/ his face's a map of the world

N A R V A L

Fantomatique, sans un bruit, le reflet de la silhouette de Narval surplombe celui de Faucon dans l'eau limpide. Perché sur le rebord de la berge, son regard transperçant se rive sur les canards qui barbotent près de son frère, cela le dérange que ces stupides créatures gravitent autour de lui.

(Faucon est bien dans l'eau ? J'ai compris ça comme ça )

Le yearling n'accorde plus la moindre attention et importance à ces fichus volatiles lorsque son frère se tourne vers lui et lui fait face. Ainsi posté sur la berger, il le domine en taille, mais en réalité, il en est encore loin. Narval se délecte du sourire que Faucon lui offre, sans pour autant lui en offrir un en retour. Ils étaient rares, sa froideur et son dédain se confrontant toujours au reste du monde. Mais un éclat particulier brillait dans son regard en présence du mâle, c'était sa manière à lui de lui sourire chaleureusement. Il ferme d'ailleurs les yeux à son contact, le savourant, avant de faire de même. Il s'écarte légèrement de son passage lorsqu'il le rejoint sur la berge, tout en cherchant le visage à associer au nom qu'il lui donne. Toundra. Il lui en avait déjà parlé. Et il l'avait vu à la cérémonie. Il secoue négativement la tête. Pas ailleurs qu'à la cérémonie. C'est ta … Soeur ? interroge t-il, les informations se mélangeant parfois dans sa tête. Mais le mot avait aussi eut du mal à sortir, par jalousie. Il aurait aimé qu'il ne soit que son frère rien qu'à lui.

Il tique légèrement à la proposition de son frère. Sa sœur ? À lui ? Sa mâchoire se crispe et il détourne ses yeux clairs de ceux de Faucon, observant une poignée de secondes le lagon avant de revenir au visage du bai, qui s'était rapproché de lui. Narval reste parfaitement immobile, n’esquisse pas de pas de recul, sa proximité étant bien l'une des rares qu'il tolère. Cela dépendra d’elle. finit-il par trancher. Pas dans le sens où la décision appartient à Toundra, dans le sens où cela dépendra de si elle mérite ou non de devenir sa sœur. Néanmoins ce n'est pas un non d’amblé, il faisait un effort colossale d’envisager cette possibilité, bien que les chances pour cela aboutisse soient minimes voir inexistantes. Je pense reprendre le rôle de chamane. Mère m’a déjà enseigné quelques notions, il faut que je continue de m’exercer. C'est un choix un peu étrange quand on connaissait le fantôme, lui pour qui chaque individu autre que Mygale ou Faucon étaient des êtres insignifiants et infâmes. Mais leur mère lui avait appris à être la mort, pour perfectionner cela, il désirait aussi apprendre à être la vie. Et toi as tu choisi un rôle ? Ou peut être la prisonnière te prend t-elle trop de temps. questionne t-il en inclinant légèrement sa tête sur le côté.

Narval gagne d'avantage en calme et sérénité lorsque son frère approuve son choix, lui offrant cette sensation délicieuse que rien ne pourrait venir entacher cet instant, ce moment, leur moment. Aux côtés de leur mère ou bien à ses côtés, il a cette impression de monde parallèle, n'existe alors plus qu'eux. Mais à un moment ou à un autre, quelque chose ou quelqu'un finit toujours par tout gâcher. En l’occurrence, ici et maintenant, il s'agit encore de ces foutus canards. Ils sortent de l'eau en cancanant affreusement fort, passant devant eux comme si ils en avaient le droit. Narval baisse seulement le regard vers eux, dégoutté, mais aussi … Furieux. Il plaque ses oreilles contre sa nuque de nacre et shoote dans celui qui lui passe devant, qui repart d'un vol plané dans l'eau, les autres s'envolant en panique. Il souffle bruyamment des naseaux, contrarié, avant que la colère ne soit chassée de ses traits aussi brusquement qu'elle était apparue, son visage réempruntant ses airs froids. Comme si rien ne s'était passé. Pour le moment. souligne t-il. Tu mérites bien mieux que cela, et je sais que tu aspires à bien mieux que ça. Quelle est ton idée ? Il connait son frère, et il connait leur mère aussi, elle ne tolérera pas qu'il ne soit qu'un gardien. Elle voudra de l'exceptionnel pour lui, et le fantôme voulait de même pour Faucon. Et si il y avait un quelconque moyen pour qu'il l'y aide, il le ferait.
Enfin, il tourne de nouveau le visage vers lui, et l'observe un instant, sourcils légèrement froncés, soulignant son incompréhension. Tu n'as pas à me remercier. Je donnerai ma vie autant pour elle, autant que pour toi. Si c'est un sacrifice nécessaire, il sera fait. Tu pourras toujours compter sur moi. Narval a parfois du mal à saisir les nuances d'humour, à recevoir les compliments, les remerciements. Il est tel un soldat, avec un plan tracé à la perfection et avec précision, et il était plus que difficile pour lui de s'en détourner. Alors souvent, il passait à côté de bien des choses, juste parce qu'il ne savait pas comment les interpréter.

