a smooth criminal

Noomi était entrain de grignoter quelques fleurs dans la prairie ensoleillée. Depuis le départ de sa mère, quelques semaines auparavant, la jeunette n'a pas beaucoup d'appétit. Elle se détourne rapidement de l'herbe grasse et balaye l'horizon du regard. Elle remarque aisément une silhouette sombre couchée dans l'herbe : son père. La pouliche hésite et se contente dans un premier dans temps de l'observer de loin, sans oser approcher. Non pas qu'elle ne l'aime pas, ni qu'elle l'évite, elle ne sait juste pas comment l'aborder. Il n'a jamais été présent pour elle jusqu'à présent. Elle ne savait même pas s'il éprouvait de l'affection pour elle. Depuis le bannissement de Victory, il ne lui avait pas décrocher un seul mot. C'était peut-être le moment de crever l'abcès ?  

La silhouette légère et élégante de son père se met en mouvement, il se lève. Noomi s'immobilise, comme paralysé. Merde. Il m'a vu. La pouliche reste immobile, queue basse. Elle ne sait pas quelle attitude adopter : Dédain ? Soumission ? La noiraude décide de rester neutre et docile, du moins dans un premier temps. " Je vais bien. " dit elle en détournant légèrement le regard. C'est difficile pour elle d'affronter son regard. Elle ne ressent aucune affection pour lui, comme si il n'était qu'un étranger. Intérieurement, la petite désirait un geste d'affection. Ne serais-ce qu'un regard, ou un sourire, quelque chose qui la mette à l'aise. Mais pour l'instant il n'en est rien.  

Noomi est glacée. Paralysée sur place. Il ne connait même pas mon prénom. Il doute. L'anxiété laisse peu à peu place à la rancœur. Une colère sourde, inexpressive. Elle élude sa question royalement et répond du tac au tac. " Pourquoi tu ne m'aime pas ? " Elle plante son regard dans le sien, inflexible. De petites flammèches brûlent dans ses iris bleutés. Elle toise son père de toute sa hauteur en relevant sa petite queue touffue.

Noomi fronce les sourcils, peu satisfaite de sa réponse. " Si ça existe. Ca s'appelle même l'amour paternel ! " rétorque t elle d'une voix sèche pour tenter de le faire réagir. Toute émotion était la bienvenue, que ce soit colère, tristesse, ou amour, à cet instant précis son père ressemblait à un robot. Pourquoi n'éprouvait-il rien ? Même pas de l'affection pour sa progéniture. Ce n'était pas normal. Elle repense notamment à Njörd qui chouchoute ses deux petits jumeaux : Edelweiss et Balsamine. Mais aussi à Lily, la fille de Vagabond et aussi Nara, celle de Eldorado. Tous étaient des pères comblés et affectueux. Mais ils aimaient aussi leur épouse. " Tu ne m'aime pas car tu n'as jamais aimé maman, c'est ça ?! " en déduit elle. Depuis toute petite, elle avait remarqué que ses parents ne se comportaient pas comme les autres couples. Ils s'adressaient à peine la parole et ne partageaient aucun geste d'affection. Noomi se demande même si elle n'était pas un enfant non désiré.  

Alors c'était donc ça, elle n'était pas désirée ? Même si Noomi s'en doutait un peu, elle ne peut refréner ce petit pincement qui s'empare de son cœur à cet instant. " Tu ne veux même pas essayer ? " dit elle en se radoucissant un peu. Il est le seul parent qu'il lui reste. Sa seule famille proche présente chez les Shaans. Et même de Luanera tout entier. Elle a besoin de lui, même si lui n'a pas besoin d'elle.