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C'est un tendre rayon de soleil qui vient le réveiller. Le premier rayon à réussir à percer entre les feuillages épais de la jungle. L'enfant ouvre un oeil, toujours le droit en premier, embrassant l'image du camp encore endormi. Puis, son oeil gauche et voilé se dévoile aussi, et il divise le monde du regard, prenant son temps avant de se lever.

Noomi, quant à elle, s'est réveillée bien avant l'aurore. C'est la seule solution d'échapper facilement à la surveillance de sa mère. D'une discrétion éléphantesque, Noomi tente une évasion, mais elle est tellement occupée à surveiller les ronflements de sa mère qu'elle ne regarde pas ou elle va et s'écroule sur un poulain qui dormait là. " Mais !!! qu'est ce que tu fais ! " s'exclame t elle en beuglant d'une voix étouffée pour ne pas attirer trop l'attention. Ses petits yeux noisettes lancent des éclairs.

Quelqu'un lui trébuche dessus et même si elle crie en essayant de rester discrète, c'est beaucoup trop fort au goût du bai. Il se lève en un bond et la plaque au sol, les oreilles couchées en arrière, son oeil bleu la fusillant du regard ; l'autre, un peu hagard, ne la regardant pas vraiment. Chut ! Tu vas les réveiller. Il désigne les adultes. Il aime bien faire partie des premiers levés. Il se décale pour la laisser se relever et la toise, un peu froid, s'attendant à ce qu'elle rechigne face à son geste un peu brusque.

A peine a t elle le temps de rechigner que ses jambes se dérobent sous elle. Elle tombe sur le dos en se mordant la langue, et n'a le temps que de pousser un glapissement de protestation. Frustré, elle rabat ses oreilles et se relève aussitôt lorsqu'il lui laisse la possibilité. La pouliche relève le museau et toise l'autre d'un air hautain en réajustant sa crinière inexistante. Elle s'ébroue légèrement pour chasser la poussière et en envoyer volontairement dans la tête du mâle. " J'te signale que si tu t'étais pas mis au travers de ma route, j'aurais pas crié. Donc si ils se réveillent ça sera de ta faute. " pépie t elle en restant à une distance raisonnable pour esquiver toute nouvelle attaque furtive. La pouliche mâchonne, appréciant guère le gout métallique du sang dans sa bouche.

Elel insiste, la petite princesse visiblement bien trop sûre d'elle. Il va vite lui remettre les sabots sur terre. Furtif, Horus se rapproche d'elle en un bond, pour se retrouver à quelques centimètres seulement. Ils font la même taille, son oeil bleu s'incruste dans ceux de la pouliche brune aux pattes blanches. C'est toi qui étais en mouvement. Moi, j'étais posé. T'as qu'à regarder où tu mets les pieds, siffle-t-il, peu amène, oreilles légèrement inclinées vers l'arrière.

Noomi recule une nouvelle fois, oreilles en arrière. Pour une fois elle ne fait pas la fière. Il l'intimide beaucoup, son ton de voix est si... froid. Elle remarque son oeil
d'un bleu intense, et constate qu'il semble voilé par un dras trouble. Il fait vraiment froid dans le dos celui-là. Concentré sur son oeil, elle en oubli de l'écouter et s'amuse à passer son antérieur devant l'oeil trouble qu'elle croit aveugle. Complètement fascinée.

Il remarque rapidement qu'il l'a déstabilisée. Il pense que c'est parce qu'il lui a remis les pendules à l'heure mais se rend vite compte que c'est à cause de son oeil. Fais gaffe, si tu le cherches trop, il lance des lasers mortels fait-il pour l'intimider.

Au lieu d'effrayer la pouliche, cela l'excite encore plus. Sa crinière se met à friser et sa petite queue touffue s'agite de part et d'autre de ses flancs. " Oooh... mais c'est trop cooooool ! Dis moi où tu l'as eu, je veux le même ! Steuplait steuplait steuplaiiiiiiiit ! "

Il entend quelques grognements alentours. Voilà, elle a gagné, quelques adultes émergent ! Brusquement mais avec fermeté, il attrape sa crinière courte entre ses dents et la tire avec lui plus à l'écart. Voilà, t'as tout fichu en l'air ! fait-il en la relâchant, le regard froid.

Une fois, pas deux ! La pouliche se laisse entraîner à l'écart mais non sans répliquer. Elle lui assène une ruade dans les côtes pour se dégager. " Pourquoi t'as peur des adultes. " ronchonne t elle en lui faisant face, oreilles en arrière.

Il grimace à la ruade mais ne réplique pas. J'ai pas peur, je voulais être tranquille. On pourrait aller où on voudrait, lui souffle-t-il, espiègle et mystérieux. Même si, de toute façon, lui est totalement libre, pas vraiment enchaîné avec sa mère.

Noomi le toise de haut, une lueur de défi aux coins de ses yeux clair. " On peut toujours. " réplique t elle en désignant du nez le passage secret qu'elle empruntait tout le temps. Celui qui menait hors du camp à l'endroit où les autres faisaient leurs besoins.

Il fixe le passage sans ciller. Sans montrer de dégoût non plus. On y va, déclare-t-il, un peu ferme. Il s'y engage sans vérifier tout de suite qu'elle le suit bien.

Noomi relève le museau, agacée, il avait faillit lui marcher sur les sabots. Mais où était passé la galanterie ? Heureusement que Noomi ne se prenait pas pour une princesse. Elle le suit au petit trot en s'assurant que personne ne les surveillait. Elle s'engouffre dans le passage secret à la suite du poulain. " On va où ? " chuchote t elle, en le collant de si près qu'elle se cogne le nez dans sa croupe.

Il sent son nez lui chatouiller la croupe assez régulièrement, elle semble pressée. Cela le fait sourire et puis, Horus, il aime bien le contact avec les autres. Alors, soudain, il se fige, devinant aisément qu'elle va lui foncer dedans bien moins délicatement que les fois d'avant. Tu verras. Il reprend la route, énigmatique, ferme mais pas agressif.