New World [Cristal]

Il avait choisit son moment celui là, les contractions se faisaient de plus en plus fréquentes et Cristal se trouvait en plein milieu du territoire des loups. Elle continuait cependant d'avancer, cherchant à partir le plus rapidement possible de cet endroit avant qu'elle ne soit repérée par les prédateurs. La grise ne pouvait s'empêcher de lâcher quelques plaintes, si elle écoutait son corps, elle serait couchée depuis bien longtemps mais Cristal devait continuer de marcher au risque d'y passer.

Cristal releva rapidement sa tête en entendant quelque chose dévaler vers elle, elle s'apprêtait à attaque lorsqu'elle aperçut Fléau au loin, soulagée de voir que c'était lui. Ses oreilles se baissent aux paroles du noir, elle est peut-être à deux doigts de s'écrouler au sol mais elle n'en perd pas moins son caractère.

Si je ne suis pas capable de survivre à une attaque de loup dans ces moments là, je ne peux pas prétendre au titre de meilleure guerrière

Elle n'en rajoute pas plus, une contraction bien plus forte que les autres vient la tordre de douleur, ce n'est peut-être pas si mal de le suivre mais sa grotte a intérêt à être proche s'il ne veut pas qu'elle s'effondre avant.

Mais ça, elle ne veut pas l'accepter, elle refuse de se sentir faible et ce, peu importe la situation. Cristal essaie d'accélérer l'allure mais à chaque fois, la douleur lui fait comprendre que c'est impossible, Fléau l'a surement remarqué et vient se poser à ses cotés pour marcher. Elle a envie de le pousser pour lui faire comprendre qu'elle peut gérer elle-même mais finit par se laisser aller et le suivre collée contre lui.
Une fois la grotte arrivée, Cristal peut enfin se coucher et sentir le sol froid contre sa peau la détend, même si elle sait que ce qui va arriver sera bien pire en douleur, elle ferme les yeux quelques secondes, savourant le calme avant la tempête.
Peu de temps après, les contractions se font encore plus fortes, elle en crève et a bien envie de tabasser Fléau pour la souffrance qu'il lui a imposé... non... mieux, c'est ce gamin qui va en pâtir. Elle n'a toujours pas décidé s'il doit mourir mais là, le choix est vite fait, il doit payer pour lui avoir fait autant mal. Elle pousse et donne toute son énergie pour finalement réussir à l'expulser, la grise ne lui accorde pas un seul regard et ferme de nouveau les yeux, complètement épuisée par ces longues minutes où elle avait tenté de retarder l'échéance.

Cristal finit par rouvrir ses yeux lorsqu'elle sent la présence de l'étalon près d'elle, elle redresse la tête et l'observe, elle ne l'imaginait pas prendre soin de l'enfant de cette façon. L'odeur des loups se fait de plus en plus forte et aux paroles de Fléau, elle se rend bien compte qu'il est temps de partir.

Je dois pouvoir bouger.

Souffle-t-elle même si la fatigue est bien présente, elle force sur ses membres pour se lever et accorde enfin un regard sur le poulain, elle ne comprend pas ce qui la rebute à voir un enfant mais ne peut s'empêcher de chercher à l'éviter. Le poulain, quant à lui, semble rapidement prendre de l'énergie, ses naseaux fonctionnent à plein régime et, sous l'incitation du mâle, il cherche déjà à se redresser. Il échoue à ses premières tentatives mais réussit enfin à se stabiliser à l'arrêt sur ces 4 jambes bien trop grandes pour lui.

Si on part sans lui, les loups ne s'attarderont pas sur nous.

Sa proposition est complètement immorale et elle s'en rend bien compte mais elle reste la plus sûre pour les protéger tous les deux. Soudain, le poulain s'approche sans prévenir d'elle et attrape fermement ses mamelles, laissant s'échapper un grognement d'entres les lèvres de la grise. Elle baisse les oreilles mais le laisse faire, le temps d'avoir la réponse de Fléau.

Face aux paroles de l'étalon, ses oreilles s'enfouissent sous sa crinière, contrairement à lui, elle n'a pas envie de mourir ici pour un poulain qu'elle n'est même pas sûre de vouloir garder. C'est déjà un coup de chance qu'il soit toujours en vie. Enfin, elle préfère prendre sur elle pour l'instant, ce n'est pas le moment de se disputer et se concentre plutôt sur les odeurs ainsi que les bruits qui les entourent, les loups sont encore loin mais il est temps de se déplacer.
Le petit bai ne comprend pas l'énervement qu'il y a entre les deux chevaux mais la tension dans l'air le pousse à se dépêcher. Lorsque sa mère tape d'un postérieur pour l'obliger à accélérer, celui-ci tente déjà de mordre (bon sans dents c'est chaud ) la jambe Cristal qui s'immobilise aussitôt.

Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre...

soupire-t-elle entre ses dents. Une fois rassasié, il s'élance au galop vers la sortie de la grotte mais tombe lourdement la tête la première contre le sol, ce n'était peut-être pas le moment d'aller aussi vite. Il se relève donc et attend ses parents avec impatience.

On peut y aller maintenant ?

Lâche-t-elle en tournant la tête vers l'étalon noir.

Le jeune poulain tente de trottiner aux cotés de son père, son équilibre est précaire mais il parvient tout de même à rester sur ses quatre jambes. Cristal reste plutôt en retrait et les marche derrière eux tout en détournant son regard du petit, rien que de le voir en si grande forme la dérange, là fois où elle avait tué son propre enfant, elle ne lui avait même pas laissé le temps d'ouvrir les yeux. Ici, c'est bien différent, il s'est levé et a même eu l'occasion de boire son lait et la grise ignore si elle aura encore le courage de le supprime lorsqu'ils seront en sécurité.

Tu veux qu'on se rende sur l'île ? L'endroit est bien sécurisé.

Souffle Cristal en se rapprochant des deux autres, ses oreilles sont attentives aux moindres mouvements aux alentours, les bruits se rapprochent et il est bien temps de presser le pas pour éviter de se faire rattraper par les prédateurs. Elle n'est pas en état de se battre contre une meute et préférerait éviter de les croiser.

Je connais un chemin plus court pour s'y rendre.

Cristal connaît chaque raccourci de ces terres, depuis toute petite, elle passe son temps a fouiller les moindres recoins. Elle accélère le pas et tente de cacher la fatigue qui la prend de plus en plus, elle déteste se sentir aussi faible, surtout devant lui. Le poulain suit le mouvement imposé par son père et trotte un peu plus vite, gérer ses jambes aussi rapidement est un exercice difficile mais il n'abandonne pas et continue de prendre de la vitesse, s'éloignant parfois un peu trop des deux adultes.

Tu as réussi à te venger finalement ?

demande la grise par curiosité, le contexte n'est peut-être pas le bon pour discuter de ça mais elle n'y fait pas vraiment attention.

Elle continue de marcher, ses oreilles pivotent de temps en temps vers l'arrière pour vérifier où se trouve les loups, elle ne les entend plus, c'est une bonne chose, ils ont certainement décidé d'abandonner.

A trop attendre, on finit par se faire avoir.

Souffle la grise, elle ne cherche pas à le critiquer, loin de là mais elle ne sait que trop bien à quel point attendre trop longtemps peut faire des dommages.

Pourquoi veux-tu les tuer tous ?