Méli-mélo

Arrêtée devant les restes d'une vieille église, je cherche à comprendre ce qu'il s'est passé. Je l'imagine bien des années en arrière, en parfait état. J'imagine la pierre dans sa couleur originelle ; un gris clair. Désormais, sa façade est noircie en grande partie. Un incendie s'est attaqué à elle et pourtant elle semble avoir résisté à l'assaut des flammes. Elle est encore debout après tout, même si elle a certainement perdu de sa superbe. Curieuse, je décide finalement d'entrer à l'intérieur. Qu'est-ce que je vais pouvoir trouver ?

La première constatation qui me frappe lorsque je pénètre enfin dans l'immense bâtiment, c'est la fraîcheur qui y règne et qui contraste fortement avec la chaleur écrasante qui sévit dehors. La deuxième, c'est sans nul doute la présence d'un pie qui m'est pas inconnu. D'un pas léger, je m'approche de lui.
- Monsieur se lance dans la collection d'objets en tout genre ? Je lui lance avec un petit sourire en coin.

Je m'arrête à ses côtés, mon flanc presque collé au sien. Mahem, c'est le seul gars que j'accepte d'approcher d'aussi près depuis mes récentes mésaventures. Il a beau être spécial et même parfois un peu dérangeant, il a ce truc en lui qui me souffle que je peux me sentir en confiance.
- Genre tu as remarqué mon absence ? Je ricane, en levant les yeux au ciel.
Je m'écarte finalement de lui et observe un peu plus attentivement son "oeuvre".
- Tu sais qu'il manque très certainement des morceaux, n'est-ce pas ?
Autant dire que son petit puzzle, il risquait de ne jamais connaître de fin. Oh, est-ce que ça ne fait pas écho à un événement vécu ça ? :boude2:

Comme on le dit si bien ; chassez le naturel et il revient au galop. Coller les autres, c'est un peu ma marque de fabrique finalement. Même si c'est sans doute qu'un simple vestige de cette peur panique que j'avais autrefois de l'abandon. Désormais, ce n'est plus le cas. La peur m'a totalement abandonnée, elle aussi. Est-ce que je suis surprise de constater qu'il a remarqué mon absence, aussi brève fut-elle ? Evidemment. Est-ce que ça me flatte l'égo ? Peut-être pas non, mais ça me faisait carrément plaisir, ça c'est certain.
- Et du coup je t'ai manqué ou pas ? Je m'enquis de lui demander.
Qui sait, peut-être que oui, même si ça m'étonnerais réellement.
- Ouais, je vois le genre. Tu dois sacrément t'emmerder pour te lancer dans ce genre de défi, je réplique, légèrement moqueuse sur les bords. Ah oui ? Et c'est quoi cette autre chose qu'on pourrait faire tous les deux ? Je demande, curieuse de connaître sa réponse.

Il secoue la tête de gauche à droite pour répondre à ma question. Sa réponse ne me vexe pas et ne me blesse pas non plus. Je m'attendais à cette réponse. Et puis, c'était une réponse logique. Comment manquer à quelqu'un qui ne te connais qu'à peine ? La suite me laisse un peu sceptique même si je n'y réagit pas réellement. Je me retiens d'ailleurs de justesse pour ne pas répliquer qu'il est bien le seul. Il n'a pas besoin de savoir ça. Et je n'ai pas envie de parler de mes problèmes relationnels.
- Moi aussi je suis contente de te voir Mahem.
Un léger sourire se dessine sur mes lèvres lorsqu'il réplique qu'en effet, il s'ennuyait un peu avant que je n'arrive.
- C'est plutôt joli, oui. Mais sans grand intérêt je dirais, je réponds finalement. Tu n'es qu'un vilain petit dégonflé Mahem ! Je râle.
Genre il ose me retourner la question alors que c'est lui qui a lancé le sujet. Je pensais qu'il avait des idées moi.
- Je pourrais toujours essayer de te mettre le feu, histoire de voir comment brûle un être vivant, je lâche abruptement en me rapprochant de lui dans une attitude volontairement agressive ; oreilles plaquées contre la nuque, naseaux pincés et regard mi fou mi furieux. Fais gaffe Mahem, t'es au menu ce soir.

Ce qui fait la richesse d'un monde, c'est bien les différences. Alors si Mahem apprécie les petits détails et sait apprécier la beauté de toutes choses éveillant son intérêt, ainsi soit-il. Ce n'était absolument pas mon cas, mais ça, c'était une autre histoire. Peut-être suis-je trop difficile, trop rabat-joie. Plus je m'approche et plus son attitude change. Il se fait plus imposant, plus... Mâle ? Un petit rire m'échappe. C'est drôle qu'il décide de jouer la carte de la testostérone +++ alors que moi je suis restée parfaitement féminine, presque féline. Je n'ai pas cherché à me rendre plus imposante. Je n'ai pas besoin de ça.
- Tu penses ? Moi je pense que tu serais déçu... Je réplique en redressant légèrement mon encolure.
Heureusement pour lui, je ne sais pas allumer un feu. Malheureusement pour lui, j'ai d'autres armes à disposition. Et j'ai envie de m'amuser un peu et malheureusement c'est un peu à ses dépends. Je me mets donc à lui tourner autour, mes yeux bleus glissant un peu partout sur lui alors que je décide de jouer sur ses sensations en l'effleurant puis le touchant avant de rompre tout contact, puis de recommencer. Aucune intention de le draguer, ni même de lui mettre le feu autrement que dans le sens propre du terme. Simplement une dose de sournoiserie bien dissimulée derrière cette danse de cobra. J'attends simplement le moment propice pour passer à l'acte.

Il lâche quelques mots que je n'écoute qu'à peine. Je ne suis pas décidée à lui donner satisfaction. Si j'avais été un étalon - ou même tout simplement musclée - j'aurai sans doute roulé des mécaniques. Mais puisque ce n'est pas le cas, il faut se contenter de mes quelques rondeurs. Non pas que je sois grasse, loin de là, mais il faut bien l'avouer ; mon corps a changé depuis que j'ai endossé le rôle de mère. Je me fais de plus en plus insistante au fur et à mesure que le temps passe. Et si ses dents claquent non loin de mon flanc, je n'y réagis pas le moins du monde. Mais puisqu'il se permet de se la jouer ainsi, je me permets de lui pincer la peau entre mes dents, sans pour autant chercher à lui faire du mal. C'est simplement pour l'avertir que moi aussi je suis capable de jouer à ce petit jeu. Et puisque ça ne suffit pas, je n'hésite pas à lui fouetter les naseaux dès que ma croupe arrive à hauteur de son avant-main.
- Aussi longtemps qu'il le faudra, je rétorque aussi sec, sans cesser de lui tourner autour.
L'étau se referme progressivement, ce n'est qu'une question de temps.

Son rire s'élève dans les airs. Je suis un peu surprise même si je le cache. Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? Est-ce que c'est moi qu'il trouve drôle ? Mes oreilles se plaquent de nouveau contre ma nuque, disparaissant sous mes crins blonds. Et cette fois-ci, lorsque j'envoie ma queue sur ses naseaux, je sens ses dents se refermer sur ma queue. Un peu vexée par ce manque de prévoyance, je ronfle des naseaux et glisse contre son flanc pour qu'on soit tête-bêche.
- A toi de me le dire, je réponds en lui attrapant la queue à mon tour.
Et donc du coup, maintenant, c'est à celui qui sera le plus têtu... ?