Louder than bombs, I break ▬ A

Everyday's a maze
Wonder if this is my place
Where's my way?

Elle s'est enfuie. Encore.
Les larmes aux yeux, le cœur fou.
Elle s'est perdue. Encore.
Les pensées désordonnées, la rage au ventre.
Elle s'est trompée. Encore.
Les pensées illusoires, l'espoir flingué.
Elle est brisée. Encore.
Chaque personne qu'on s'autorise à aimer, c'est une personne qu'on prend le risque de perdre.
Elle aurait aimé crier pour évacuer toute cette rage et cette tristesse qui lui brûlaient les yeux. Elle n'a pas pu. Le silence s'est emparé d'elle lorsque la douleur, intense, lui a rongé les cordes vocales.
Elle s'est écroulée non loin du camp. Elle n'a pas trouvé la force de rejoindre les autres. Et elle a pleuré. Jusqu'à s'apaiser d'elle même.
Et elle est rentrée au camp.
Blessée.
Mais debout.

( Merciii Et t'inquiète )

La petite jument palomino s'arrête brutalement lorsqu'elle croise le chemin de Njörd. Les paroles de Fléau tournent en boucle dans son crâne. Elle se déteste. Elle le déteste. Elle déteste le monde entier. Ses iris océaniques fixent un long moment l'étalon noir. C'est horrible comme Fléau peut lui ressembler, maintenant qu'elle y songe...
Les larmes lui montent aux yeux, une nouvelle fois. Et sans crier gare, elle se jette à l'encolure de Njörd. Sa joue calée contre son encolure, elle laisse ses larmes couler de nouveau. Elle en a besoin. Elle a besoin de lui. Parce que Sueño n'est plus là pour la réconforter comme lorsqu'elle était gamine, et que ce soir, elle a besoin d'un père.
- Njörd... J'ai fais une... Une bêtise, renifle-t-elle.
Et tu ne vas pas aimer...

Absinthe prend plusieurs longues minutes avant de s'apaiser. L'encolure de Njörd est trempée, souillée de ses larmes. Elle a tant pleuré que ses lèvres ont prit le goût du sel. Lentement, à contre cœur, elle se recule d'un pas pour observer l'ébène. Elle avale péniblement sa salive. Elle craint qu'il ne la juge...
- Je viens de rencontrer Fléau, commence-t-elle.
Sa gorge se serre. Comment lui dire qu'elle est potentiellement enceinte de lui ?
- Je ne savais pas que c'était ton demi-frère... On a... On l'a fait, avoue-t-elle en baissant les yeux au sol.
Elle est honteuse. Déjà parce qu'elle s'est laissée séduire par Fléau mais aussi parce qu'elle est incapable d'avoir des relations qui ne soient pas éphémères. Elle n'est bonne qu'à donner son corps... A défaut de donner son cœur. Elle se dégoûte pour ça. Qu'est-elle devenue ?

Si seulement elle avait su. Si seulement elle avait été plus observatrice. Elle aurait remarqué sa ressemblance avec Njörd. Elle aurait dû comprendre.
- Oui. Je me sentais seule et...
Elle ne finit pas sa phrase. Elle a beau être entourée de sa famille, elle se sent toujours terriblement seule. Le vide qui règne dans son cœur prend tellement de place...
- J'ai peur d'attendre son enfant... Je ne veux pas... Gémit-elle.
Elle n'a pas confiance en lui. Ni en elle. Cet enfant est voué à une vie de misère. Comme Azel.

Elle se sent soulagée lorsqu'il lui dit qu'elle n'a pas à se justifier. Pourtant, malgré tout, elle en ressent le besoin. Peut-être est-ce sa façon de légitimer ses mauvaises actions. De se trouver une excuse là où il n'y en a pas forcément.
- Non... Je ne veux pas le garder. Et... Belzé n'est plus là. C'était le seul à maîtrisé les avortements... Soupire la dorée.

Absinthe grimace lorsqu'il lui dit qu'il comprendrait qu'elle ne veuille pas se faire avorter. Peut-être qu'en effet, une partie d'elle ne le veut pas. Mais c'est une infime partie.
- Njörd. J'ai déjà eu un enfant avec quelqu'un qui ne voulait pas de moi. Je ne veux pas répéter ce schéma, se désole-t-elle.
Et pour ce qui est des apprentis...
- Je suis déjà allé à la Taverne. Je crois que ses apprentis sont perdus, rétorque-t-elle en levant les yeux au ciel.
Et devant toutes les difficultés qui se dressaient devant elle, Absinthe commençait à se demander si ce bébé n'était pas un signe du destin. Peut-être devait-elle simplement accepter sa présence...

La dorée esquisse un sourire alors qu'une lueur de tristesse danse dans ses iris bleus. Cette phrase, elle l'a trop souvent entendue. Ça va aller.
- Njörd... Je peux te confier un secret que tu ne dois surtout pas révéler à ma mère ? Elle lui demande, parfaitement sérieuse.