Il écoute avec attention ses projets, ses désirs, ses ambitions au sein du clan Nayati. Et ce qu'il entend le satisfait plus que ce qu'il a pu entendre précédemment. Là, il incline le visage doucement, approuvant ce choix. Et ne trouvant rien à y redire cette fois.
Il détourne le regard en serrant la mâchoire lorsque Faucon lui assène un coup d'oeil glacial. Il a trop l'habitude d'être l'auteur plutôt que le destinataire de ce genre de regard. Surtout de la part de son frère, cela le met … Mal à l'aise. Il est bien le seul capable de le faire ressentir de telles émotions, autrement, il ignorerait totalement leurs existences. Mais cela le forge, le fait expérimenter pour mieux s'en servir à son avantage, plus tard. Il ne rebondit pas sur ce sujet, la tension étant brusquement montée d'un cran. Il n'a pas envie de ça, pas avec lui. Il ne s'excuse pas pour autant, cela ne fait pas réellement parti de son vocabulaire. Et Faucon semble du même avis car il change brusquement de sujet. Sujet qui ramène ses yeux bleutés sur le visage taquin du mâle bai. Il laisse son regard hautain dévisager cet air, de haut en bas, bas en haut. Me parles tu de plaisirs charnels ? Je n'ai pas ta notoriété et ton expérience mon frère, on t'entendait jusqu'à l'autre bout de l'île avec ton amante du jour, pas plus tard qu'hier. glisse t-il, un sourire cette fois arraché franchement à ses lèvres. Amusé, et taquin à son tour. Mais toujours aussi bref. Il faut savoir s'en saisir. Combien de partenaire as tu déjà eut ? C'est peut être indiscret, il ne s'en rend pas bien compte. Il pose les questions qui lui viennent, sans filtre ni tabou.

Avec elle ? Il tique, réhaussant un sourcil, son frère lui dévoilant une information sans peut être même en avoir conscience. Son intonation, sa manière de le dire, ses mimiques. La elle en question semble différente des autres. Et Narval ne parvient pas à savoir si il en est curieux ou jaloux. Un mélange des deux certainement.
Six ! Sept ! Le fantôme tente de réprimer sa surprise mais allons bon, il s'agit de son frère, il peut se permettre de faire tomber le masque de glace de temps en temps. Ses yeux s'écarquillent légèrement, et en même temps … Il se serait attendu à plus. Mais c'est déjà beaucoup, enfin à son sens, lui qui n'en a connu que … Zéro enfaite. Il secoue négativement la tête, lentement. Pas même un baiser. complète t-il. Ce n'est pas une plainte, cela ne le dérange pas vraiment. Quelque chose qu'il ne connait pas ne peut pas lui manquer. Mais sa curiosité est enclenchée. Comment choisis tu tes partenaires ? Elles sont toutes exclusivement féminine ?

Tandis que Faucon lui explique, l'instruit, Narval repose son regard sur le lagon tout en restant attentif à chacun de ses mots. Il tourne légèrement le visage vers lui lorsqu'un léger silence s'installe, et les mots qui viennent ensuite lui arrache un rehaussement de sourcil. Il ne lui fait pas remarquer que cette précision n'a pas lieu d'être mais il s'interroge sur le fait qu'il se soit senti obligé de le préciser. Pense t-il qu'il soit capable de ça ? En serait-il capable ? Il ne connait pas encore toutes ses capacités, ses exigences, ses désirs, ses plaisirs. Il se dit parfois que Faucon le connait mieux que lui même, a t-il pu aussi voir cela en lui ? Un … violeur ? Narval s'interroge, ses yeux glacés de nouveau placés à la surface de l'eau. Il ne voulait pas poser la question, mais finalement, il a besoin de savoir. Penses tu que je serai capable de ça ? De m'octroyer un corps sans le consentement de son propriétaire ? Son ton n'est pas accusateur, ni peiné, il reste plat, calme. Étrangement.