Daydream

Les lueurs orangées du coucher de soleil marquent la fin de la journée. Myosotis s'est installée sur la colline la plus haute de la vallée pour pouvoir profiter de ce magnifique tableau vivant. Son regard vert se perd rapidement dans l'immensité du paysage. Un léger sourire s'inscrit sur ses lèvres lorsqu'elle sent pour la toute première fois son enfant bouger. Cette sensation lui avait tant manqué, c'était indescriptible.

Son regard suit la course effrénée de l'énorme boule de feu dans le ciel. Elle admire tous les changements de couleur qui s'imposent dans le ciel jadis bleu clair. Elle admire l'orange, puis le rose et le rouge qui s'opposent puis se mélangent dans l'horizon lointain. Le soleil devient demi-sphère puis quart de cercle avant de disparaître pour de bon derrière les collines se dessinant au loin. Perdue dans sa contemplation, Myosotis ne s'est pas rendue compte de la présence de Bailey. Elle n'a pas su décroché son regard de ce ciel désormais bleu foncé, dans lequel la lune argentée est montée.

Le monde redevient subitement bruyant tout autour d'elle. Ses oreilles tourbillonnent dans tous les sens, en quête d'informations. Elles cherchent à localiser le moindre bruit, alors que ses yeux verts parcourent les environs. Elle est devenue méfiante face à ce monde rempli de brutalité. Et elle se sent toujours autant impuissante face aux autres. Elle s'était fait une raison pourtant ; lorsque les autres brillent par leur courage et leur force, elle n'a que sa douceur et sa bonté pour se tenter de les égaler. Et on sait tous que ces deux valeurs ne font absolument pas le poids dans ce monde.
Elle finit par repérer une silhouette qui s'avance vers elle. Une silhouette qu'elle connaît un peu trop bien. Bailey. La jolie Bailey. La trop jolie Bailey. La douleur étreint son cœur, l'espace de quelques secondes, si bien qu'elle manque de perdre l'équilibre. Une once de culpabilité s'y ajoute. Elle aurait dû être plus attentive et remarquer bien avant que la jument baie avait besoin d'aide, au lieu de s'émerveiller comme une enfant devant le spectacle crépusculaire.
- Tu n'as pas tout loupé. La nuit est magnifique aussi, répond-elle avec douceur.
Et si elles avaient un peu de chance, peut-être qu'elles auront la chance d'apercevoir une étoile filante traverser la voûte céleste.

( Non, elle est sur la fin de sa gestation! )

Myosotis avait beaucoup souffert de l'échec de sa relation avec Sueño. Ce n'était plus le cas aujourd'hui, grâce à la présence de Njörd dans sa vie. La dorée pouvait désormais considérer l'ibérique comme faisant parti de son passé. Elle s'était entièrement détachée de lui. Il n'avait plus la main posée sur son cœur. Elle ne ressentait rien de plus que de l'amitié pour lui désormais. Et il fallait l'avouer, cela avait été une véritable bouffée d'oxygène que de se défaire de l'emprise de son amour. L'avenir lui semblait bien plus radieux désormais. Encore plus depuis qu'elle portait à nouveau la vie. Alors maintenant qu'elle ne souffrait plus, elle était bien évidemment prête à accepter Bailey comme une potentielle amie. Elle n'avait plus rien d'une ennemie. Elle n'en était plus jalouse. Tout ça, c'était fini désormais.
Bailey choisit finalement de glisser à ses côtés, sans doute pour pouvoir observer le ciel avec elle. Myosotis n'est pas surprise de constater qu'elle ne s'est pas beaucoup approchée d'elle. La dorée décide alors de faire un pas de côté, pour gommer un peu de cette distance que la baie à mit entre elles. C'est aussi sa manière de dire qu'elle n'est pas fermée à la conversation et surtout qu'elle n'est pas hostile aux rapprochements.
- C'est pas grave. Tu feras mieux la prochaine fois. On ne devient pas un bon guerrier sans se battre, répond-elle simplement, en glissant son regard vert sur elle.