/ cat and lion

/ ASZIO

Aïe ! gémit le petit sudiste en s'écartant du félin qui l'a griffé. Ce dernier le fixe, les poils ébouriffés, crachant dans le vide en guise de prévention. C'est bon, c'est bon, j'ai compris, t'es mal luné ! Pff, lui qui avait cru que les chats étaient sympas

(donc ils se sont pas rencontrés à la cérémonie c'est ça ?)

Aszio sursaute légèrement mais sa fierté le fait se reprendre tout de suite. Il bondit face à l'étalon, sans aucune peur bien qu'il fasse trois têtes de plus que lui, facile. Ses petites oreilles sont inclinées vers l'arrière et il dévisage l'autre avec méfiance. Moi aussi je suis indépendant ! clame-t-il sans le quitter des yeux.

Un chaton ?! Aszio sent ses poils se hérisser le long de son échine. J'suis pas un chaton ! Plutôt un lion ou un tigre, mais pas un bébé Il fouette l'air de sa petite queue encore courte. Puis l'étalon s'interrompt et l'enfant aux yeux ambrés le fixe étrangement. Qu'est-ce qu'il lui arrive, à celui-là ? Il semble avoir été mis sur off. Ses iris sont cernés d'un noir profond, entourant ces flammes couleur fauves qu'elle n'avait pas. Mais il a une partie de ses yeux noirs, comme un gouffre qu'il ne connait pas encore, une partie de lui qu'il n'a jamais rencontrée lui-même. T'as vu un fantôme ou quoi ? Il ne croit pas si bien dire...

Bizarre, le mâle ne lui répond pas. À la place de quoi il lui tourne même le dos pour s'enfoncer dans les ruines. Quel malpoli celui-là ! Aszio, sourcils froncés, le suit comme son ombre, intrigué par son soudain changement de comportement. Je t'ai posé une question ! le hèle-t-il pour le pousser à répondre. Réponse qui ne se fait pas plus attendre et qui fait ralentir l'enfant. La voix de l'étalon a beau être basse et grave, il perçoit comme de la colère. Qu'est-ce qui cloche chez lui ? Est-ce qu'il a rencontré un taré ? Mais plus perçante que l'intimidation ou la peur, c'est la colère qui pousse Aszio à rejoindre le grand isabelle jusqu'à lui couper la route, le forçant à affronter son regard enflammé. Comment tu peux savoir que j'le suis pas, hein ? Tu m'connais pas ! Il a haussé la voix, voix qui est du coup devenu plus aiguë.

Aszio sent ses muscles se tendre. Il bout intérieurement et cela ne va pas se contenir longtemps vu sa failbe capacité à se contrôler. Il est jeune, trop jeune. Et l'inconnu face à lui est trop vieux, pour se permettre un tel comportement. Ou peut-être qu'il n'y a pas d'âge ? Peut-être que lui non plus ne se contrôlera ja,ais ? Cette idée l'effleure et il la laisse passer, indifférent. Il ignore de qui il parle - les terres sont vastes, tant de gens sont sans doute morts ces derniers mois mais le nom qu'il emploie lui secoue l'échine d'un frisson désagréable. Il sait que c'est le nom de la famille de sa mère. Il se redresse alors de toute sa (petite) hauteur et fusille l'étalon doré de ses yeux ambrés. Des iris incandescents. Je suis un Leonfrost !

Aszio tente de déchiffrer la multitude d'émotions qui traversent l'étalon face à lui. Mais elles sont tellement emmêlées qu'il peine à savoir si l'inconnu est surpris, en colère, content, ou bien tout à la fois. Il se grandit fièrement, aborant son air de prince très sûr de lui. Je suis les deux à la fois ! clame-t-il avec un large sourire. Descendant des deux plus grandes familles de ces terres, et il n'en est pas peu fier ! Bon, y a aussi sa soeur qui a ce privilège. Et Xander, aussi. Et puis toi, t'es qui déjà ?! Bah oui, il a l'air d'être vachement au courant des noms de sa famille et ça, y en a pas beaucoup qui le sont. Pourtant, il ne se souvient pas avoir vu le mâle doré au campement.

Redjim. Red. Aszio recule précipitamment en se butant à un rocher. C'est toi.. souffle l'enfant en écarquillant les yeux. Il le fixe, retrouvant le même corps doré que celui du corps de sa mère, la même musculature imposante, le même prestige. Est-ce qu'elle avait les yeux aussi noirs que lui ? Il se grandit un peu, se reprenant. Aszio, corrige-t-il un peu sèchement, vexé qu'il écorche son nom. Sûrement Ceresia qui l'avait brieffé. Il garde le silence, ne sachant pas quoi dire.

Mais Aszio ne sourit pas à la plaisanterie de l'isabelle. Il reste stoïque, essayant de garder le contrôle sur les différentes émotions qui le traversent. La colère illégitime, l'incompréhension, l'envie de se jeter contre lui... Du coup, il reste figé. Red prononce le nom de sa mère mais Aszio ne tressaille même pas, il le fixe toujours de ses yeux couleur des champs de blés sous le soleil couchant. T'es parti depuis combien de temps ? demande-t-il en tentant de ne pas mettre de rancune dans sa voix enfantine qui vibre. Et pourquoi t'es revenu au juste ? Parce qu'elle est morte ? Le mot ne lui fait pas peur. Lui, il était là. Lui, il l'a vu mourir, même si les souvenirs sont justes flous et glaçants.