A | Je sais qu'un jour viendra.

C’est l’aurore. La nuit laisse sa place au jour dans les jolies couleurs du petit matin. Aya foule le sol du clan des Orosymal avec fougue. Elle sait que sa mère est de retour et qu’elle est quelque part par ici. Le tout était de la trouver.

Fiona était de retour au camp, après de long mois de captivité chez les natifs, puis quelques semaines de rétablissements chez les guérisseurs. La jument brune est allongée sous un arbre, elle regarde les membres du du troupeau vaquer à leurs occupations. Elle se sent encore un peu faible, mais malgré tout, heureuse d'être de retour.

La femelle à la robe d’or filtre l’air. L’odeur de sa mère est toute proche. Son cœur palpite dans son poitrail, ça fait tellement longtemps qu’elles ne se sont pas vues ! Tellement de choses se sont passées depuis… Aya repère bien vite sa maman, allongée contre un arbre, elle semble paisible. Elle se dirige vers elle à pas feutrés, l’a croyant endormie.

Mais la grande jument brune a vu sa fille arrivée de loin. Tel un rayon de soleil au milieu de la prairie. Fiona cligne des yeux, éblouie par l'astre solaire qui illumine la robe d'Aya. Elle relève la tête faiblement, un grand sourire aux lèvres. " Bonjour Princesse. " dit elle d'une voix enrouée en commençant à se redresser doucement. Même si elle est fatiguée, le fait de voir sa fille lui redonne une énergie insoupçonnée.

Ses oreilles se dressent vivement quand elle l’entend la saluer. Un grand sourire illumine ses lèvres tandis qu’elle se dépêche de la rejoindre. Elle sait que sa mère a été la captive de la tribu et qu’elle est maintenant libre. Elle devait se reposer après une telle épreuve. Alors, afin qu’elle ne fasse pas d’effort inutile, la dorée se couche auprès d’elle pour l’enlacer tendrement. Maman… Souffle-t-elle, quelques sanglots montent dans sa gorge, elle lui a terriblement manqué.

Fiona ferme les yeux doucement pour mieux profiter du contact de la peau douce de sa fille contre la sienne. Elle lui glisse un baiser léger dans le cou et inspire à fond pour respirer son parfum, celui d'une demoiselle bien adulte maintenant. La brune serre les dents pour ne pas laisser les larmes monter sur le coup de l'émotion. " Tu m'as manqué ma fille.. " dit elle d'une voix tremblante en l'enlaçant de plus en plus fort. Pendant sa captivité, elle avait longtemps crût qu'elle ne la reverrait jamais. " Racontes moi tout, je veux tout savoir de ta vie. " Avait-elle fait des rencontres ? Avait-elle un amoureux ? Fiona ne voulait pas perdre une seule seconde et rattraper le temps perdu ! 

Tu m’as tellement manqué toi aussi… Elle se laisse aller dans leur étreinte. Quelques larmes glissent le long de sa joue. Mais son émotion, vive, laisse très vite la place à une joie débordante d’avoir retrouvé sa maman. Ses yeux brillent à nouveau lorsqu’elle se détache lentement de l’encolure de sa mère. Il s’en est passé des choses depuis le temps… Souffle-t-elle, un peu confuse. Elle ne sait pas par où commencer. De plus, elle a très envie de savoir ce qu’il était arrivé à sa maman là-bas.

Le cœur de Fiona se gonfle de joie lorsqu'elle constate à quel point sa fille est devenue une belle jeune fille. Ses oreilles se pointent vers l'avant jusqu'à toucher les siennes, puis, elle rassemble ses jambes sous elle pour se mettre debout. " Allons marcher autour du lac. " propose t elle, les deux juments avaient tellement de choses à se dire, et de temps à rattraper. La brune adresse un hochement de tête à Winterfell qui fait la sentinelle pour lui indiquer qu'elles quittent le camp pour quelques heures. Fiona à du mal à quitter sa fille des yeux, elle est sa plus grande fierté, tant et si bien qu'elle trébuche parfois sur les terriers de lapins. " Je suis heureuse que tu te portes bien. " commence t elle, en lui donnant un petit coup de nez affectueux sur l'épaule. " J'ai eu tellement peur que tu te fasse capturer toi aussi. "

La femelle à la robe dorée acquiesce d’un hochement de tête. Et elle se relève avec enthousiasme. Après avoir chassé la poussière de sa robe, elle emboite le pas à sa mère. Alors c’était donc ça, son intuition était juste. Sa mère avait bel et bien été capturée par ceux qu’on nomme les natifs… Tandis qu’elle l’écoute, son cœur bouillonne. Elle espère qu’ils n’ont pas été trop durs avec elle… Autrement elle ne manquerait pas de leur rendre une petite visite… Une fois qu’elle aurait terminé son entraînement bien sûr. Njörd m’a dit de me tenir tranquille. C’était si difficile maman… J’ai voulu venir te chercher tellement de fois... Sa voix s’enroue sur le coup de l’émotion qui regrimpe en flèche. J’ai cru que je t’avais perdue...

