Don't try to stop me now // N

Le roi à la robe de jais arpentait les terres du Nord depuis un long moment déjà, jusqu'à connaître parfaitement le chemin exact pour s'y rendre sans aucune difficulté. L'air frais qui entrait dans ses poumons lui faisait un plus grand bien, c'était si agréable. Il se sentait bien vivant. Et alors qu'il posait un regard sur les licornes de mer, un sourire fin se traça sur ses lèvres.

Njörd était serein dans sa contemplation. Ces animaux semblaient si purs et pourtant dotés d'une force incroyable. En un sens, l'étalon admirait ces rois des mers. Si magnifiques. Si résistants à tout. D'ailleurs, parlant de résistance, la glace était assez solide, mais pourquoi un craquement sonore se fit-il entendre ? Il tourna brusquement la tête alors que les narvals regagnaient les profondeurs, abandonnant la surface. Un équidé à l'eau, c'était dangereux. Il bondit en sa direction, agile même sur les zones glacées. Le Nordique était à l'aise dans ce paysage. Il attrapa l'épaisse crinière trempée du grand blanc et le tira vers la banquise pour lui venir en aide.

Silencieusement, l'étalon noir l'examina pour s'assurer qu'il allait bien. Hélas, ses yeux se posèrent sur une plaie sanguinolente. Son visage se crispa et, sans un mot, il s'approcha d'un pas calme pour voir de plus près. Ça n'a pas l'air bien profond. Une égratignure, rien de plus. le rassura-t-il après son inspection. Il releva la tête vers l'adolescent à la robe blanche. Par contre, tu tomberas malade si nous restons ici. Allons vers le Sud pour te réchauffer.

D'un naturel bienveillant, bien que pendant ces temps où la méfiance le gagnait, le roi l'emmena aux dunes dorées. Puisque le jeune mâle blanc semblait se méfier de lui, il décida de garder le silence, sans que ce silence ne soit pesant. Il lui présentait un sourire calme et chaleureux. Njörd aimait beaucoup les jeunes et être en leur compagnie lui faisait toujours plaisir. Nous y sommes. dit-il finalement en s'arrêtant en face de lui. Ici, il faisait bien plus chaud, trop chaud pour l'ébène même. Il était habitué à des températures froides voire glaciales. La chaleur du Sud ne l'avait jamais attiré. Mais quand il le faut, il le faut.

Après quelques secondes de silence, le noiraud se décida enfin à prendre la parole pour engager une conversation. Comment t'appelles-tu, mon grand ? Ses paroles pouvaient sembler bien familières alors qu'elles étaient adressées à un inconnu. Mais c'était Njörd qui les disait, alors cela prenait tout son sens. Et ce fut avec un petit sourire qu'il se surprit à se comparer à son défunt ami et ancien roi du Nord, Sydän.

Le mâle à la robe de jais trouvait l'adolescent bien imposant pour son jeune âge. Il promettait d'être bien grand plus tard. Il était rare de voir des chevaux de traits par ici, et la différence lui plaisait. Je m'appelle Njörd. Il avait donné sa véritable identité bien que ça pourrait le mettre en danger s'il s'agissait d'un natif, mais bon. S'il était timide, il fallait le mettre en confiance.

Il sourit un peu plus en le voyant s'emmêler dans ses mots. T'inquiète, relaxe. Il émit un petit rire doux et chaleureux. Te laisser sombrer dans l'eau aurait été le contraire de ce que me dictait ma tête et mon coeur.

Peut-être. Mais altruiste, surtout. répondit-il avec modestie. En voyant l'air abattu de grand blanc, il fronça un peu des sourcils. Il décida néanmoins de ne pas poser de questions là-dessus, ne voulant pas le rendre mal à l'aise. Dis-moi, d'où viens-tu ?