La terre a la couleur du vent //F//

Myosotis sait qu'il n'a pas envie qu'elle continue de le couver ainsi mais c'est plus fort qu'elle. C'est son bébé d'amour, son bébé lune de miel. Et puis, au-delà de ça, c'est le plus jeune de ses enfants et donc le seul dont elle peut réellement être gaga. Les autres, ça serait un peu étrange, il faut l'avouer.
- Je sais... Mais je t'aime tellement... S'exaspère-t-elle avant de se mettre à rire lorsqu'il lui attrape l'oreille.
Oups, c'est vrai qu'il n'est plus si petit que ça...
Elle finit par récupérer son oreille et choper celle de son fils en retour.

" Mamaaaaaan. " souffle t il avec son faux regard d'ado blasé. Il pousse un petit gémissement théâtrale lorsqu'elle lui tire l'oreille. Il est un poil douillet le petiot. Il vient secoue la tête pour se débarrasser des dents de sa mère et se place face à elle. " Je peux te dire un secret ? "

Elle se retient de justesse de l'appeler "mon bébé". Elle sait que ça risque de ne pas lui plaire et elle s'est promit de faire des efforts pour ne plus l'embarrasser, bien que ça lui fasse de la peine. Voir ses enfants grandir, ça lui a toujours donné l'envie d'en avoir d'autres.
- Bien sûr, je t'écoute.
Maintenant elle est curieuse. Quel pourrait être ce fameux secret ?

Filao s'approche doucement et lui chuchote à l'oreille. " Même si un jour je tombe amoureux d'une fille, tu resteras la jument que j'aime le plus. " souffle t il avec amour en lui déposant un bisous sur la tempe. Même si Filao était grand maintenant, et parfois un peu pudique, il n'éprouvait jamais de gêne pour dire à ses parents qu'il les aimaient.

Là, c'est définitif, le cœur guimauve de Myosotis fond de tendresse. Elle est tellement fière de lui.
- J'espère bien... Souffle-t-elle à son tour à son oreille, d'une voix presque émue.
Il avait grandit si vite... Elle trouvait presque ça injuste.

Le yearling laisse échapper un rire léger, sa mère le chatouille en lui chuchotant dans l'oreille. Il se remet à marcher un peu. Ses sabots s'enfoncent dans la glaise, c'est terriblement répugnant. " Tu es sûre que nous sommes dans la bonne direction ? " demande t il. Il n'avait pas oublié son objectif initial : Trouver à manger. Son ventre grogne de plus en plus. Il est tellement gourmand, qu'il baisse les naseaux a la hauteur des mamelles de sa mère. Peut-être restait il encore un peu de lait ?

Le pas de Myosotis est prudent ; l'humidité retenue dans le sol le rend instable. Autant le dire, une glissade, ça la tente pas trop.
- Oui, bien-sûr.
En fait, elle n'en était pas réellement certaine mais ça, il n'était pas obligé de le savoir.
Lorsqu'il tente de se rapprocher de ses mamelles, elle s'écarte légèrement et le repousse gentiment.
- Bien tenté mais tu as passé l'âge mon grand, se moque-t-elle gentiment de lui.
Après quelques minutes de marche, ils arrivent dans une petite prairie verdoyante. Ce n'est pas vraiment l'endroit où elle voulait l'emmener mais au moins, il y avait de quoi se nourrir.
- Alors, tu en penses quoi ? Demande-t-elle avec un sourire.

Filao éclate de rire lorsque sa mère s'écarte de lui pour mettre ses mamelles hors de portée. Elle avait l'oeil. Il continue a marcher jusqu'à ce qu'ils atteignent un pâturage bien verdoyant. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu une prairie aussi fertile. L'eau lui monte immédiatement à la bouche. " Merci ! " s'exclame t il, plus que ravi. Il s'élance dans la descente en dérapant un peu sur la terre humide. Une fois arrivée, ses naseaux effleurent les brins d'herbe avec envie, l'odeur alléchante lui monte au nez. Il entrouvre la bouche pour saisir une grosse touffe d'herbe mais se ravise et attends sa mère. " Après toi Maman.. " dit il en exécutant une petite révérence assez maladroite.

