Solitaire //W//

Depuis son altercation récente avec Njörd, Winterfell se tient un peu en retrait du groupe. Il accompli chaque jours ses missions avec volonté mais ne participe aucunement aux échanges avec le reste du groupe. D'humeur solitaire, il se repose sous un grand chêne. Les grandes branches de l'arbre le protège de la chaleur du soleil estival.  

LÖVOJKA

Et plus solitaire que lui, il ne peut sans doute y avoir qu'elle. La plus indépendante ralliée pourtant à un clan. Dont elle est la conseillère, dont elle connait pourtant si peu les membres. Il faut dire que d'un côté comme de l'autre, personne ne semble vouloir réellement l'approcher de près. Elle erre dans le camp, il faut dire qu'elle n'y est pas toujours, exilée la plupart du temps au Nord. Son Nord.
Pourtant aujourd'hui, elle est là quand elle aperçoit le grand blanc sous un arbre. Seul, étrange. Sans gêne, elle vient faire éclater sa bulle de sécurité et se couche à côté de lui, laissant tomber sa lourde carcasse au sol avant, enfin, de dire quelque chose qui justifierai sa présence : Je pensais te trouver avec douze demoiselles en chaleurs mais comme c'est pas le cas, je me permets de m'incruster

Winterfell voit approcher Lovojka. Avec son aisance habituelle, la voila qui s'allonge contre lui en lui écrasant sournoisement l'épaule. Alors que l'étalon est d'un naturel solitaire ces temps ci, il apprécie cependant la présence de la jument. Peut-être par ce qu'elle lui ressemble finalement ? Elle qui est plutôt du genre associable. L'étalon grince des dents à sa remarque. " Il faut croire que je ne suis plus aussi attirant qu'avant. " Il l'a toise d'un air espiègle. " La preuve, je viens d'attirer d'une mocheté " L'étalon éclate de rire, un rire franc, cela faisait plusieurs semaines que ça ne lui était pas arrivé.  

Ils semblent donner l'impression de ne s'être jamais entendus, de s'être souvent tournés autour entre moqueries et provocation, sans jamais s'entendre, toujours en se défiant et pourtant, ils n'ont jamais à se jour plus sembler se ressembler. Sa réplique la fait rire, elle aussi, d'un rire sincère, spontané.
À elle non plus, ça ne lui est plus arrivé depuis longtemps.
Bon alors, entre mochetés.... Elle lui tape sur l'épaule de la tête, avec un nouveau rire. Après quelques secondes, elle se calme et pose sa tête contre son encolure, se reposant contre lui, simplement. Ils se connaissent depuis bon nombre d'années, se sont trop souvent croisés sans jamais vraiment se mêler sérieusement l'un à l'autre. Ils pourraient se connaître par coeur depuis le temps ; sont comme deux étrangers qui se connaissent très bien mais pas assez. Elle fixe le néant, là où personne ne peut voir ses maux, ses démons, ses blessures et ses doutes. Elle se concentre sur lui, parce qu'elle a envie de penser à autre chose, aujourd'hui. Tu te souviens de la fois où tu as essayé de m'avoir pour toi mais que t'étais trop bourré ... ? lance-t-elle alors soudainement, espiègle.

Winterfell pousse un gémissement aiguë lorsque Lov s'affaisse de tout son poids sur lui. ça va qu'elle n'est pas obèse. Il reste adossé contre elle sans bouger, appréciant son contact. Son regard clair posé sur le ciel bleu. L'étalon ricane lorsque la jument lui rappelle une drôle d’anecdote. " Hahaha.. je n'oublierais jamais ce soir là. " s'exclame t il en lui pinçant la joue. " Il faut dire que tu m'as pas facilité la tâche ce jour là... t'arrêtait pas de bouger ! ou peut-être bien que c'était le sol qui bougeait.... je m'en rappelle plus j'étais trop bourré..   "

Elle fait mine d'avoir mal suite à son pincement et relève la tête, attrapant son toupet entre ses dents pour le taquiner. Je crois que c'était le sol. Moi, j'étais pas autant bourrée que toi. Moi, j'en avais vraiment envie, souffle-t-elle alors, la voix basse et vibrante, riant sans vraiment rire, sincère. Ses yeux d'un noir absolu, ténébreux, ne le regardent pas et fixent les alentours du camp. Personne ne semble les voir, ou tous les ignorent. Ils sont là tout en étant absents. Seuls et pourtant ensemble à cet instant.

