move like an odd sight come out at night

/ HORUS

Il rentre au camp à la nuit tombée. Il n'y reste pas souvent la journée, à moins qu'on ait besoin de lui ici. Il l'observe de dos, ayant senti son odeur bien avant de revenir vers le camp. D'apparence froid, le jeune mâle s'avance vers sa mère, qu'il n'a pas vu depuis bien longtemps déjà. Je pensais que tu étais partie, vu ta disparition soudaine. Il est un peu blessé qu'elle ne lui en ait pas parlé. De son crime, de son viol, tout. Il aurait aimé qu'elle lui fasse confiance. Qu'elle puisse compter sur lui. Il l'aurait défendue, contre tous. Mais à la place de ça, elle avait fuit, visiblement. S'était confiée à d'autres, peut-être. Il remonte jusqu'à elle, figeant son oeil glacial dans le feu ardent. Je suis content de te revoir enfin.

Il est surpris par la démonstration d'affection. Elle ne l'a pas habitué à cela, même si c'est loin de lui déplaire. Comme s'ils se retrouvaient, enfin. Et depuis leur dernière entrevue, Horus a bien grandi. Il la fixe de son oeil bleu électrique et la suit un peu à l'écart. Même s'il est froid et extérieurement vide d'émotions, il est heureux réellement de la revoir, oui. C'est parce qu'elle avait découvert que c'était toi qui avais tué la jument de la Tribu que tu l'as tuée ? demande-t-il sans jugement, presque avec une certaine... admiration, en réalité. En effet, la seule fois où Horus a rencontré Gaïa c'était lorsqu'il avait découvert le corps d'une native (Opale), bien qu'il ait toujours ignoré l'identité de cette dernière et que, en réalité, cela lui importait peu. Il savait que c'était l'oeuvre de sa mère, même si elle ne le lui avait jamais dit. L'appaloosa semblait ignorer qui était l'auteur de ce crime, mais aurait-elle fini par le découvrir, finalement ? Il attend sa réponse, hésitant quant à aborder un autre sujet, tout aussi délicat sinon plus.

Il avait l'air furieux, en effet. Pourquoi lui en veux-tu autant ? Ses questions sont légitimes, n'a-t-il pas le droit d'essayer de comprendre cette mère que tout le monde incrimine ? Il ne l'excuse pas, il souhaite juste entendre ses raisons. Depuis quand as-tu un frère ? Tu penses vraiment que les Shaans vont s'écrouler ? Encore une fois, aucun jugement dans la voix du jeune faucon. Il s'ébroue, posant son regard translucide sur elle. Je crois qu'ils te cherchent quasiment tous. Surtout Asmund, sûrement Hooker aussi. Hekâ n'est plus qu'un fantôme, elle est quasiment introuvable, elle doit être à ta traque aussi.

Quelque chose dérange Horus. Il aime profondément sa mère, mais quelque chose dans son comportement et ses motivations le gêne. Lui aussi a ce désir de tuer. Mais jamais sans raison. Toujours pour punir celui qui mourra, pas ceux qui resteront. C'est là, qu'il se rend compte être en désaccord avec elle. Pourtant, il ne dit rien, se tient toujours droit devant elle. Je pense qu'il est encore possible de nous reconstruire. Pour ce qui est de la Tribu, je n'ai rien contre eux mais les rejoindre me donnerait le sentiment de trahir les miens. Mon peuple. Ma famille. Peu importe qu'il ait un oncle surprise qui en soit le chef ! Ils leur ont causé beaucoup d'ennuis et peut-être est-ce depuis la capture d'Hekâ que plus rien ne tourne rond pour eux. Il claque de la langue, légèrement agacé. Elle s'acharne à ne vouloir que savoir qui est lancé à sa poursuite. Je n'en sais rien. J'ignore qui est le père de la petite, si Gaya avait un mec, tout ça, j'en sais rien, d'accord ? Tout le monde t'en veut, alors considère que tout le monde voudra te tuer. Est-ce qu'elle se demande si on le condamne, lui, parce qu'il est son fils ? Qu'on le juge, pour ce qu'elle a fait elle ? Il fixe sa mère, sans animosité. Il aimerait juste un peu plus d'amour, d'attention, d'inquiétude.

Et il voit la tristesse dans les yeux et les traits de sa mère. Et ça lui fend le coeur. Mais il doit être fort, c'est ce qu'elle a toujours voulu, n'est-ce pas ? J'y réfléchirai, promet-il en soupirant, se demandant s'il aurait vraiment le courage de quitter les Shaans. Peut-être s'il n'y a plus du tout de clan, alors que là il oserait la rejoindre sans avoir l'impression de les trahir. Les mots de l'araignée lui soulèvent le coeur et, soudain, le mettent en colère. Il se jette sur elle, explosif. Pourquoi tu dis ça ? Comment tu peux me demander ça ?! Il crie, se recule, furieux. Son oeil blanchâtre s'anime, des filaments de coton semblent prendre feu. À moins que ça ne soit juste du sang injecté dans ses iris. Je.. Jamais je ne voudrais te tuer ! Jamais. Tu es ma mère. Il fait quelques pas, lui tourne le dos, pour se calmer. Je ne comprends juste pas. Je pensais que pour tuer, il fallait une raison. Une raison de punir, d'éliminer, pas de faire du mal à ceux qui restent. Et je ne vois pas en quoi Gaya méritait ce sort.

Il n'aime pas la façon dont elle lui répond, il a l'impression qu'elle se moque de lui. Il affiche une mine toujours fermée, concentré pour ne pas exploser. J'apprends déjà. Tu devais aussi m'apprendre à tuer, tu ne l'as jamais fait. Cela sonne comme un reproche et c'en est un. Au fond, Horus est juste immensément déçu que pendant son enfance et adolescence, sa mère ait dû fuir et se cacher. Il aurait aimé qu'elle lui enseigne ce qu'elle savait. Surtout avec un père plus absent encore qu'elle. Cela lui semble facile de lui envoyer des essaie d'apprendre ci ou ça. Il secoue la tête et la coupe net dans son explication. Je ne te demandais pas ce que t'avais fait Asmund ou encore Hekâ. Mais Gaya. Elle aussi, elle t'avait fait du mal ? Ou n'a-t-elle été qu'un outil pour en faire à ceux qui t'en avaient fait, alors qu'elle avait été innocente ? Un outil, un simple jouet utilisé dans le but d'en blesser d'autres. Horus voit les choses différemment. Ceux qui méritent de souffrir méritent de mourir. Les innocents ne peuvent être utilisés comme des objets. Mais visiblement, ils ne voient pas les choses de la même façon. Il ne répond pas à ses dernières phrases, ne trouvant rien à dire. Il recule encore d'un pas, son oeil bleu rendu acéré. Tu as peut-être raison. Tout est trop tard. On ne rattrape pas ce qui est perdu. Il soupire, attristé. Et maintenant ? Il ne se voit pas rejoindre la Tribu...

Bon, au moins, elle joue franc-jeu avec lui. Il hoche la tête, la fixant toujours en laissant retomber un silence discret. Il se rapproche alors qu'il s'était éloigné. Je ne veux pas que tu meures... Te cacher sur l'Île sera sûrement la meilleure chose à faire. Il faut qu'ils te protègent, fait-il en parlant de la Tribu. Même s'il ne les porte pas dans son coeur. Je me dois de tout faire pour essayer de remettre les Shaans sur pied. D'ici que ça marche ou pas, on verra. Tu ne m'en veux pas ? De rester, de ne pas la suivre, peut-être pas encore, peut-être jamais.