes dents et des griffes acérées, j'étais terrifié ! Je crois que j'ai du courir pendant 1 heure entièrement pour les fuir ! Mais ils avaient été plus malin que moi... Ils connaissaient la forêt mieux que quiconque et ont réussi à me tendre une embuscade, me bloquant contre un rocher. Je pensais que c'était la fin... Mais c'est là qu'il est arrivé, mon précieux chevalier. Un étalon à la robe d'ébène, beaucoup plus grand et musclé que moi et un regard qui forçait le respect. Il s'est approché fièrement de ces monstres, les faisaient reculer face à son imposante prestance, les créatures avaient très certainement compris qu'elles avaient affaire à quelqu'un de plus fort qu'elles. L'un des monstres, plus courageux que les autres, lui sauta dessus mais le chevalier l'esquiva et lui donna un coup de sabot juste sur son dos, effrayant encore plus les autres ! Ces 4 bêtes s'en allèrent en courant ! Voilà comment mon chevalier m'a sauvé.

Atlas revivait chaque scène comme ci c'était hier, ce merveilleux chevalier, son grand frère qui l'avait sauvé le jour de leurs rencontres. Son sourire s'agrandissait en y repensant.

Des frissons, des exclamations de surprise, des étoiles dans les yeux, voilà ce que m'apporte cette histoire. Je suis pendue à ses lèvres, il n'y a rien qui me captive plus que les histoires, surtout celles qui ressemblent à des contes de fées. "Et ensuite ? et ensuite ?" Je murmure à chaque fin de phrase, redoutant que la fin n'arrive trop vite. Elle est toujours trop rapide à mon goût. Mes yeux ne quittent plus Atlas, ils sont fixés à lui, si bien que je dois ralentir l'allure pour éviter de trébucher. "Plus grand et plus musclé ?! Je ne te crois pas !" L'étalon est le plus impressionnant que je n'ai jamais rencontré, je l'admire de toute mon âme d'enfant. "Il a été tellement courageux !" J'ai un pincement au coeur, moi aussi j'ai connu quelqu'un d'infiniment brave dont le sacrifice, qui a été le plus grand drame de mon enfance, force le respect. "Il n'a pas été blessé ?"

C'est le plus courageux de tous les chevaliers ! Si un jour tu as des ennuis, penses fort à lui, je suis sûr qu'il te viendra en aide !

Répondit Atlas avec fierté, son frère était pour lui quelqu'un de merveilleux, il l'admirait et espérait être un jour aussi fort et courageux qu'il l'était.

Non, pas du tout, il a su se battre avec aisance et en faisant le moins de blessure possible à son adversaire.

"Je le ferai." Je souris un peu tristement. Si seulement ce chevalier avait pu être là pour maman. Tout aurait été différent, elle serait encore avec moi aujourd'hui. "C'est bien ça, il doit être sage en plus. Tu as de la chance de le connaître ! Moi aussi je connais un chevalier, mais c'est une fille !"

Ha oui ? Comment s'appelle-t-elle ? Elle doit être tout aussi merveilleuse !

répondit le frison tout enjoué, il était content d'avoir rencontre cette petite pouliche, elle était si gentille et si amusante.