impossible case #P

Son regard incendiaire surplombait le canyon alors qu'elle était postée là, face au vent. Elle avait besoin de se sentir vivante pour contrer toutes les morts auxquelles ils avaient tous besoin de faire face. Les jours avaient passés par plusieurs, mais la culpabilité ne semblait pas vouloir s'effacer de son coeur, bien qu'elle s'atténuait. Mais elle savait qu'elle n'allait jamais pouvoir complètement l'oublier, têtue comme elle est.

La dame arriva enfin sur le territoire de lande de poussière et observa les environs un moment, ce n'était pas vraiment ce qu'elle s'était imaginée comme paysage. Cela ne l'arrêta pas et Irisviel poursuivit son chemin, calmement.

La jument à la robe ne feu ne mit pas beaucoup de temps à discerner la présence d'un autre individu, étant face au vent qui lui apporta l'odeur de la jument pie qui se dressa à l'horizon. Une robe difficile à manquer dans ce paysage aux couleurs du sable et de la chaleur. Rivant son regard sur l'inconnue, elle attendit qu'elle se rapproche. La rencontre serait inévitable. Et même si elle avait pu être évitée, Phoenix l'aurait provoquée. Avoir une étrangère si près de la pyramide et donc si près du camp n'avait rien de bon par ces temps.

Une brise se leva, douce et froide tout à fait dans les goûts de la bicolore qui semblait profiter du moment plus que autre chose. Irisviel dressa subitement ses oreilles, ses sens bien réveillés, la femelle comprit qu'elle n'était plus seule, désormais. Il y avait bel et bien quelqu'un d'autres, ici. Tout en continuant de se rapprocher encore et encore plus, la paint horse l'aperçu en peu de temps, se tenant là, devant elle. Il s'agissait d'une jument arabe aux allures bien sveltes et à la musculature bien développée. Iris' n'était pas trop mal aussi, elle avait son propre charme et c'était parfait ainsi. La jument s'arrêta lorsqu'elle fit face à l'inconnue et sourit tout simplement, bienveillante. « Bonjour! » lança-t-elle, joyeusement.

En voyant l'autre se rapprocher de plus en plus d'elle, elle comprit qu'elle était devenue la cible de la pinto. Ses oreilles s'orientèrent légèrement vers l'arrière, par méfiance plus que par animosité. Elle ne savait plus si elle pouvait avoir confiance en les inconnus, ces temps-ci, encore moins aussi près du camp. Mais l'inconnue ne lui semblait pas hostile non plus, ce qui eut pour effet de la détendre un peu... Un peu. Salut. Sa voix n'était ni douce ni sèche. Juste polie. T'es nouvelle ? s'enquit l'alezane. Ce genre de chose, ça se sentait un peu.

Remarquant les oreilles rivées vers l'arrière, la bicolore cessa tout mouvement et laissa une distance entre elles, par politesse. Irisviel demeura à une bonne distance et sourit brièvement, lui montrant qu'elle n'était pas là pour de mauvaises intentions. La demoiselle hocha la tête en signe de respect pour l'arabe et lorsqu'elle lui lança ces quelques paroles, la pie se sentit un peu plus à l'aise. « Allo! » souffla-t-elle, sur un ton doux et tout bas. Tout le monde se rendait très rapidement compte qu'elle ne venait pas d'ici et c'était pas une mauvaise chose, Iris savait que c'était voir très évident aux yeux des gens. La fleure bleue ne bougea pas tout de suite, laissant la même distance respective entre elles et pointa ses oreilles vers l'avant. « Oui, je suis nouvelle ici. Je me prénomme Irisviel. Enchantée. » finit-elle par dire avec une jolie aura planant autour d'elle.

La rouquine lui rendit alors doucement son sourire. Quelque chose en l'inconnue la rassurait, lui prouvait qu'elle n'était pas mauvaise. Mais la vie lui avait appris à ne pas se fier aux apparences. Notamment avec Spartacus et Nyveèn, deux cas différents et pourtant semblables aux yeux de l'arabe. Elle se sentait juste un peu mal pour l'étrangère qui devait payer pour ce que d'autres lui avaient fait. Au moins, si elle était nouvelle, elle ne savait pas que le camp était tout près et n'était donc pas une menace. J'suis Phoenix. répondit-elle à son interlocutrice. Tu viens de loin ?

La paint horse n'avait pas encore rencontré assez de monde, elle venait à peine d'arriver ici et se faire des amis aujourd'hui, ce n'est pas du tout facile. Si elle pouvait en avoir quelques-uns qui sont vrais, la demoiselle en serait tellement ravie. L'alezane en avant d'elle se présenta sous le nom de Phoenix, c'était très jolie et la jument sourit de plus belles, heureuse. « C'est un très joli prénom. L'oiseau de feu, cela te va très bien. » lâcha-t-elle, les yeux pétillants d'étoiles célestes. Puis, elle finit par faire un à deux pas vers l'arabe, un peu plus confiante qu'il y a quelques minutes auparavant. « Je viens de loin, effectivement. Au-delà de ces collines et montages, c'est là que je vivais avant. » dit-elle, sans trop s'aventurer sur se terrain qui était disons-le, assez coulant.

