serpentin

Le brun était immobile à l'entrée de la jungle. Cela faisait une bonne dizaines de minutes que l'entier scrutait les alentours à la recherche d'une silhouette familière.  

olrùn

Elle s'est perdue. Bon sang ! Elle ne connait que deux ou trois endroits ici, et la voilà pourtant au milieu d'une jungle inquiétante. Essoufflée, Olrùn s'arrête et ferme les yeux, répétant des mots à voix basses que personne n'est capable d'entendre, encore moins de déchiffrer. Comme plongée dans un cauchemar, elle s'en éveille d'un seul coup, ouvrant grands les yeux. Une odeur étrangère s'est infiltrée jusqu'à elle. Elle était perdue mais seule. À présent, elle ne l'est plus et elle trouve cela encore plus affolant. Son rythme cardiaque s'affole, elle essaie de ne pas trembler. Son maigre corps frêle criblé de marques n'en fait pourtant qu'à sa tête.

Mais contrairement aux autres fois, ce n'est pas l'effluve inconnue d'un équidé qui lui affirma que l'entier n'était pas seul en ces lieux, mais l'odeur de la peur. Il pouvait la sentir et elle se faisait de plus en plus intense. Ses yeux survolèrent brièvement les alentours. Personne. Ses oreilles pivotèrent de gauche à droite. Rien. C'était presque frustrant pour lui de ne pas savoir à qui appartenait cette odeur. Les secondes passent et une silhouette blanche attire son attention. Il s'approche, de quelques pas, dévisageant l'inconnue. Aël fit ronfler ses naseaux, signalant sa présence sûrement déjà remarquée.  

Un ronflement , Olrùn sursaute violemment. Presque comme si on l'avait giflée. Ses yeux se figent sur l'inconnu, elle cesse un instant de respirer. La peur fait sortir une certaine forme d'agressivité défensive, elle couche ses oreilles en arrière et recule d'un pas. N'approchez pas. Sa voix est dure et pourtant tremblante.

Le mâle se stoppa net et pointa ses oreilles vers elle. Le regard de la jument est inquiétant. Alors, d'accord, mais tout vas bien ? Quelqu'un vous course ? Vous avez des ennuis ? Aël resta de marbre face à la situation, conscient que lui, n'était pas en danger. Mais pour autant, cette jument paraissait en détresse et donc, avait sans doute besoin de son aide.

Course. Son coeur s'accélère, elle l'entend cogner dans ses tempes. La course. Toujours. Elle lui a semblé durer une éternité, seulement deux jours en réalité. Elle a répété le mot par mimétisme, fixant le sol l'instant d'après. Oui. Elle parle par à-coups, nerveuse, troublée. Elle fixe le bai, enfin, dans les yeux sans que ça ne dure bien longtemps. Son regard est fuyant, soumis. Ils me cherchent.

Le mâle fut brusqué par tant de nervosité de sa part. Son attitude lui foutait la trouille. La peur est contagieuse. Mais, par qui ? Instinctivement Aël pensa à la Tribu, ce clan si mystérieux qui avait pourtant provoqué nombreux problèmes.

Et la nervosité qu'elle sent chez l'étalon ne fait qu'accentuer la sienne. Cercle vicieux. Elle regarde autour d'eux, agitée. Je.. Je ne connais pas leurs noms, confie-t-elle en baissant les yeux.

Mais oui quel con. Le brun secoua doucement ses crins et gratta légèrement le sol. Oui hum, bon eh bien venez, on va sortir de ce territoire déjà peut-être, dit-il en pointant la direction à prendre du museau.

Elle hoche rapidement la tête. Cela lui semble être une excellente idée, en effet. Elle se sentira moins oppressée avec toutes ces feuilles et arbres en moins autour d'elle. Elle fait un léger bond pour y aller, le frôle et s'écarte aussitôt, comme brûlée par le contact. Le regard fuyant, elle s'arrête. Je vous suis: C'est tellement incertain entre ses lèvres, ça sonne comme une question.

Le contact de leur peau fit frémir également l'étalon. Il baissa la tête en ronflant des naseaux, tentant lui aussi, de se calmer. Vous voulez bien me dire votre nom ? le questionna-t-il d'une voix la plus douce possible.

Elle est mitigée, rassurée par la voix douce de l'étalon et titillée par la peur qui émane aussi de lui, sans se douter que c'est elle-même qui la lui a instillée. La grise hoche doucement la tête. Bien sûr. Olrùn. Elle tourne la tête vers lui, interrogatrice.

Le brun hocha la tête et sourit. Moi je suis Aël, dit-il en lui envoyant un regard amical. La jument lui avait au moins confié son identité. L'entier la sentait un petit peu plus calme, un peu plus apaisée disons.

En effet, elle commence doucement à s'apaiser. Même si elle reste sur le qui-vive, réflexe qu'elle ne peut s'enlever si vite. Cette jungle... Elle observe autour d'elle. Elle m'étouffe.

Huh, elle nous étouffe tous. Il s'étendit en long, détendit son dos et allongea son encolure pour détendre ses muscles bandés. Je ne sais vraiment pas comment les Shaans font pour traverser ce territoire à chaque fois qu'il faut qu'ils aillent à leur camp de base.