Bien qu'à la lumière du jour les fleurs sont toutes belles à crever

X A N D E R

X était au bord du lac depuis un moment, des heures en réalité, à observer son reflet tel Narcisse. En réalité, il essayait bêtement d'apercevoir son autre lui, comme s'il le pouvait, avec cet espoir futile d'avoir une conversation pour tenter de comprendre pourquoi, pourquoi tout ça. Mais sans doute passerait-il pour un fou, une discussion avec lui même, mais sans doute, l'était-il déjà, fou.

Son reflet se trouble, le sortant enfin de ses songes. Il relève doucement son regard océan, se heurtant à une silhouette féminine entrant dans l'eau, l'eau léchant sa peau zébré de rouge et l'en débarrassant. Elle semble si sereine, et lui ne détache pas ses yeux du sang qui se disperse dans le lac, qui ne semble pas provenir d'elle, juste maculer sa robe mouchetée. Sans trop savoir pourquoi, il pénètre lui aussi dans l'eau devenue impure. Aussi impure que lui.

Elle capte sa présence et aussitôt elle avance vers lui, de cette démarche chaloupée et féline. Cela n'intéresse pas le pie mais il sent l'intéret de l'autre s'éveiller, ce qui le fait grimacer. Il lutte un bref instant, garde le contrôle. Mais pour combien de temps ?
Ses mots sonnent comme un compliment, pourtant aucuns de ceux employés ne le sont. Xander reste immobile à sa place, méfiant. Pourquoi n'est-il pas parti ? Elle est dangeureuse, pour lui. Non pas qu'il ait peur pour sa vie, il craint pour son subconscient. Elle si elle savait, elle devrait avoir peur elle aussi. Il balance sans cesse l'image d'Enja à son esprit. Hors de question de lui faire ça, d'en toucher une autre. Pour le moment ça suffit, mais l'attitude de l'inconnue l'effraie car elle représente tout ce qu'aime la noirceur de son âme.
Toujours sans s'approcher, il désigne d'un mouvement de naseaux le sang dans l'eau. Tu es blessé ?

X l'observe se mouvoir vers lui, et son corps appréhende déjà cette approche, se tendant à son maximum. Il lutte et se fait violence pour ne rien laisser transparaître, cela ne ferait qu'encourager la jument dans son petit jeu, et reste ainsi toujours parfaitement immobile. Trop peut être.
Xander détaille rapidement son corps à la recherche d'une plaie conséquente au sang répandu sur elle et dans l'eau. Mais comme elle vient si bien de lui dire, il n'aperçoit que des plaies superficielles, rien qui aurait pu engendrer un tel carnage.
Un petit rire rauque et excité s'élève dans sa tête. Pas son sang à elle. lui siffle t-il au creux de son crâne. Ce qu'il redoutait était entrain d'arriver. Elle pique trop sa curiosité. Alors tant que tout va bien, je vais te laisser. Il s'attend à ce qu'il l'en empêche mais étrangement, il n'en fait rien. Cela ne le rassure pas pour autant, il commençait à le connaître. Il attendait juste de voir comment elle réagirait à ça, et agir en fonction. Mais pour le moment, il a le contrôle et commence à se détourner, espérant avoir tord et pouvoir rentrer chez lui sans encombres.

X n’est pas de nature frileux et réservé, à éviter la proximité et le contact, au contraire, il était habituellement tactile et avenant. Longtemps en ayant été aveugle quelques années, le toucher avait été nécessaire, vital même. Mais en présence de certains individus, et avec cette présence dans sa tête, il préférait fuir des êtres tels que Nyveèn, tels que cette inconnue, pour ne pas devenir lui même quelqu’un de méconnaissable, un individu obscène et malsain. Il repense aux paroles de Adam. Quitte à passer pour un lache, fuit. Il le fait, il pense que cette fois il a gagné, mais elle lui barre la route ce qui le surprend et le fait s’immobiliser brusquement. Que fait elle ? Non ! VA T-EN ! a t-il envie de lui hurler sans que rien ne sorte pourtant. Il est comme tétanisé. Un rire mesquin éclaté dans sa tête face aux paroles de la jument. Je t’en prie je ne veux pas lui faire de mal... Mais sa supplique ne fait que redoubler d’intensité le rire devenu dément. Je ne veux pas faire de mal de à Enja ... Brusquement le rire s’interrompt. Alors cela fonctionnait réellement ? Enja, son amour, était son arme contre lui ? L’espoir est là, violent, se propageant à vitesse grand V dans tout son être. Et alors qu’il pense de nouveau avoir enfin gagné, qu’il va pour s’en aller, il se fait violemment dégager des commandes, retrouvant le recoin sombre de son esprit. Il ne peut que être spectateur des atrocités qui vont suivre. JE TE DÉTESTE JE TE HAIS ! hurle t’il à cette entité qui venait de nouveau de le rabrouer au rang de prisonnier de son propre corps, de son propre esprit. Jouer... murmure l’autre de manière inquiétante. Pas de mal Enja... notre Enja...

Le visage du mâle change, sa posture aussi. Tout change. Une détermination brutale se lit dans son regard azur, devenant néanmoins plus sombre, tel un océan tumultueux. Un sourire malsain glisse sur ses lèvres. Il approche son visage de l’inconnue, comme si il allait l’embrasser, mais se contente de venir lécher une giclée de sang sur son encolure. Un petit rire inquiétant monte dans sa gorge. Tuer... murmure t’il d’une voix caverneuse, spectrale.