howling of wind terminé

Sa silhouette dorée glisse avec agilité et élégance entre les arbres à la couleur grisâtre. Le froid lui mord la peau et lui fait presser le pas. Le bout de ses crins couleur caramel a même gelé et quelques mèches blanches se sont éparpillées dans sa crinière si bien coiffée. Elle s'arrête un instant, peinant à retrouver son chemin. Elle s'est un peu trop éloignée des terres de son nouveau clan, poussée par l'envie de fuir Njörd. Parce que, oui, fuir représentait toujours son option de prédilection - voir même sa seule option - lorsqu'elle se sentait mal à l'aise. Elle voulait étouffer cette inexplicable attirance et chasser de son esprit toutes ces pensées loin d'être purement platoniques. Elle avait besoin de s'éloigner pour faire taire son cœur abîmé. Elle se sentait minable de laisser son corps réagir à ces futilités. Une effluve, à peine détectable, la tire de ses songes et elle reprend le pas. Son cerveau se met à tourner à plein régime. Cette odeur, elle la connaît bien. Trop bien ; un enfant. Elle reconnaîtrait cette douce odeur lactée entre milles. Au détour d'un petit sentier boueux, ses iris verts rencontrent ceux de la pouliche. Un petit sourire doux naît aux coins de ses lèvres et elle s'approche d'un pas léger vers la petite. Elle semble perdue, elle aussi.
- Coucou toi, souffle-t-elle de sa douce et chaude voix cristalline.

Contrairement à la nuit qui est des plus sombres en cette froide soirée d'hiver, la robe dorée de Myosotis rayonne comme le soleil dans le ciel bleu.
- Tu t'es perdue ? Demande-t-elle avec douceur et bienveillance.
Elle se permet de se rapprocher encore un peu de la pouliche et ose même tendre ses naseaux vers elle. Elle lui laisse tout de même l'occasion de fuir ou bien d'accepter le contact car elle ne veut pas la brusquer. Elle veut simplement la réconforter en lui montrant qu'elle n'est pas seule. Qu'elle n'est plus seule.

C'est sans réelle surprise que Myosotis sent ses petits naseaux effleurer les siens avec une certaine retenue. Son cœur de mère se serre à l'idée qu'elle soit seule, sans famille. Elle peut sentir la peur qui s'est installée en elle et elle a aussitôt envie de la serrer fort contre elle pour la faire disparaître.
- Je m'appelle Myosotis, se présente-t-elle avec un petit sourire doux.
Et elle dit adieu à Ancolie, ce nom qu'elle a porté bien trop longtemps. Elle ne veut plus regarder en arrière. Elle ne veut plus vivre dans le passé. Elle veut profiter de l'instant présent et prendre les choses comme elles viennent. Elle veut être heureuse, de nouveau.
- Et ne t'inquiète pas, je connais un très bon endroit pour passer la nuit et demain, dès qu'il fera jour, je t'emmènerai dans mon clan. Qu'en penses-tu ?
Une proposition qui ne se limite pas seulement à l'accueillir au sein du clan des Orosymal mais bien à l'adopter pour la faire entrer dans sa petite famille. Alors, certes, elle ne lui offrira pas de figure paternelle mais soyez sûre que la dorée était capable d'aimer ses enfants pour deux et ça ne lui faisait pas peur d'endosser le rôle de papa en plus de celui de maman.

Les larmes qui glissent sur ses joues font l'effet d'une bombe dans le cœur déjà meurtri de Myosotis. Elle n'a jamais aimé voir les autres pleurer mais lorsque c'était des enfants c'était encore pire. La dorée tend alors les naseaux vers la petite, une seconde fois, afin de sécher ses larmes. Elle vient finalement se blottir contre elle ce qui la soulage réellement.
Myosotis devine sans trop de peine la suite des gémissements de la pouliche. Elle plonge ses prunelles émeraude dans les siennes et lui offre un petit sourire contrit. Avec tendresse et précaution, elle entoure la petite de son encolure et la serre contre elle.
- Tout ira bien maintenant, je te le promets... Murmure-t-elle, la voix serrée par l'émotion.

Myosotis couvre d'un regard bienveillant la petite qui s'est lovée contre son flanc et qui commence à s'endormir. Elle n'a même pas eu le temps de lui demander comment elle s'appelait. C'est pas si grave, elle lui demandera plus tard, ce n'était pas si important. Du moins pas pour l'instant. Elle glisse avec tendresse ses naseaux le long de sa petite encolure toute frêle, y soufflant un air chaud et réconfortant. Qu'elle s'endorme, ça lui fera le plus grand bien. Rien ne pourra lui arriver tant que Myosotis était là pour veiller sur elle. S'il le fallait, elle donnerait sa vie pour elle.

Pendant tout ce temps, la dorée n'a cessé de contempler la petite merveille qui s'était roulée en boule contre elle pour se plonger dans un profond sommeil. Elle s'autorisait de temps à autre de somnoler un peu, préférant tout de même veiller sur la pouliche.
La petite se réveille et les iris verts de Myosotis plongent dans les siens. Un fin sourire naît sur ses lèvres rosées.
- Bien dormi ? Demande-t-elle avec douceur.

( Pas de soucis.. ^^ )

Myosotis redresse légèrement son encolure pour observer les alentours.
- Le soleil commence à peine à se lever, lui répond-elle de sa voix douce.
Ses rayons cherchent d'ailleurs à traverser l'épais feuillage des arbres. Une lumière blafarde s'est levée, seul signe de sa présence dans le ciel.
- Je ne t'ai pas demandé ton nom hier, lui fait-elle remarquer en glissant de nouveau son regard sur elle. Est-ce que tu veux bien me dire ton nom ?
Peut-être que ça leur permettra d'être un peu plus proches. Elle l'espérait, en tous cas.