Fiona recule les oreilles légèrement. " ça aurait été une idée stupide. Il a bien fait de t'en empêcher. Qu'aurais-tu fait toute seule face à toute la tribu ? " demande t elle. Elle lui donne un petit coup de nez affectif, touchée malgré tout par ses paroles. Elle aussi avait cru ne jamais la revoir. Elle décide de changer de sujet. Parler de tout ça était encore trop difficile pour elle. " Comment se porte le clan ? Njörd m'a dit qu'il t’entraînait à devenir guerrière ? " Elle lui accorde un sourire fier même si son coeur de maman mourait d'inquiétude. Elle aurait préféré que sa fille choisisse quelque chose de moins dangereux, comme gardien ou guérisseuse. Mais si tel était son choix. Fiona connaissait trop bien sa fille pour savoir que ça ne servirait à rien de lui interdire quoi que ce soit. Déjà car elle est adulte, mais aussi car avec son caractère, elle irait au bout de ses idées quoi qu'elle en dise. La brune préférait être au courant de ce que faisait sa fille plutôt qu'elle soit contrainte à agir dans son dos.

Qu’aurais-tu fait toute seule face à toute la tribu ? Ces paroles résonnent dans sa tête. Je les aurais tous massacré… jusqu’au dernier. Mais elle sait qu’elle manque cruellement d’entraînement pour cela. Alors elle se contente d’adresser un petit sourire à sa mère. Ah oui… Heu… Je voulais t’en parler justement. Je.. J’espère que tu n’es pas trop fâchée… Face à sa maman, Aya redevenait une petite pouliche. Une petite pouliche qui avait peur de se faire gronder. Je .. J’ai déjà commencé mon entraînement et parrain Njörd m’a dit que j’avais de bonnes capacités. Fière qu’elle était lors de son premier entraînement avec son parrain.

Fiona est surprise par la voix chevrotante de la jument. Avait-elle... peur de sa réaction ? " Aya. " dit elle en posant ses lèvres sur le front de sa fille. " Quoi que tu fasses, je serais toujours très fière de toi. " La brune avait pleinement confiance en Njörd, c'est pour cela qu'elle l'avait nommé parrain d'Aya lorsqu'elle était petite. Fiona est contente qu'il prenne son rôle au sérieux malgré les nombreuses responsabilités de ce dernier. Dire qu'il était mentor d'Aya, en plus d'être chef de clan et de s'occuper de jumeaux. Fiona n'avait jamais connu d'étalon aussi courageux. Elle espérait que Aya trouve au sein de lui, toute l'affection et l'enseignement que son père, Ghanan, n'avait pas pu lui offrir. " Tu deviendras la plus grande guerrière des Orosymal, tu feras mordre la poussière à Winterfell ! "  

La jeune jument ferme les yeux au contact des doux naseaux de sa mère contre son front. Elle voit son geste un peu comme… une sorte de bénédiction. Et ses paroles ont pour effet d’appuyer son geste. La palomino sourit de plus belle. Sa maman, c’était vraiment la meilleure. Merci… Souffle-t-elle en venant tendrement embrasser sa joue. À l’évocation de Winterfell, Aya retient un petit rire. Fameux personnage celui-là ! Mais elle avait entendu dire qu’il était plutôt bon niveau combat. Il faudrait qu’elle l’affronte un jour.

Fiona était contente de voir que sa fille semblait épanouie. Elle aurait aimé être pareille qu'elle au même âge. C'était vers ses premières chaleurs qu'elle avait rencontré Ghanan. Entre eux, ça avait été tout de suite le coup de foudre comme dans les contes de fée. Auprès de lui, elle avait vécu ses meilleurs moments de vie, mais à son départ... les pires certainement aussi. La brune se demandait si Aya avait rencontré quelqu'un, mais même si la curiosité la démangeait, elle n'osa pas poser la question de peur de la rendre mal à l'aise. Si ça avait été le cas, elle lui en aurait parlé n'est ce pas ? Fiona se demandait si sa fille préférait avoir un rôle au sein du clan, ou rechercher une idylle amoureuse. L'un et l'autre n'étaient pas incompatibles mais difficilement réalisable ensemble. Fiona était partagée. D'un coté, elle aimerait que sa fille découvre l'émotion du grand amour, mais de l'autre, la crainte qu'elle ne soit blessée, tout comme elle par le passé. Voyant que le silence s'installait, la jument repris. " Njörd m'a dit que tu étais une bonne élève. Il a l'air très fier de toi. " Puis un éclair de lucidité lui vient. " Tu connais son premier fils, Ael ? "

Malheureusement, la jeune jument est tellement concentrée sur son entraînement qu’elle n’a pas souvent l’occasion de faire des rencontres. Bien sûr il y en a eu quelques-unes de plus ou moins intéressantes. Par exemple ; lorsque Yume lui avait avoué son attirance pour elle où encore son premier baiser avec Adam. Mais Aya n’y songe pas trop. Pas que ça ne l’intéresse pas mais… tant qu’elle n’aura pas atteint son objectif, aucun mâle ne sera susceptible de la faire chavirer. C’est vrai il a dit ça ? Ses yeux brillent. Le fait que son parrain - le chef de leur groupe - soit fier d’elle l’a rendait si heureuse. Oui, je l’ai rencontré, je suis tombée sur lui… au speed dating. Elle sourit, un peu bêtement.