Un peu plus d'amour pour toi #P

La nuit venait de tomber. Pendant toute la journée, Phoenix avait tourné en rond, elle avait marché et elle s'était éloignée des autres. Elle s'était sentie bizarre le matin, à son réveil. Ça avait bien remué dans son ventre, plus qu'à l'habitude. Voilà onze mois qu'elle était gestante et il était temps qu'elle mette son petit au monde. Elle n'avait pas su où aller. Elle savait qu'il aurait peut-être été judicieux de ne pas être loin du camp, mais elle ne faisait pas confiance en la jungle qui était supposée être protectrice, mais qui avait failli lui prendre sa vie. Hors de question de chercher des troubles inutiles. Alors son coeur l'avait dirigée ici, à la chaleur et aux dunes de sable.
Elle s'était couchée, puis relevée, tourné en cercle. Elle s'était comme mordu les flancs, comme si ça la soulagerait. Puis, elle avait été contrainte à véritablement s'étendre dans le sable. Sa robe était déjà en sueur lorsqu'elle avait poussé un hennissement. Elle savait que Hooker n'était jamais bien loin d'elle depuis le onzième mois, histoire qu'il soit présent lorsque ce serait le moment. Et ce moment, il était venu.

H O O K E R

Effectivement, il n'était jamais bien loin de sa dulcinée, déjà en temps normal, et encore plus ces derniers temps. Il n'avait pas bien réagit en apprenant la gestation de Phoenix, non pas qu'il ne voulait pas de cet enfant, il adorait être père, il aimait Phoenix plus que tout, et un deuxième "eux" le comblait, en soit. Mais la naissance d'Aulia avait été compliqué, et Phoe aurait pu y laisser sa vie. Et ça, il ne l'acceptait pas, ne l'accepterait jamais. Et c'était ça, qui lui faisait peur. La perdre, à jamais. Ainsi qu'une sombre question : serait-il capable d'aimer un enfant qui aurait tué sa bien aimée ? C'était une pensée horrible mais réelle pour lui. Il était assez impulsif et passionné pour réagir ainsi, il le savait. Alors oui, il n'avait d'abord pas sauté de joie, mais sa rouquine endiablée avait fini par l'apaiser.

Les dunes. Qu'il aime le sable sous ses sabots. Il observe la silhouette lointaine de Phoenix, et lorsqu'elle se met à tournoyer, se coucher, se relever, Hook approche au petit galop. Son coeur tambourine dans sa poitrine et toutes ses craintes remontent à la surface. Son visage est crispé et fermé mais il tente de ne rien laisser paraitre, pour ne pas la stresser d'avantage. Ca va aller Bébé, ça va aller. Le disait-il pour elle ou pour lui ? Pour les deux. Il se couche derrière elle. La dernière fois, il n'avait pu voir la naissance de leur fille, encore aveugle à cette époque, mais cette fois, il était pleinement et entièrement présent pour elle.

Enfin. Enfin il était là, près d'elle. Peu lui importait s'il avait mal réagi au début, puis lui importait s'il avait peur qu'elle y laisse sa vie. Elle n'avait pas envie d'y songer et elle préférait rester confiante quant à sa capacité de mettre au monde leur enfant. Elle ne voulait pas se remplir le crâne d'inquiétudes inutiles, elle préférait gonfler son coeur d'amour pour le petit être qui s'apprêtait à sortir de son corps. Une fois que ce serait fait, ils n'auraient plus de stress à se faire pour sa vie à elle, mais bien pour le bonheur et la sécurité de leur enfant. Je sais, je sais... souffla-t-elle à l'appaloosa qui tentait de la rassurer. Les contractions plus puissantes commencent et lui dire des grognements de douleur, tordant les traits de son visage. Elle priait pour que ça se termine rapidement et qu'elle puisse passer à autre chose, parce que putain que ça faisait mal. Ses dents se serrent alors qu'elle pousse, cherchant à faire naître leur enfant le plus tôt possible.

(...)(j'enchaîne rapidement pour que Memo puisse jouer son perso )

Sa robe rousse était trempée de sueur alors que les contractions, toujours plus puissantes, secouaient son ventre. Le temps s'était écoulé lentement, mais la mise bas touchait déjà à sa fin. Phoenix était épuisée et son souffle court soulevait rapidement ses flancs. La douleur était toujours aussi vive, mais le sang ne s'écoulait pas anormalement d'entre ses postérieurs. C'était peut-être long, douloureux et épuisant, mais il n'y avait rien de plus normal qu'une jument qui mettait au monde son petit.
La rouquine poussa une ultime fois et un petit corps tacheté glissa au sol derrière elle. Elle soupira, laissant tout son corps se relâcher contre l'étalon qui était resté avec elle pendant tout le long de ce moment pénible. Elle y était arrivée. J'ai réussi. J'te l'avais dit. lui dit-elle avant d'aller au près de ce qu'elle découvrit comme étant leur fils. Son tout premier fils. Elle l'aimait déjà tant, alors qu'elle le nettoyait avec tendresse. L'émotion fit battre son coeur un peu plus fort, si bien qu'elle ne put s'empêcher de cajoler le nouveau-né, avant de relever le regard vers l'élu de son coeur.

