set me free

Hawk
Les interrogatoires se succédaient ; il en était éprouvé. Toujours des questions, toujours des réponses, mais jamais de réponse à ses propres questions. Il en venait presque à douter que ce grand blanc était bel et bien son fils. Du fin fond de sa cellule, Hawk pensait, le regard dans le vide.

La faible lueur du jour qui parvenait jusqu'à sa cellule fut obstruée par une masse. Un étalon, sans doute un natif, venait d'arriver à sa porte. Presque amusé par sa réplique, Hawk lui répondit avec un maigre sourire. "On peut pas rêver mieux." C'était inutile de se plaindre, de l'implorer pour qu'il le sorte de là. Ils étaient rodés. Autant discuter avec lui.

"Du moment que la sodomie n'est pas au programme ..." Il continuait de sourire comme s'il avait été drogué avant leur rencontre.

Il continue de rire face à la réaction de l'étalon. "Vous êtes bien bizarre vous aussi ! Pourquoi avoir tant attendu avant de vous montrer ?"

"Bah pourquoi pas ?" Le blanc se redressa et se mit sur ses quatre jambes. Il fallait se dégourdir les pattes dans le peu d'espace qu'on leur avait accordé pour vivre. Il se mit à rire. "J'sais pas, vous auriez pu envoyer un petit mail en mode coucou les intrus, on est déjà là. J'sais pas, ça aurait pu éviter toute cette merde de kidnapping là. Et pis, me faire kidnapper par mon fils, en v'là une bonne, tiens." Faisant des cercles sur lui-même, il se demandait si cet étalon connaissait bien son fiston.

"Si." Il en était convaincu. "Ce grand blanc, là, un peu squelettique. Si je me souviens bien, son nom est Quartz." Il ne perdait pas la boule ; justement, sa mémoire lui revenait et elle le persuadait que ce Quartz était son fils caché, celui qu'il avait eu avec Rowena.

Il comprenait bien là où il voulait en venir. mais Hawk n'avait jamais voulu l'abandonner. Il n'avait jamais pris cette décision. Tout avait été orchestré par la mère dans le plus grand silence. "J'aurais aimé si sa mère ne l'avait pas abandonné sans mon consentement. Je l'aurais élevé comme mes autres enfants." Il calma sa nervosité. "Vous ne pouvez pas le raisonner, vous, qui êtes son grand ami ?"

Quand on parle du loup, on en voit la queue.
Animé par cette soif de le faire taire, Quartz avait déboulé dans les cachots. Hors de question de laisser ce vieux sénile continuait de déblatérer sa vie plein de trous à qui veut bien l'entendre. L'alliance entre la tribu et ces envahisseurs allait bientôt trouver une fin et certainement que les prisonniers allaient être libérés. Sauf qu'il n'avait pas envie que son pseudo-père retrouve sa liberté. Il ne voulait pas avoir un pourcent de chance de le recroiser. Dans un vacarme, il arriva face à sa cellule, poussant à moitié Météore qui faisait la causette avec lui. Il valait mieux pour lui qu'il s'en aille et qu'il n'essaye pas de l'interrompre dans ses idées. Le blanc toisa d'un regard noir le prisonnier ; il le maudissait de tout son être. Il renâcla bruyamment et semblait attendre quelque chose.