we were here // N

Ils s'étaient souvent retrouvés là, appelés par la brise glaciale du Nord et ses merveilles. Lorsqu'ils avaient eu un élan de nostalgie, ils y étaient allés et souvent, ils s'y étaient croisés. Et maintenant, le voilà qu'il s'y retrouvait seul, pour voir la statue qui avait été sculptée à sa mémoire. Ça lui faisait tellement étrange.

X A N D E R

X avait mis quelques semaines avant de réussir à se rendre seul ici. Comme ci cela rendrait tout ça réel. Comme ci jusque là il était parvenu à se dire qu'elle était toujours en vie. Il avait pourtant toujours été en paix avec la mort, ne la voyant pas comme une fin mais un renouveau. Mais il était plus difficile de garder ce cap de penser et de philosophie quand on perdait l'un des piliers de sa vie.

Le bruit de ses pas résonnent au travers de la grotte, et certainement aussi sa respiration anxieuse. Bientôt la statue de glace se dresse devant lui. Grande, imposante, magnifique. Il reste un instant subjugué sans remarquer l'autre présence régnant dans le sanctuaire. Au bout de quelques instants un sourire ému finit par orné ses lèvres. Puis il se rendit compte de la présence du mâle. Bonjour, pardonnez moi, je ne vous avais pas vu. Je peux partir et vous laissez seul si vous le souhaitez.

En entendant des bruits de pas crisser dans la neige, il effaça légèrement sa présence, se faisant plus discret pour observer. Un étalon pie entra dans la pièce où il se trouvait et un petit sourire rehaussa ses lèvres. Tu as beaucoup de visite aujourd'hui, Lov. pensa-t-il tristement. Silencieux, immobile, l'ombre fixa la scène sans rien dire, respectant que le bicolore était venu pour se recueillir. Il s'apprêtait à faire demi-tour et à s'en aller quand l'autre étalon l'interpella. Il n'y a rien à pardonner. Ce serait plutôt à moi de te laisser seul. fit-il, laissant tomber les politesses du vouvoiement. Il inspira profondément l'air glacé du Nord, laissant le silence retomber. Ta mère me manque déjà. soupira-t-il. Il se souvenait de lui, il était là quand elle a poussé son dernier souffle.

Il avait pris son courage pour venir ici seul mais n'était pas certain de vouloir le rester maintenant qu'il ne l’était plus. Alors il sourit à l'inconnu lorsqu'il ne s'exécute pas et qu'il reste. X s'attarde sur les traits de son visage, qu'il a déjà vu, le jour où elle les avait quitté. Il était venu à son chevet, un lien fort avait dû les unir pour qu'il ressente d'aussi loin qu'elle était sur le déclin. Le pie tourne le visage vers celui de la statue. Au fond il ne savait pas grand chose de la vie de sa mère. Ils avaient été si longtemps séparé, et une fois réuni, ils avaient érigé une espèce de bulle les coupant du monde chaque fois qu'ils se retrouvaient. Il ne s'agissait alors plus que d’eux deux. Et ce ne fut jamais pour lui déplaire. Au fond, il avait toujours su qu'ils avaient une relation mère/fils peu commune, qui frôlait la déraison, mais il avait préféré fermer les yeux tout ce temps pour ne rien faire voler en éclats. Égoïstement peut être, pour qu'elle ne soit qu'à lui et qu'il ne soit qu'à elle le temps de ces instants. À moi aussi. Énormément. Il pensait leurs vies liées, que l'un ne vivrait plus sans l’autre. Mais c'était faux, il ne savait pas trop comment ni pour combien de temps, mais lui faisait toujours parti du monde des vivants. Il avait beau aimé de tout son cœur Enja et Thyl, il ne parvenait pas à se défaire de ce sentiment étrange de déception. Il ferme les yeux et soupire, puis concentre son attention de nouveau sur le mâle noir. Vous étiez proche ?

Lorsqu’il ne le contredit pas, il supposa qu’il avait eu raison sur le lien de parenté entre lui et Lov. Un petit sourire étira ses lèvres, content d’avoir vu juste. Il savait qu’il n’avait pas connu tout de la lionne, mais il faisait partie des chanceux qui avaient eu le privilège d’en connaître une partie. Et pour ça, il en serait éternellement reconnaissant, bien qu’il ne trouvait pas juste qu’elle soit partie avant lui. Elle méritait encore tant, était vouée à une avenir brillant. Mais tout ça avait volé en éclats en si peu de temps. Et maintenant, ils devaient tous continuer d’avancer sans elle. Il savait qu’elle était toujours là, en quelque sorte, mais ce n’était pas pareil. Oui, elle était ma meilleure amie. C’était presque comme si on avait fait partie de la même famille, elle et moi. Le Nord avait été leur famille. Je sortais à peine de l’adolescence quand je l’ai rencontrée. Et elle n’était qu’une enfant orpheline. Une pointe d’amusement tonna dans sa voix, marquant le ridicule du départ si tôt de sa fidèle amie. Ce n’était pas juste. Il secoua lentement la tête. Pour plusieurs raisons, c’est en partie à cause d’elle que je suis toujours en vie.

