Elvis has left the building

BAILEY

L'arabe baie avait un peu trop abusé au bar quelques minutes plus tôt, et avait décidé de se faire un bain de minuit alors qu'il était tout juste midi passé. Elle avançait en titubant, riant seule et pour rien, manquant plusieurs fois de s'effondrer dans le sable. Ce qu'elle finit par faire. Et elle rit, rit aux éclats, jusqu'à ce que les rires se tranforment en pleurs, sans raison valable. Désorientée, perdue, ne comprenant même pas ce qu'elle est entrain de faire, elle cherche quelque chose du regard sur la plage, jusqu'à plutôt tombé sur quelqu'un, confortablement installé sur un tas de bouées. Et pas n'importe qui ? Elle arrête de chouiner comme un bébé, son cœur faisant un bond dans sa poitrine.Bryséis ? Bryséis ?!! Elle crie un peu trop fort alors qu'elle est pas si loin --"

Lorsqu'elle entend son nom en réponse, son visage se fige. Les larmes cessent presque instantanément et l'ensemble de son corps et de son âme semblent devenir inertes l'espace d'un instant, jusqu'à ce que son cœur commence à tambouriner un peu plus fort dans sa poitrine, petit à petit. La forme de ses lèvres dessinent un sourire, franc et sincère, et ses yeux s'illuminent. Elle ne peut décrire ce qu'elle ressent en cet instant mais la joie est si intense qu'elle se lève d'un bond et se dirige vers elle en trotinnant, manquant de nouveau plusieurs fois de se vautrer dans le sable, mais une fois à sa hauteur elle se jette sur elle, assez lourdement, explosant une bouée au passage. Je suis tellement contente de te revoir !

L'euphorie et l'alcool avaient pris toute la place, et elle les avait laisser pleinement faire. Elle n'avait pas besoin d'être correcte avec Bryséis, elle pouvait être telle qu'elle était, elle le savait. Du moins elle pensait le savoir, cela la frappa réellement lorsque l'étreinte devint plus réelle, plus forte – physiquement et de sens. Bryséis lui avait véritablement manqué. Et lorsqu'elle s'en rendit pleinement compte, elle eut l'impression de suffoquer. Son amie, sa meilleure amie depuis toujours, elle était là. Bailey a la sensation de désoulée d'un coup et le choc est d'autant plus violent. Tellement de choses se sont passées dans leurs vies respectives. Elle ne retient pas ses larmes et pleure silencieusement, son visage racée enfouie dans les crins denses et épais de la jument noire. Je suis désolée, tellement désolée ... Pour l'enfant qu'elle avait perdu notamment, pour ne pas avoir été là pour elle, pour l'avoir perdu de vu, pour ne pas l'avoir cherché, pour ce qui lui était arrivé à elle même. Elle était désolée pour tout. Bee n'avait pas pleuré depuis son retour, depuis qu'elle s'était extirpée seule de cette île de malheur. Et étonnamment, cela faisait un bien fou.

Elle sent les chaudes larmes de Bryséis couler sur sa peau, et cela lui procure un sentiment étrange. Bee avait toujours vu sa meilleure amie comme un roc inébranlable, et pourtant, cela la rassurait plutôt que l'effrayait de savoir qu'elle aussi, elle était capable de craquer.
Bailey tressaille, sursaute même, lorsque Bry caresse ses cicatrices, comme si elles étaient encore aussi douloureuses et vives qu'une récente brûlure. Elle ne se dérobe pas pour autant au contact. Elle n'a pas été aussi bien quelque part qu'à ses côtés ces derniers temps. La voix de l'andalouse la ramène à la réalité, et instinctivement leurs regards se cherchent et se trouvent. Le grincement horrible du plastique lui arrache un petit rire, entre deux reniflage bruyant de morve intempestive et rebelle. Elle vient s'installer confortablement à ses côtés, faisant tout autant de bruit qu'elle si ce n'est plus, le temps qu'elle s'installe. [C'est moi qui t'ai abandonné lorsque tu en avais le plus besoin. J'aurai du être là pour toi, j'aurai du me battre même si ça avait été contre toi, pour te soutenir dans cette terrible épreuve que tu as vécu. J'espère que tu me pardonneras d'avoir été une très mauvaise amie ... Elle ne peut s'empêcher de baisser les yeux sous le coup de la culpabilité. Même si c'était Bryséis qui était partie, elle n'aurait du la laisser faire, elle aurait du lui montrer que dans la joie comme dans la peine, elle serait là. Mais elle était sans doute trop préoccuper par ses stupides problèmes de cœur. Pathétique.
Après un bref silence, elle soupire, puis relève tristement son regard vers elle. J'ai été capturé par les natifs et emmenée sur leur île. Je suis restée prisonnière je ne sais pas trop combien de temps, j'ai fini par réussi à m'enfuir. Ils ont fini par me rattraper et m'on poussé du haut d'une falaise. J'ai … Je sais pas comment, mais j'ai survécu, sans qu'ils le sachent. Mais on avait pas trouvé l'accès à l'île à l'époque et je suis restée des semaines, des mois je sais pas trop, à chercher la sortie en vain. Tout était hostile là bas, mes souvenirs et mes pensées flous du à la chute. Et un jour j'en ai eut marre ... Elle marque une pause. Sa bouche est soudain si sèche et pâteuse. Sans doute son esprit lui rappelant l'eau salée de la mer ingérée en trop grande quantité ce jour là. J'ai traversé à la nage pour rejoindre le continent. J'ai cru mourir tellement de fois... Mais j'ai fini par m'échouer sur Luanera. Sueño m'a trouvé, comme s'il savait que j'allais lui revenir … Et maintenant c'est lui qui est plus là, pouf, disparu, envolé. Elle a un rire ironique et amère, incontrôlé, avant de redevenir étrangement silencieuse, fixant l'horizon. Les souvenirs ont fini par revenir, petit à petit, de ce qu'on me faisait là bas. Je .. Je te passe les détails, mais j'ai eut un fils.

Elle envie son amie. Elle envie son côté si désinvolte, d'agir et quoi qu'il se passe, d'assumer les conséquences sans ciller ni se laisser abattre. Mais elle n'est pas surprise, Bryséis avait toujours été une impressionnante force de la nature.
A la fin de son récit, elle sent ses muscles se tendre et silencieusement, dans un souffle chaud laisser contre son encolure, elle la remercie d'être restée près d'elle. Elle a l'impression qu'elle va s'écrouler si Bry s'en va, et qu'elle ne parviendra pas à se relever cette fois. Bailey est fatiguée de se battre continuellement. Ne peut-elle pas avoir un vie calme ? Au moins un peu ? Je … Je ne sais pas qui m'a poussé Bry', je n'ai vu personne, j'ai juste senti qu'on m'a violemment poussé et je suis tombée. dévoile t-elle un peu penaude, comme si elle avait honte de ne pas savoir, honte d'avoir vécu toute cette histoire, honte d'avoir été la victime dont elle raconte tristement l'histoire. J'aime Sueño, tellement que ça fait parfois mal. Mais … Mais non, ce n'est pas lui le père. Elle relève doucement ses yeux humides vers la grande jument noire et hoche lentement la tête, pour confirmer. Je … Je ne connais pas son nom. C'est un akhal, gris. Et .. Il a aussi violé ma fille, ma Idunn … Comment tout ça a pu arriver ?