Il hoche la tête lorsqu'elle confirme que cela ira bien, vraiment plus pour s'en persuader lui même. L'anxiété déformait les traits de son visage, lui qui était habituellement si sur de lui, si flamboyant, aujourd'hui il se liquéfirait sur place s'il le pouvait. Mais elle était si forte, si courageuse, qu'il n'avait pas le droit de l'abandonner, il devait y croire avec autant de férocité qu'elle. Il souffre intérieurement en même qu'elle lorsque la douleur éclate sur son visage, lorsque l'effort qu'elle fournit la fait transpirer et contracter son corps tout entier. Hook se sent si inutile, mais c'est une épreuve qu'elle seule peut accomplir, il ne peut que la soutenir. Il dépose des baisers d'encouragement sur son front trempé, lui murmure qu'elle est forte, qu'elle va y arriver, qu'elle doit continuer.

Au bout de longues minutes, heures ?, qui lui semblèrent interminables, le corps détrempé d'un petit être glissa sur le sol. Il embrasse fougueusement la tempe de Phoenix. J'en ai jamais douté. Menteur. Il avait encore jamais ressenti la peur lui broyer autant les boyaux. Il se décale pour la laisser créer le premier lien, celui unique entre un enfant et sa mère. Tandis qu'elle débarrasse le nouveau né, ou nouvelle née, de la poche qui l'emprisonne encore et qu'elle le lèche frénétiquement, il en profite pour se relever. Il patiente impatiemment, et lorsqu'elle lève le regard vers lui, il lui redépose un baiser sur le front, avant d'approcher.. de leur fils. Hook prend une profonde inspiration, ému. Un fils, ils avaient un fils. Ce dernier tente d'ailleurs déjà de se lever. Un battant. Un sourire fier se dessine sur ses lèvres. Il n'empêche pas ses chutes, il devait le faire seul, et au bout de trois essais seulement, le voilà debout sur ses jambes frêles et flageolantes. Il devait choisir son nom, ils en avaient décidé ainsi. Lui pour un garçon, Phoenix pour une fille. Et le nom était déjà tout choisi depuis longtemps. Gryffon. souffle t-il sans quitter leur progéniture des yeux.

Ses yeux quittèrent difficilement leur fils pour se glisser sur l'appaloosa. Elle aurait bien aimé lui lancer une réplique quant à son mensonge, parce qu'elle savait très bien qu'il avait cru qu'elle y perdrait la vie. Elle ne saurait décrire ses sentiments quand elle y pensait. Était-elle déçue de voir qu'il la croit incapable de donner la vie à nouveau ou le trouvait-elle mignon d'avoir peur pour elle ? Mais en même temps, ce devait être normal, elle aussi avait toujours un peu peur lorsqu'il partait se bagarrer. Non pas qu'elle doutait de ses talents de guerrier, mais qu'elle redoutait toujours le jour où il reviendrait en si grandes douleurs qu'il préférerait mourir. Comme pour l'épisode des parias, en fait.
Phoenix reposa son regard tendre et protecteur sur l'enfant frêle qui tentait déjà de se lever. Il était vigoureux, déjà. Digne de son père, il fallait l'avouer. Elle savait qu'elle devrait se lever elle aussi, pour l'aider, pour l'encourager et par la suite pour l'allaiter. La mise bas avait été éprouvante et il lui semblait que la douleur n'avait pas quitté son bas-ventre, bien qu'elle le gardait pour elle. Ça ne lui avait jamais fait ça auparavant. Et au fond, elle savait que c'était dû au fait que la naissance d'Aulia avait été difficile. Elle s'allongea à nouveau, la fatigue engourdissant ses membres et alourdissant ses paupières. Elle aurait envie de dormir, là tout de suite. Se laisser aller au sommeil serait tentant. L'alezane reprenait peu à peu son souffle alors qu'elle ne bougeait plus, se reposant un peu avant d'avoir à se lever. Gryffon. Ses yeux se rouvrirent brusquement quand la voix de son bien-aimé brisa le silence. Un drôle de frisson parcourut son échine. Y avait-il pensé ou c'était venu comme ça ? Voulait-il vraiment donner le nom de son frère à leur fils ? T'en es sûr ?