Cela lui fait bizarre d'entendre l'étalon noir confier qu'elle était sa meilleure amie. Certainement était ce réciproque. Pourtant il ignorait qui était ce mâle jusqu'à ce qu'il lui fasse cette confidence, or elle avait été importante pour lui et inversement. Connaissait-il vraiment sa mère ? La réponse est évidente, ils n'ont pas eut assez de temps ensemble pour cela, et malgré tout, cela le peine. Comment t'appelles tu ? demande t-il alors. Si il avait été important pour sa mère, elle aurait surement souhaité qu'ils se rencontrent un jour, autant faire les présentations.
Orpheline. Il ne peut s'empêcher de tourner de nouveau ses yeux vers la statue à ce mot. Lui aussi avait grandi orphelin. Puis petit à petit, il est devenu un fils, un frère, un neveu puis un père. Tout cela l'avait effrayé au début, désorienté. Il se demanda un instant si il en avait été de même pour elle, lorsqu'elle aussi enfin elle avait eut une famille. Et peut être que sa famille avait commencé par cet étalon face à lui. Je crois qu'elle a grandi et vieillit avec la pensée qu'elle n'était pas assez bien pour être aimée. confie t-il dans un murmure avant de regarder de nouveau l'ébène. Elle est partie sans savoir à quel point elle avait tord.

Pourtant, il savait pertinemment qui était le pie, du moins il s'en doutait. Lov lui avait parlé de ses enfants et des mésaventures de son long parcours de vie. Et, ayant été lui aussi à son chevet, il avait fait les liens par lui-même dans sa tête. Je m'appelle Njörd. C'était triste de se dire qu'il avait fallu le départ de la lionne pour qu'il se mette enfin à rencontrer sa famille, du moins la partie de la famille qui lui avait été, jusque là, inconnue. Comme si les Tsoldur et lui vivaient dans deux mondes complètement différents. Du moins, maintenant, c'était comme s'ils se rejoignaient enfin, ou quelque chose comme ça. C'est vrai qu'elle l'a pensé souvent. Bien que Lov ne le lui avait jamais vraiment dit, c'était quelque chose qui se sentait. Mais j'ose penser qu'elle a vu, à la toute fin, à quel point elle était aimée et entourée. Ils avaient été plusieurs à être profondément affectés par son envol et à avoir été là pour elle. Sa présence à son chevet avait tout voulu dire pour lui. Elle était heureuse. Vraiment. J'aurais juste aimé qu'elle en profite un peu plus longtemps. Il disait vrai, bien qu'une partie de lui se consolait en se disant qu'au moins, elle était partie dans le bonheur plutôt que dans la souffrance et dans la solitude. Elle avait terminé d'écrire la dernière page de son histoire sur une belle note, même si son départ était tout simplement triste.

X incline respectueusement la tête lorsqu'il dévoile son nom. Il rencontre donc le meilleur ami de sa mère ainsi que le mari de Myosotis. Je suis Xander, mais on m'appelle souvent X. Il ne précise pas qu'il est un fils de Lov, Njord l’a certainement déjà deviné.
Il écoute attentivement ce qu'il dit et tente par tout les moyens de s'en persuader. Mais il connaissait sa mère d'une manière que peu voir personne d'autre que lui ne connaissait, il en était convaincu. Et même si oui, il espérait qu'elle ait senti qu'elle était partie soutenue et entourée, elle était aussi partie avec cette faille creusée trop profondément dans son cœur depuis sa tendre enfance, incapable de cicatriser complètement, totalement. J’aurai aimé qu'elle connaisse mon fils… confie t-il dans un murmure, sans réellement savoir si il était destiné au mâle ou à la statue. J’étais avec Myosotis avant de venir ici, j'ai souvent entendu parlé de toi. dévoile t-il avec un petit sourire.

Njörd hocha doucement la tête, assimilant doucement l'information que lui livra le bicolore et plaça enfin un visage sur un nom qui était familier à ses oreilles. C'est un plaisir d'enfin te rencontrer. Si seulement les circonstances avaient été différentes... Il avait fallu que la lionne quitte le monde des vivants pour qu'il se botte le derrière pour rencontrer tous les membres de cette famille du Sud qui l'avait accueillie, elle, fille du Nord et de la neige. Il regrettait de ne pas avoir pu faire toutes ces rencontres sans cette peine qui lui nouait les entrailles. Mais il ne pouvait rien y faire de toute façon. Il ne pouvait pas retourner en arrière, si ramener sa fidèle amie à la vie. Njörd capta son murmure, sans qu'il n'y réponde, tout même un peu soulagé de ne pas être le seule à avoir des regrets. Il fallait juste faire la paix avec. Un petit sourire illumina le visage de l'ébène en entendant le nom de sa tendre moitié. En bien j'espère. rétorqua-t-il en riant doucement, calmement. J'ignorais que vous vous connaissiez. Le monde est plus petit qu'il ne le semble.

