acide

priorité à Narval pliz


Plum sortait tout juste de l'arbre aux âmes, où elle a eu le malheur d'y découvrir son petit frère Leïo. C'était une mort qu'il ne méritait pas. C'est naturellement qu'elle se dirige vers le territoire des loups, seul endroit qui pourra lui offrir la chance d'assouvir sa soif de vengeance et de sang. Ses gros sabots martèlent le sol avec violence, tandis qu'elle croise enfin le regard d'un loup solitaire. Il ressent la faim, puis la peur en voyant cet ourse noire débouler vers lui avec rage. Plum ne lui laisse aucune chance et le piétine, s'assurant qu'il n'aille pas plus loin. Elle fait demi tour, et revient à la charge, arrachant des bouts de chair, d'entrailles, tout ce qui passe.

Le fantôme déambule sur le territoire des loups, cherchant une plante spécifique qu'il ne pourrait apparemment trouver qu'ici. Narval ne s'inquiète ni ne s'intéresse au bruit des hurlements d'une meute proche, continuant d'avancer comme si il était le maître des lieux. Pour lui, il l'est. Partout.
Peu de temps après, le bruit identifiable d'os qui se brisent retentit non loin de lui. Le grand mâle blanc s'immobilise et laisse ses oreilles pivoter sur le sommet de son crâne, pour savoir d'où il provient exactement. Lorsqu'il trouve, il s'y dirige machinalement, comme naturellement attiré. Il découvre une jument noire, perchée au dessus d'un cadavre certainement encore chaud d'un loup. Tout y passe. Os. Chair. Muscles. Entrailles. C'est répugnant et malgré tout, il est totalement insensible au spectacle macabre. Il s'arrête même pour observer en silence, arquant un sourcil curieux et sceptique, se demandant pourquoi tant d'acharnement sur un être déjà mort.

Elle a toujours eu un profond respect, et une grande admiration pour Mère Nature. Pour son travail exemplaire sur la Terre, mais aussi pour lui avoir permis de survivre. Car la frisonne en est persuadée : si son cœur bat encore aujourd'hui, c'est bien grâce à son œuvre, la jungle, qu'elle a survécu. Dans les ombres effrayantes de la végétation. Donc, elle se demande : est-ce parce qu'elle lui a offert la vie, qu'elle prend celle des gens qu'elle aime ? Pourquoi Leïo, si petit, si fragile.. Pourquoi ! Pourquoi ! répète la frisonne à chaque coup de sabot ou de dent qu'elle donne, avec une rage qui ne semble plus être contrôlée. Mêlée à l'odeur du sang, celle d'un étalon. Elle se calme, ses antérieurs se baignent dans le sang, ses yeux voilés par des nuages noirs se redressent vers l'étalon crème. Dans sa tête il n'y a que le vide et l'incendie. Destructeur. Alors face à elle, elle ne voit qu'un loup à sa taille, un fautif, un tueur de poulain. Couverte de szng et de tripes, comme sortie d'un film d'horreur, l'ourse jette son corps sur cet inconnu qui n'a rien demandé.

Les paroles de l'ébène font écho à ses pensées presque en même temps. Avec beaucoup plus de ferveur et désespoir, certes. Cela ne fait que l'intriguer d'avantage. Il reste immobile, mais il sent qu'il pourrait facilement se laisser enivrer par la rage qui émane d'elle, et explose tout autour.
Elle abandonne sa proie, morte depuis longtemps, pour s'intéresser à une autre. Lui. Un frisson parcourt longuement et lentement son échine. Et cela n'a rien d'effroyable, c'est délicieux. Narval sent l'excitation le gagner et un éclair fugace d'espoir zébré son regard de glace. Avec toute la hargne, la colère et la violence dont elle semble débordée, il semblait que cela soit enfin sa chance de pouvoir ressentir des ondes fracassantes de douleur ravager son corps.
Elle se rue vers lui, sans qu'il ne cherche à fuir, sans qu'il ne cherche à s'entrechoquer à son corps répugnant. Il attend, impatient, que le choc vienne. Il se campe fermement sur ses membres pour encaisser, être un mur contre lequel elle s'écrasera, ce qui ne fera que décupler l'intensité de l'impact. Et cet instant tant attendu arrive et … Rien. Il ne ressent rien. Strictement rien. Il sent juste ses sabots glisser sur le sol, et son corps s'écraser contre le sien. Bon, peut être faut-il que sa chair se fende, se déchire, s'arrache, explose. Aors pour la titiller, il vient planter sa mâchoire dans son garrot.

Pour Plum le choc fut brutal. Elle en a le souffle coupé durant de longues secondes, alors qu'elle continue d'écraser son corps vide contre le mur blanc qui semble irréel. C'est sa mâchoire fermement plantée dans la chair de son garrot qui lui prouve que non, il n'est pas originaire de son imagination. Cet acte ne fait que décupler la rage de la frisonne, qui vient serrer sa mâchoire pour canaliser sa douleur dans l'épaule accessible de l'étalon blanc. Elle se sent submerger par l'excitation et le bien-être lorsque le goût d'un liquide âcre coule dans sa bouche.

Il ne sent même pas sa peau se déchirer pour laisser libre passage aux dents de son adversaire, qui goutte goulûment sa chair et son sang. Comme d'habitude, il doit se contenter de sa rage et de celle de l'inconnue, et non pas des explosions de douleurs qui pourraient le transpercer et le terrasser. A présent il sait pourquoi il est ainsi. Sa naissance a été trop violente, trop douloureuse justement. Son cerveau, pourtant si jeune, a inhibé tout son corps aux violences futures. Mais c'était loin d'être dans son intérêt, finalement. Il est déçu qu'elle ne se révèle pas à la hauteur de ses espoirs, car inlassablement, il continue de croire qu'un jour il trouvera l'adversaire capable de passer outre les barrières invisibles et insurmontable qu'il a lui même créé, et qu'il est incapable de briser.
Narval force sur ses jambes pour avancer, la faire elle reculer, et peut être ainsi parvenir à la déséquilibrer. Il dégage la prise qu'elle a sur lui en venant heurter violemment sa tête à la sienne, se sonnant lui aussi par la même occasion.