| game of survival

Foudre aimait errer dans le massif de velours à la nuit tombée. Le hurlement des loups lui hérissait le poils, ça lui donnait beaucoup de satisfaction. Plus jeune, elle aurait aimé se confronter à une meute entière pour en devenir l'alpha, mais depuis son accident, elle ne pouvait plus se le permettre. Une odeur de sang attire son attention. La meute s'est sans-doute trouver un festin pour dîner. Elle discerne une silhouette dans l'ombre, une silhouette bicolore, ou plutôt tricolore car ensanglanté. Il lui semble l'avoir déjà vu, alors elle reste immobile et l'épie sans chercher à se cacher.

Foudre reste immobile dans la pénombre. Elle n'a pas peur. De toute façon, si la meute arrivait, elle n'aurait qu'à déguerpir, ils se chargeraient de la proie la plus facile. C'est à la voix de l'étalon qu'elle le reconnait. Gryffon. Ami ou ennemi ? Elle ne saurait dire. Leurs rapports ont toujours étés volcaniques. En plus, dorénavant leurs clans sont ennemis. Elle s'avance vers lui. " Qui t'as fait ça ? " assène t elle, sans prendre le temps de se présenter. Elle renifle le sang séché et fronce les naseaux, écœurée.

Foudre plaque les oreilles et découvre les dents lorsqu'il lui assène une remarque désobligeante. La noiraude à beaucoup changé depuis leur dernière rencontre, elle est plus sombre et moins irréfléchie. Néanmoins, la patience n'est toujours pas une de ses qualités. " Si tu veux vivres c'est pas par là qu'il faut aller. " assène t elle d'une voix impétueuse. S'il continuait dans cette même direction, il se rendrait droit dans la gueule du loup. Au sens propre, comme au sens figuré. Elle le prévient une fois, pas deux. A lui de choisir s'il veut vivre ou mourir. Ces lieux elle les connait bien, ils sont le refuge de son enfance.

Foudre passe devant lui, effleurant les flancs du mâle avec sa queue. " Suis-moi. " souffle t elle d'une voix froide. Elle prend la marche d'un pas actif, sans vraiment l'attendre. S'il veut survivre et devra marcher, et vite. La marche se fait dans le silence absolu pour éviter d'attirer l'attention. Seul les hurlements nocturnes résonnent en écho sur les versants du massif.

Foudre garde les oreilles vers l'arrière, plus par principe que pour écouter derrière elle. Elle s'immobilise à nouveau, aux aguets. " Sois tu marches, sois tu crèves Gryffon. " réplique t elle d'une voix froide. Les forts vivent, les faibles meurent. C'est ce qu'on appelle la sélection naturelle. Elle n'avait pas de temps à perdre pour les faibles. " N'écoutes pas la douleur, n'écoute que ton mental. Tu dois avancer. " rajoute t elle, d'une voix moins ferme.  

Foudre laisse un sourire discret étirer ses lèvres en constatant que l'étalon se remettait en marche. Elle remarque néanmoins que Gryffon perd beaucoup de sang, il laisse derrière lui une route bien dessiné pour permettre à la meute de les retrouver. Elle doit trouver un autre moyen pour les semer. Foudre s'arrête, et son regard parcourt les environs. Elle repère très vite un point d'eau en contrebas. " Viens. " dit elle en descendant la vallée au petit galop. " Nous allons brouiller leur piste en marchant dans le cour-d'eau. " La rivière n'était pas profonde, mais le courant assez vif. Cela leur demanderait un gros effort, mais il était nécessaire à leur survie à tous les deux. Car oui, même si la meute arrivait, Foudre ne pourrait jamais se résigner à laisser Gryffon.  

Foudre ravale une réplique cinglante et fait claquer sa mâchoire à coté de l'oreille de Gryffon avec autorité. " Juste là. " peste t elle, en venant fouetter ses flancs avec sa queue d'agacement. Elle rentre la première dans la caverne et se glisse dans l'ombre comme à son habitude. La tanière est spacieuse, suffisamment grande pour qu'ils y tiennent tous les deux sans se toucher. La jument s'ébroue pour sécher son poil humide et chasser sa frustration. " Alors qu'est ce que t'a fabriqué pour être dans cet état là. " demande t elle d'une voix détachée sans le regarder.