Si son fils se montre aussi pressé et fait presque preuve d'imprudence en descendant de la colline, c'est loin d'être le cas de Myosotis qui prend son temps pour descendre sans risquer la moindre chute. Une fois arrivée à ses côtés, elle s'arrête et lui sourit.
- Merci mon ange mais je n'ai pas faim.
En fait, ça faisait plusieurs jours que son appétit avait réduit. Elle se sentait anxieuse sans trop savoir pourquoi exactement. D'où son envie de surprotéger son jeune fils.

Filao ne se fait pas prier pour manger goulûment. Tout en mâchouillant, son regard glisse sur les courbes fines de sa mère. Il croit discerner ses côtes. Mangeait-elle vraiment à sa faim ? Elle n'avait pas besoin de se priver, ici il y en avait bien suffisamment pour deux. " Maman... manges un peu. Il faut faire des réserves pour l'hiver. C'est toi qui l'a dit ! " dit il en lui donnant un petit coup de nez sur la joue pour l'encourager.

Cette fois-ci, le sourire de la dorée est un peu crispé. Sa réaction est parfaitement logique mais elle n'a vraiment pas faim.
- Tu as raison mon ange. Merci de me le rappeler, souffle-t-elle.
Pourtant, pour le rassurer, elle s'efforce de cueillir quelques brins d'herbe. Pas beaucoup, mais assez pour qu'il ait l'impression qu'elle s'alimente comme en temps normal.

Le yearling est rassuré et se remet à manger à son tour. Le silence est apaisant, seul le vent qui souffle sur la plaine vient faire bourdonner les oreilles du jeune mâle. Filao paît tranquillement en laissant sa queue battre ses flancs à une fréquence régulière. Il n'y a pas vraiment de mouches, mais c'est plus par mimétisme de sa mère. " Maman.. tu sais si papa va recruter une nouvelle Chamane ? " demande t il, en déglutissant une grosse touffe d'herbe. Tehya était absente depuis longtemps, Filao ne l'avait jamais connue. Apparemment elle était partie peu de temps avant sa naissance, quelques mois après le départ de Fiona. " Je sais que la saison des neiges est bientôt terminée mais je trouve que Winterfell tousse beaucoup ces temps ci. " Comme le yearling n'avait pas le droit de s'éloigner du campement sans garde rapprochée, il passait ses journées à observer ses camarades.

Les pensées qui défilent dans la tête de Myosotis ne sont pas les plus joyeuses. Elle n'arrive pas - plus - à faire abstraction de ses craintes. Pourtant, elle est obligée de jouer un rôle et de faire comme si tout allait bien. Pour ne pas inquiéter ni ses enfants, ni Njörd.
- Non... Je l'ignore. Malheureusement, un chaman, ça ne se trouve pas si facilement, soupire-t-elle.
Il est vrai que l'absence de Tehya et la disparition de Brie n'était pas vraiment de bonnes nouvelles pour le clan. Hélas, Njörd n'y pouvait pas grand chose. Heureusement, les Nilaaks pouvaient toujours compter sur l'aide des autres guérisseurs, en cas d'urgence.
- Tu as raison. Ton père lui a sans doute déjà conseillé d'aller voir Fiona mais tu sais, Winterfell est un peu... comment dire... têtu, répond la dorée.

" J'espère qu'il va vite guérir. C'est notre meilleur guerrier. " Dommage qu'il soit si stupide... mais ça il se retient de le dire. Sa mère serait capable de lui tirer les oreilles si il se moquait ouvertement d'un membre du clan. " Il faudrait qu'on recrute un nouveau Chaman... ou bien qu'on en forme un. " Il se remémore les chevaux de son clan. " Et pourquoi pas Balsamine ? " Elle est si douce, elle serait une excellente guérisseuse. En plus elle déteste les combats. Le seul problème... elle est vraiment tête en l'air.

Un doux sourire fend les lèvres de Myosotis lorsque son fils exprime ses pensées concernant l'ibérique gris.
- J'espère aussi, souffle-t-elle.
De plus, sans lui, Njörd se retrouvait avec une double charge de travail. Ce qui inquiétait réellement Myosotis.
- Pour former un chaman, il faut des connaissances, lui rappelle la dorée. Et Balsamine est bien trop sensible pour assumer un tel rôle, je ne pense pas que ça lui conviendrait, reprend-elle.

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