Un mince sourire égaya son visage lorsqu'elle reçut les compliments de l'inconnue poivre et sel. Ça faisait longtemps qu'une personne qu'elle ne connaissait pas se permettait de se montrer gentille envers elle. Et même si on ne la changerait jamais vraiment, elle ne pouvait que se montrer un peu plus douce envers elle. C'est gentil, merci. souffla-t-elle. Elle planta son regard sombre dans celui de la pie. Pourquoi es-tu partie ?

Le lieu regorgeait autant de secrets que pouvait en posséder la jument sel et poivre, il y avait pour l'instant aucune chance qu'elle raconte son histoire, enfin pas tant qu'elle ne sera pas enfin ' prête '. Irisviel ne donnait que très rarement sa confiance aussi rapidement, mais une chose était certaine c'était que Phoenix n'était pas une mauvaise personne, même qu'elle pourrait fort bien devenir une bonne amie. La bicolore sourit brièvement, se montrant forte et ne voulant pas jouer la comédie. Elle se lança donc avec entrain. « Bien, c'est un peu compliqué... Est-ce que tu m'autorises à t'en reparler une autre fois quand je serai vraiment prête? » demanda-t-elle, avec honnêteté et une légère tristesse dans son regard qu'elle tentait de cacher, mais en vain.

La journée allait bientôt prendre fin, l'obscurité commençait petit à petit à prendre enfin place et la pie leva lentement les yeux vers le ciel, s'apercevant que les nuages recouvraient le ciel laissant un aspect beaucoup plus sombre sur le canyon.

Phoenix haussa un sourcil, visiblement sceptique face aux justifications de l'autre jument. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à vouloir tout lui cacher ? C'était à peine si elle pouvait poser une question et avoir un réponse. Elle leva les yeux au ciel. C'est pas comme si j'avais le choix. rétorqua-t-elle, cynique. Elle s'ébroua, pour chasser les mauvaises ondes de son corps. En même temps, elle ne pouvait pas trop lui en vouloir, elle qui avait si longtemps caché son propre passé. Ce n'était pas toujours facile. Tu comptes poser tes valises ici ou continuer de voyager ? demanda-t-elle, curieuse. Il lui semblait que beaucoup de nouveaux peuplaient Lunaera. Elle se demandait juste si c'était que des visites passagères ou de nouveaux citoyens.

Elle ne fit aucune scène face à la réaction de la jument, celle-ci pouvait bien faire n'importe simagrée que cela ne dérangerait aucunement la sel et poivre. Après tout, elle avait assez de vécu pour ne pas s'en faire avec ce que les autres pouvaient bien penser d'elle et sourit, tout simplement sans juger personne. « J'aimerais poser mes valises. Tout dépendra de l'attachement que ce lieu m'apportera et les rencontres. » lâcha-t-elle, en regardant l'horizon. « Je suis venue ici, car mon passé et mon ancien chez moi étaient devenus trop... lourd pour que j'y reste. » dit-elle, pour faire comprendre à Phoenix que ce n'était pas parce qu'elle ne voulait pas en parler, mais bien car elle désirait en parler avec quelqu'un qu'elle se sentirait en sécurité et en confiance.

De toute façon, ce n'était pas vraiment dirigé vers elle en particulier. Elle avait mauvais caractère de base donc avec les étrangers en qui elle n'avait pas vraiment confiance, il ne fallait pas trop lui en demander. M'ouais, je vois le genre. C'est ce qui m'est arrivé aussi. fit-elle alors avec un petit sourire en coin, comme pour lui montrer qu'elle était sincère. Le changement peut faire du bien. Si je n'étais pas partie, je n'aurais pas rencontré mon conjoint et je n'aurais pas eu mes trois enfants.

Aux paroles de la femelle, Irisviel se sentit légèrement mieux et hochait la tête à chaque phrase, appréciant ce que disait Phoenix. Un conjoint et trois enfants, ce devait être merveilleux de pouvoir avoir une ' vraie ' famille, la sel et poivre se mit à marcher, levant les yeux vers le ciel. « Nous sommes alors un peu dans le même bateau. Notre passé est difficile à raconter et pourtant, nous voilà ici. » dit-elle, en gardant sa bonne humeur.

Le vent se mit à être un peu plus fort et la bicolore sentit la brise froide la transpercer, elle ne trouvait pas cela si désagréable. « Tu dois être fière de ta famille. Un jour, je pourrai vivre ce bonheur... » souffla-t-elle, nostalgique.

Le vent froid du Nord lui glaça l'échine et elle ne put s'empêcher de frissonner. C'était rare qu'il fasse aussi froid dans le désert et la petite arabe n'y était pas habituée. Elle sourit à son interlocutrice, hochant lentement de la tête. Oui, je suis fière d'eux, même si ce n'est pas toujours facile, ces temps-ci. avoua-t-elle alors, sans chercher à en dire davantage. Mais cette simple phrase la fit réaliser à quel point elle était chanceuse de tous les avoir malgré les difficultés. Ils restaient unis malgré tout le bordel qui leur tombait sur la tête.