Hold me till the end

Ses paroles lui font du bien. Elle est heureuse de savoir qu'il ne comptait réellement pas l'abandonner et se mutiler à cause de sa souffrance. Elle est soulagée de voir qu'il y a encore une personne sur terre prête à lui tendre la main et lui sortir la tête hors de l'eau. Elle se souvient encore - trop bien d'ailleurs - de la morsure glacée de l'eau sur sa peau et de l'oxygène qui fuyait ses poumons à la vitesse de l'éclair. Elle ne voulait plus ressentir ça. Plus jamais.
Elle aurait aimé se blottir une nouvelle fois contre lui et ne plus le quitter. Elle aurait tout fait pour trouver la force de lui dire ces trois petits mots que tant de personnes ne prenaient plus au sérieux. Pour lui exprimer ces sentiments flous mais merveilleux qui grandissaient en elle de jour en jour. Ces mots ne vont pourtant pas plus loin que ses pensées et ils se meurent dans ses rêves utopiques. Elle ne peut pas faire ça.
- J'espère aussi, j'en ai marre de traîner ces chaînes derrière moi... Soupire-t-elle finalement, la gorge serrée.
Elle avait simplement envie d'y croire... Qu'elle pourrait un jour vivre la vie dont elle avait toujours rêvé.

Et transformer l'horrible cauchemar en un merveilleux rêve...

Je t'aiderai à t'en défaire. Ses mots glissent sur elle avec la douceur d'une caresse. Elle frissonne, touchée au plus profond de son cœur par cette affirmation qui prend la forme d'une promesse. Une main tendue, voilà ce qu'il lui offre. Les iris verts de la jolie dorée plongent de nouveau dans ceux plus sombres du mâle. Elle sait que Njörd n'est pas du genre à ne pas tenir ses paroles et elle espère qu'il saura l'aider. Parce qu'elle ne pouvait plus les supporter et chaque jour de plus passé à les traîner la fatiguait. Et elle le sentait bien ; plus elle descendait la pente et plus il lui devenait difficile de la remonter.
- Je n'en doute pas une seule seconde, réplique-t-elle finalement.
Elle croit en cette petite flamme qui est née au beau milieu de l'obscurité. Elle ose espérer qu'il pourra devenir son remède et qu'en échange, elle pourra représenter son soleil dans la nuit noire.

Elle tend légèrement ses naseaux vers les siens et un petit frisson électrique glisse le long de son échine. Elle a envie de croire en ses jolies paroles, à cette sorte de promesse qu'il vient de lui faire. C'est tout ce qu'elle désire, elle ne demande pas grand chose de plus. Elle veut simplement qu'on s'occupe d'elle et qu'on l'empêche de se perdre dans l'obscurité. Alors tant pis pour les règles de bienséance...
Ses naseaux glissent lentement sous son auge, puis sous ses ganaches, jusqu'à atteindre sa gorge. Elle s'avance d'un pas pour que leurs poitrails se rencontrent à nouveau et, confortablement lovée contre lui, elle pousse un léger soupir teinté de soulagement.

Qu'elle lui fasse confiance à cent-pour-cent allait prendre du temps. Elle avait tellement souffert dans ses relations précédentes qu'elle n'osait plus accorder sa confiance entière aux autres. Malgré tout, elle avait envie de lui faire confiance et à lui plus qu'à n'importe qui d'autre. Elle connaissait ses valeurs et elle savait qu'il n'était pas dans le camp des mauvais garçons, loin de là. Et ça lui réchauffait le cœur et lui redonnait un mince filet d'espoir concernant les mâles de se rendre compte qu'il existait toujours des bonnes personnes qui étaient capables de s'investir auprès des autres.
Un petit rire lui échappe lorsqu'il se met à jouer avec ses crins et elle ne tarde pas à l'imiter. Ça fait du bien de se laisser aller, de temps en temps.

Elle reste un instant ainsi ; les naseaux cachés dans sa crinière d'ébène à y souffler un air chaud et doux. Son parfum lui fait toujours autant tourner la tête et avec une lenteur presque calculée, elle laisse descendre ses naseaux le long de son encolure jusqu'au début de son poitrail. Puis elle remonte le long de son épaule avec délicatesse pour s'arrêter finalement à son garrot qu'elle se met à mordiller doucement.

Elle sent sa peau frémir sous ses caresses et elle se demande s'il apprécie son contact. Toujours avec autant de douceur et de délicatesse, elle avance ses naseaux sur son dos. Son souffle suit la ligne que dessine sa colonne vertébrale. Elle s'arrête juste au niveau de ses reins et y pose sa tête. Elle l'observe du coin de l'œil et un léger sourire étire le coin de ses lèvres violacées.

Ses iris bruns s'accrochent au vert des siens. Elle y plonge sans aucune résistance et se perd dans l'immensité chocolatée. Sa peau frissonne dès qu'elle entre en contact avec la sienne et une douce chaleur s'est répandue dans tout son corps. Myosotis retire finalement sa tête du dos de Njörd et s'avance encore un peu plus. Elle effleure sa croupe et la contourne sagement. Et, l'épaule à hauteur de sa cuisse, elle pose de nouveau son regard brillant sur lui.

Si elle ne peut défaire ses yeux des siens, c'est bien parce qu'elle se noie dans cet océan de douceur et de tendresse. Elle l'aime, ce regard bienveillant qu'il pose sur elle. Il a tout pour lui, du physique au caractère. Il y a chez Njörd ce qu'elle n'arrive pas à voir chez la plupart des autres ; une affection sincère. Elle est aux aguets, surveillant le moindre de ses faits et gestes. Il se retourne et un nouveau sourire, bien plus rayonnant, glisse sur ses lèvres. Son visage s'approche du sien et son cœur se met à battre la chamade. S'il savait à quel point il la mettait au supplice avec ce genre de gestes incertains. Sa peau frémit de nouveau. Ses lèvres sont si proches des siennes... Elle se demande presque si ça ne vaudrait pas le coup de lui voler un baiser. Mais elle avait si peur qu'il prenne peur et qu'il s'en aille... Parce qu'il y avait toujours Sueño entre eux, quoiqu'il en soit. Et elle était si désolée que son histoire avec l'ibérique lui gâche une possibilité de redevenir heureuse un jour...
Et pourtant, alors qu'elle ne s'y attendait plus, les lèvres de Njörd glissèrent contre les siennes. Alors comme ça, ses sentiments étaient réciproques ? Soulagée par cet aveu muet, elle prit à son tour possession des lèvres de l'ébène et de nouveau, ses prunelles émeraude se mirent à briller.