Upside down

C'est de bonne heure que le jaguar pénètre hors du camp des Shaan. Réveillé par la lumière orangée de l'aube naissante sur ses paupières, il s'est aussitôt éclipsé pour se dégourdir les jambes. Il progresse lentement le long des palmiers, bananiers, et fougères arborescentes. La jungle, quel endroit merveilleux. Quelle belle journée qui commence.

Alors qu'il s'aventure dans le cœur même de la jungle, il perçoit des glapissements. Ils sont nombreux, aigus et surtout, proches. Fasciné par toute forme de vie et n'ayant pas une journée bien chargée, Asmund décide de s'approcher de la source du bruit. Il tombe rapidement nez à nez avec un terrier de lapin où une dizaine de bébés semblent réclamer leur mère. Et soudain, la voilà qui déboule. Au même moment, du coin de l’œil, l'étalon remarque une grande silhouette juste devant lui. Il relève la tête et ancre fermement ses yeux dans ceux de l'inconnue. Bonjour.

L'étalon laisse un petit silence s'ensuivre, glissant son regard jusqu'aux lèvres de l'inconnue qui se plient pour former un sourire. Il le lui rend poliment avant de venir, sans penser à mal, l'observer toute entière. Il reste immobile mais ses perles de jais parcourent le corps et la robe fascinante de la jument. Vous êtes?

Asmund. elle avait une voix mélodieuse comme on en entend rarement, qui parvient à vous bercer même dans les instants les plus sombres et les nuits les plus agitées. C'était agréable d'échanger avec quelqu'un d'aussi posé dans ses paroles que lui l'était. 

Lui non plus ne parvient pas à détacher son regard du sien. Le fait qu'elle dévoile autant de détermination à garder ses prunelles bien ancrées dans les siennes l'oblige à l'imiter. Et puis, il aime ça. Elle a une jolie expression dans le regard, et même dans les traits de son visage. Quelque chose d'encourageant. C'est à celui qui détachera ses yeux en premier. Pas vraiment. J'ai participé à la grande migration il y a quelques mois, je ne suis donc pas un natif. Et vous? Je ne vous avais jamais vu auparavant, à mon plus grand regret.

L'entier ne cherche pas le moins du monde à la mettre mal à l'aise. Alors si elle n'en dit pas plus, il n'insiste pas. Il y a bien d'autres choses à dire, à demander, que des histoires qui ne semblent pas faites pour être racontées. Et aujourd'hui, vous voilà ici?

On ne peut pas vivre sans une partie de nous. confie t-il, compréhensif. Lui-même avait un jour été tiraillé par la séparation de sa mère et de ses frères et sœurs. Puis par celle entre ses deux filles. Aujourd'hui, presque tous se trouvaient près de lui. Mais parfois, ça ne suffit pas et leur absence peut vous arracher un bras. Comment s'appelle t-elle?