Winterfell secoue la tête frénétiquement jusqu'à ce que Lov lâche son toupet, hors de question qu'elle bave dessus. Sa dernière phrase le laisse mal à l'aise, il esquive son regard abyssal et se plonge sur le néant de l'horizon. D'ordinaire, il aurait répondu du tac à tac à cette proposition explicite en lui proposant ses services. Hors de question de passer une seconde fois à coté du Graal. Mais aujourd'hui il n'est pas d'humeur. Son esprit est envahit par le deuil de Gaya, et il n'a absolument pas envie de faire l'amour. Pour lui, sa mort est trop récente même si cela fait maintenant plusieurs semaines. Il aurait l'impression de la trahir. Winterfell ne réponds pas, le regard porté sur le lointain, ses yeux brillent d'une lueur triste, à peine perceptible. Il feint de ne pas avoir compris où voulait en venir Lovojka malgré l'énooooorme perche qu'elle lui tend.

Sa proposition et plaisanterie tombe à l'eau, ne laissant derrière-elle qu'un silence énorme et pesant. Lövojka accepte, en silence elle aussi, détournant son regard de l'étalon. Elle ignore ce qui le travaille, quel évènement a pu le changer à ce point-là. Et elle ne lui demande pas. Par pudeur peut-être, ou par respect. Elle se contente d'un soupir fin, avant de déposer sa lourde tête contre le sol, se plongeant alors elle aussi dans ses propres pensées, ses propres maux, ses propres noyades.

Winterfell à beau être dans ses pensées, il remarque néanmoins le soupir de Lov. Il lui donne un petit coup de nez affectif pour l'empêcher de s'enfermer dans ses démons, et décide pour la première fois de se confier. De lui révéler sa tristesse, sa douleur. La raison qui explique pourquoi il est devenu si distant, si sérieux, si triste aussi... " J'ai perdu ma compagne... " livre t il comme ça, en bloc, avec une voix morose. Il n'en fait pas des caisses, il ne pleure pas, n'a pas la voix chevrotante. Winter ne cherche pas à se faire plaindre. Il cherche juste à expliquer la raison de son malaise.

Elle ne trouve d'abord rien à répondre face à cette annonce aussi brutale qu'inopinée. En effet, elle ne savait pas qu'il avait une compagne, ni même qu'il était capable d'en avoir (et de garder) une. Elle laisse le silence retomber, doucement, sereinement presque, cueillant son annonce d'un respect notoire. Je suis désolée. Elle a toujours trouvé cette expression ridicule, au fond, elle n'y est pour rien. Mais elle a envie de lui témoigner son soutien, à sa façon.

Winter accepte ses politesses en inclinant les oreilles. Il savait que c'était difficile pour Lovojka et apprécie son effort. Il continue alors à se livrer et étrangement, cela semble le soulager. " Je ne me croyais pas capable d'aimer un jour, et pourtant c'est arrivé. " Sa peau tacheté, son parfum sucré, la douceur de ses caresses et la pureté de son souffle. Tout n'était que souvenir à présent. Des souvenirs enfouis, impérissables. Il tourne son regard bleuté cerné par la fatigue en direction de la lionne. " Et toi, as-tu déjà aimé un jour Lovojka ? "  

Elle soutient son regard, même s'il lui fait mal. Il lui fait de la peine, sans qu'elle n'éprouve de pitié pour autant. Elle hoche lentement la tête. Oui. J'ai toujours dit que ça ne serait jamais le cas, mais ça m'est arrivé deux fois. Elle tressaille et détourne le regard à son tour. Ses amours aussi, sont morts. Pas au sens propre, mais ils ont tué quelque chose en elle. Ils ont tué le monde, à leur façon. Et pourtant, elle ne les regrette pas.

Winterfell non plus ne regrette pas, bien que ce soit douloureux. L'amour est l'émotion la plus intense qu'il avait ressenti dans sa vie, encore plus que l'adrénaline d'un combat à mort. " Aaah l'amour. Si doux et si douloureux à la fois.. " lâche t il en reposant sa lourde tête entre ses deux sabots. Il tremble légèrement, Lov s'appuie tellement sur lui qu'il à l'impression que le sang ne passe plus dans son postérieur droit. Il se tortille légèrement pour se dégager.  

Là-dessus, elle n'est pas d'accord. Douloureux, oui. Doux, pas vraiment. Du moins chez elle, l'amour a toujours été un sentiment violent, plein de discorde, d'instabilité, d'explosions. Peut-être a-t-elle sa propre façon d'aimer. Peut-être celle-ci est fausse, aussi. Y a-t-il réellement un schéma juste ? Elle ne répond rien, plongée dans ses pensées. Comment est-elle... morte ? demande-t-elle, un peu maladroitement sûrement, sans savoir comment aborder le sujet autrement.

Winterfell est lui aussi plongé dans ses pensées. Il réussi à sortir de ses songes lorsque la voix hésitante de Lovojka perce le silence. " Elle a été assassinée, par une membre de son clan... " dit il d'une voix froide. Même s'il n'en a pas la certitude, pour lui tout est clair. Gaya l'avait mis en garde contre Nyvèen, ce ne pouvait être qu'elle.