Ils ne s'étaient pas côtoyés un nombre incalculables de fois mais chaque nouvelle rencontre avec Myosotis avait été un instant précieux partagé à ses côtés, bien qu'il est écourté ce dernier moment passé avec elle, trop mal à l'aise avec lui même ces derniers temps et craignant de la mettre elle aussi en danger. Je l'ai connu avant qu’elle ne te rencontre, lorsque son cœur était encore meurtri. Je suis heureux de lire dans ses yeux tout le bonheur que tu lui apportes. Elle est tel un soleil, et elle resplendit plus encore à tes côtés. Il garde un instant le silence en contemplant la statue. Sa mère aussi aurait elle irradiée de lumière aux côtés d’Asmund ? Il ne pourra jamais le savoir. Il se rend compte que ses mots peuvent porter à confusion quant à ses sentiments à l’égard de Myosotis, il tourne de nouveau le visage vers Njord, avec un petit sourire se voulant rassurant. Ne te méprends pas, Myosotis m’est chère mais mon cœur appartient à une autre.

Son regard s'était automatiquement fait plus tendre en parlant de sa douce, sa plus grande force, mais inévitablement sa plus grande faiblesse. Elle lui donnait son courage et sa détermination, mais elle avait le don de faire fondre son coeur en une fraction de seconde. Il ne s'autoriserait habituellement pas à le montrer avec un inconnu, mais il ressentait qu'il pouvait lui faire confiance. C'était le fils de Lov après tout. Elle est le soleil de mes journées et la lune de mes nuits. Son coeur est le trésor le plus précieux qu'il m'a été permis d'obtenir. Elle m'a sauvé moi aussi. répondit-il au pie. Le voir essayer de se justifier lui arracha un petit sourire amusé. T'en fais pas, je lui fais confiance de toute façon. affirma-t-il sans l'ombre d'un doute. Mais une autre information titilla sa curiosité. Qui a donc su te voler ton coeur ?

X se demande un instant si Lov peut les voir, tout les deux, à discuter, à échanger, à apprendre à se connaître. Et ça le fait sourire de croire qu’elle aussi sourit, en les observant faire connaissance, regrettant peut être également tout comme lui, qu'ils ne l’aient pas fait de son vivant.
Ses moments d’égarement sont brefs bien que nombreux, sans doute la présence de cette statue de glace symbolisant sa mère qui renvoie chaque fois ses pensées vers elle. Sa manière de parler de Myosotis les ramène à eux, à cet instant. Il est ravi d'entendre ces mots sortirent de sa bouche, cela le conforte dans l'idée que Njord prend vraiment soin de son amie et qu'il l'aime à sa juste valeur. Enja. dévoile t-il, ne pouvant s'empêcher de sourire en pensant à elle. Je crois que son père vit avec toi. Winterfell ? Il n'est pas certain du nom, sa belle ne lui en parle pas beaucoup, il faut dire que c'est compliqué.

Enja. Ça lui disait vaguement quelque chose. Il remonta dans ses vieux souvenirs, des souvenirs qu'il avait enfoui depuis si longtemps. Enja, une jeune guérisseuse qui avait essayé de l'aider quand tout allait de travers, quand il croyait qu'il n'y avait plus d'espoir. Il se souvenait de sa douceur et de son altruisme. Une âme pure, comme elles étaient rares de rencontrer. Je sais qui elle est. Ça va bien entre vous ? C'était un peu indiscret comme question, mais ça ne partait pas vraiment de mauvaises intentions. Il voulait juste se renseigner un peu sur la vie du fils de Lov. Oui en effet. Il a pris le rôle de conseiller après que ta mère ait quitté le clan.

X ouvre la bouche sans savoir quoi répondre au début, assez déstabilisé par sa question. Il pose sur le mâle noir un regard surpris et interrogateur, presque un peu … Méfiant. Myosotis lui a t-elle parlé de son problème ? Hum, il lui en avait lui même parlé avant de venir, cela lui semblait compliqué qu'elle ait eut le temps d'en parler à Njörd. Je … Excuse moi pour cette hésitation. Je suis … Malade. Et c'est assez pesant pour moi, mais Enja est merveilleuse et fait son possible pour rendre ma vie meilleure. Il glisse un sourire un peu bancale sur ses lèvres, mal à l'aise. C'est juste que j'ai l'impression de ne pas lui rendre la pareille, de ne pas réussir à lui donner tout ce qu'elle mériterait d'avoir. Il ne sait pas vraiment pourquoi il se confie à un étalon qu'il connait si peu, mais peut être est ce justement ce manque de lien qui fait qu'il est plus facile de lui en parler.