new story, new life [V]

Sûrement n'avait-il pas sa place ici. Sûrement n'aurait-il pas du venir. Mais c'était son coeur qui l'avait guidé là. Il s'était fait une promesse, il y avait longtemps. Et cette promesse, il voulait la tenir. Tout était toujours flou dans ses pensées, mais s'il devait lui donner une dernière image de lui, avant qu'il ne se consacre qu'aux siens pendant plusieurs mois voire années, il voulait que ce soit l'image d'un étalon aimait prêt à tout pour la soutenir. Ainsi, Onyx était venu se coucher derrière elle, ses antérieurs sous son visage. Sa présence devait être irraisonnable, peut-être se demanderait-elle ce qu'il faisait ici. Mais tant pis, il était là. Ça va aller. Je suis là.

A l'approche de son accouchement, Adam la suivait toujours de près. Ne partageant pas forcément chacune de ses journées, il se contraignait à garder un œil sur sa sécurité, peu importe les kilomètres qui pouvaient le séparer d'elle. Et aujourd'hui, son odeur se mêlait à un stress percevable d'aussi loin que l'akhal se trouvait. Nerveux, l'étalon avait rejoint sa position dans un trot pressé. Et ce qu'il découvrit sur place ne lui plu pas du tout. S'approchant des deux équidés couchés sur le sol, il lance, méprisant le noiraud du regard. Pardon mais je crois que tu t'es trompé d'itinéraire. Tu vas gentiment te lever et me laisser me coucher contre ma compagne qui s'apprête à accoucher de mon enfant. Gracieusement provoquant, Adam avait prit soin d'insister sur les mots qui décrivaient ce qui lui appartenait.

L'ébène eut à peine le temps de sourire à la jument chocolatée qu'une voix provocante s'éleva dans les airs. Alors c'était lui, ce fameux Adam. Possessif, dis donc. Onyx aurait très bien put s'offusquer, lui lancer une réplique qui aurait eu pour effet d'envenimer les choses ou encore foutre le bordel en prétendant que ce n'était pas l'enfant de l'alezan. Pourtant, il s'efforça de contenir la jalousie qui lui transperçait le coeur et de se retenir de l'envoyer chier. Adam avait raison. Victory était sa compagne, pas celle du noiraud. Et il ne voulait pas leur gâcher cet instant qui serait le plus beau de leur vie. Il reporta ses yeux sur la jument qui mettait bas, un petit sourire. Il se tendit avec elle lorsqu'une vague de douleur la secoua, souffrant lui aussi en silence. Je ne vais pas loin. Mais il a droit à sa place à tes côtés. Lentement, l'héritier de la Tribu se leva et donna sa place au père de l'enfant, puis alla se coucher de l'autre côté de Victory. Il s'allongea lui aussi au sol, comme la jument, son visage à environ trente centimètres du sien. Ça va aller. Tu en es capable, tu es forte. Maintenant, tu vas pousser à chaque nouvelle contraction, de toutes tes forces. lui souffla-t-il doucement. C'était étrange, ce changement d'attitude chez lui. Mais il avait besoin d'être là pour elle.

Adam ne prête pas grande attention aux propos de Victory car à en juger de l'expression sur son visage, elle va surement lui faire comprendre d'être plus doux avec l'étranger. Ce qu'Adam ne fera absolument pas, quoi qu'il advienne. Finalement, l'autre bouge avec docilité et ne se fait pas prier. Une satisfaction pour le cobra royal. Il ne le quitte pas des yeux lorsqu'il s'allonge un peu plus loin -pas assez- mais n'ajoute rien. Le grand bai se couche contre sa belle et caresse doucement son corps pour calmer son rythme cardiaque. Courage ma douce, tout va bien se passer. Respire et montre nous notre petit trésor. Pour une fois, les mots de l'akhal sont d'une sensibilité et d'une douceur inouïes, il les souffle avec tendresse à l'oreille de la jument chocolat.

Chaque caresse que l'étalon pose sur le corps de la jument, là, juste sous les yeux impuissants du noiraud, lui enfonçait un peu plus profondément l'épine dans son coeur. Mais il prenait sur lui pour dissimuler sa jalousie. Ils en avaient bien le droit, après tout. C'était juste qu'il se sentait tellement inutile. Il avait la désagréable impression de tenir la chandelle. Mais bon, il voulait être là. Ça va aller, tu y es presque. souffla-t-il avec douceur. Il avait vu les jambes du poulain. Dire que cet enfant aurait presque pu être le sien...

La tête posée contre la jolie jument chocolat, Adam ne cesse pas une seule seconde de la caresser. Il embrasse sa peau suante et jette quelques coups d’œils vers l'arrière train de Victory. Soudain, de petits membres humides pénètrent hors du corps. L'akhal encourage plus encore sa belle, lui assurant que sa souffrance allait bientôt se terminer.

Onyx était un peu nerveux, mais il se devait d'être là pour la soutenir et pas se laisser envahir par son propre stress. Il ne comprenait même pas pourquoi il se sentait comme ça, ce n'était même pas son enfant. Malgré tout, ses muscles se relâchèrent quand un petit paquet humide glissa au sol, expulsé par la nouvelle mère. Il se redressa en vache, avant de se lever et d'observer la scène, un peu en retrait. Il ne devrait pas être là, il le savait. Alors il se contenta d'observer les nouveaux parents, le couple qu'ils formaient ainsi que l'enfant. Une petite fille. Elle aurait presque pu être la sienne, s'il avait su avouer ses sentiments au bon moment, s'il était arrivé en premier. Lui qui n'avait jamais cru vouloir être père, voir quelqu'un d'autre endosser ce rôle aux côtés de Victory lui serrait le coeur. Jaloux, oui. Mais du moment qu'elle était heureuse, c'était tout ce qui comptait. Il adressa un sourire à la fois doux et triste à celle qui avait su entrer dans son coeur de pierre. Ce n'était qu'un au revoir, il le savait. Ils allaient se revoir, plus tôt qu'il ne le pensait, mais il appréhendait un peu tout ça. Parce qu'il savait aussi que, tôt ou tard, ils auraient à se quitter pour qu'il puisse arranger le bordel qu'il avait fait chez lui. Onyx tourna son regard sur l'autre étalon. Prends soin d'elles, s'il te plait. dit-il finalement, avant de se retourner. Partir avant qu'il ne soit cloué sur place, trop retenu par ses sentiments qui le troublaient toujours autant.

OUT