day of future past

B O R E A L E

La sang mêlée se prélasse dans l'eau du lac, lavant le blanc terne de sa robe pour qu'il redevienne éclatant. Elle sait qu'elle ne se trouve pas loin du territoire des Tsöldurs mais elle s'en moque, peut être est ce une espèce de provocation involontaire bien que désinvolte.

Du bruit lui fait relever lentement la tête et lorsque son regard vairon croise le sien, Allie reste un instant immobile et silencieuse. Est ce un mirage ? Elle penche légèrement la tête sur le côté, sceptique et curieuse à la fois. Un détail l'interpelle et elle focalise son attention dessus. Une plume, longue, belle, unique, virevolte au vent tout en restant fermement ancrée à ses crins. Ce n'est pas une illusion, elle n'aurait pu ajouter ce détail à ses souvenirs. Doucement son regard revient dans le sien. Pourquoi a t-il disparu ? Est il là pour la tuer ? Envoyé par sa famille pour faire le sale boulot. Ou est ce le hasard qui les ramène toujours l'un vers l'autre ? Elle ne l'a pas revu depuis.. Depuis la mort de sa mère. D’où vient elle ? finit elle par demander, brisant le silence, et désignant la plume.

Elle l'observe venir à elle, réprime un sourire de satisfaction. Ses yeux explorent son corps, partant de ses naseaux pour remonter lentement jusqu'à son visage. Les muscles se dessinaient à présent distinctement sous sa peau bicolore, et ce n'était pas sans lui déplaire. Il s'immobilise au bord de la berge, sans qu'elle ne vienne pourtant à lui. Sa réponse lui fait hausser un sourcil, les traits de son visage peignant de l'amusement et de la curiosité. Cherchait-il à la rendre … Jalouse ? Intéressant. Elle ne devait pas être incroyable si tu as besoin d'une plume pour penser à elle. réplique t-elle, piquante, son regard dépareillé flamboyant. Mais s'il ne parvient pas à éveiller sa jalousie, il arrive très aisément à la vexer en revanche. Ses oreilles pivotent vers l'arrière, sans se plaquer contre sa nuque, mais pour marquer l'impact désagréable que ses nouveaux mots ont sur elle. Cette fois elle avance vers lui, sortant lentement de l'eau, dévoilant son corps humide. Elle se plante face à lui, si proche que son souffle parcourt ses lèvres. Tu me connais très mal Gryffon si tu penses apercevoir ne serait ce qu'une once de crainte dans mon regard.

Décidément, le bicolore ne s'y prend pas bien avec la sirène. Il ne cesse les faux pas, tentant de la relayer à un rôle inférieur pour quoi ? La provoquer ? La vexer ? L’énerver ? La rendre jalouse ? Ce n'est pas ainsi qu'il parviendrait à ses fins, et ses fins, elle les connaissait très bien et ce depuis leur première rencontre. Ses mots grincent à l'intérieur de ses oreilles au lieu de les caresser de manière voluptueuse, au lieu de la dompter et la séduire. Elle ne se dérobe pas lorsqu'il plaque son poitrail contre le sien, y tendant ses muscles pour qu'ils se heurtent plutôt qu'ils ne s’entremêlent. Boréale ne peut malheureusement pas contrôler les réactions de son corps, réceptif au sien, qui fait danser quelques frissons le long de son échine lorsque sa bouche remonte lentement jusqu'à son oreille. À peine as tu de nouveau poser tes yeux sur moi que tu l'avais déjà oublié. Exceptionnelle, je le suis déjà. contre t-elle, lui susurrant à son tour contre la peau fine de sa gorge qu'il lui présente, mais d'une voix assurée et déterminée. Allie n’est pas arrogante, quoi que un peu certainement, mais ils se tournent autour sans jamais se saisir depuis toujours, sans se masquer leurs désirs mais sans les assouvir non plus. Tu veux me Gryffon ? Alors ne fuis pas et prends moi, je suis là. Mais je n'aurais certainement pas le rôle de l’amante jalouse et désespérée qui te courra après. Elle recule à son tour son visage, sans se défaire de son contact, pour venir heurter son regard bicolore au sien. Elle met un peu plus de pression sur son poitrail, provocante.

Enfin, il lui souffle des mots qui la flattent, la caressent, tentent de la dompter. À ses mots se mêlent la douceur de ses naseaux, la sensualité de ses lèvres. Allie ne se heurte plus à lui, le laisser avancer, progresser, vers la zone finale qu'il convoite, pour le moment. Elle ferme les yeux lorsqu'il sillonne sa ganache, ses mots confirmant ce qu'elle pensait depuis toujours, ce qu'elle ressentait aussi. Lorsque le contact se brise, elle rouvre les yeux, curieuse et contrariée. Elle ne répond pas à son souvenir, se contente d’entrouvrir ses lèvres dans l’espoir d’y attirer les siennes, et retient un instant son souffle, l'attente de sa bouche devenant douloureuse. Enfin, leurs lèvres et leurs langues se rencontrent, de manière endiablée et sulfureuse. Ce désir contenu depuis tant de temps leur déferle dessus de manière incontrôlable. Elle n’est plus celle qui reçoit les caresses, elle prend les rênes de ce baiser brûlant, dévastateur, tant qu’elle le contraint à reculer d'un pas.
Au bout d'un instant, elle manque d'air et de résigne à détacher brièvement sa bouche de la sienne. Elle halète, tant la passion de ce baiser fut intense. Alors montre le moi… souffle t-elle à l’orée de sa bouche, venant y déposer un baiser à la commissure de ses lèvres. Puis un autre. Avant de glisser pleinement de nouveau sur sa bouche et d'y introduire sa langue, de manière frivole mais fugace puis se retire brusquement, se décolle de lui, recule avec un sourire mutin et un éclair provoquant dans les yeux, son corps commençant à pénétrer de nouveau dans l'eau. Il la voulait ? Qu'il vienne la prendre.