Arresto momentum //F//

Ces derniers temps, elle n'a pas eu énormément de temps à consacrer à ses autres enfants. Hope lui demandait extrêmement d'attention vu son état de santé. En effet, la dorée s'appliquait à tenter de lui rendre la vie plus douce. Edelweiss et Balsamine l'avaient plutôt bien pris visiblement. L'avantage d'avoir un jumeau / une jumelle avec soi. Pour ce qui est d'Absinthe, elle ne savait pas trop quoi en penser. Elle était distante ces derniers jours, comme si quelque chose la travaillait. Myosotis sait qu'elle doit attendre mais elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter. Même si la palomino est grande désormais. Elle n'a pourtant pas le temps de s'en inquiéter davantage puisque, à vrai dire, c'est Filao qui l'inquiète le plus. Il est fuyant lui aussi, depuis la naissance de sa petite sœur. Lui qui était si proche d'elle avant ça...
D'un pas presque hésitant, la dorée sort du camp. Le temps est magnifique. C'est un temps à aller se promener. Peut-être négociera-t-elle ça avec Absinthe ou Filao. Histoire de passer un peu de temps avec eux.

Filao parcoure le campement à la recherche de sa mère. Museau en l'air et encolure haute, on dirait un petit prince. Difficile de marcher convenablement avec un gros panier de fruits entre les dents. Il repère très vite la silhouette dorée de sa mère. Comme a chaque fois qu'il l'a voit, son coeur rate un battement. Il l'aime si fort. L'étalon pousse un petit hennissement aiguë pour attirer son attention et s'avance vers elle au grand trot. Au fur et à mesure de son avancée, son regard se pose sur les flancs creusés de sa mère, son coeur se serre. Il espère qu'elle se remettra vite. " Bonjour maman ! " s'exclame t il d'une voix enjouée en ouvrant grand la bouche, heureux de la voir. Dans sa maladresse habituelle, il lâche son panier et tout les fruits s'écrasent par terre. Ouppsss.    

Un petit hennissement attire son attention et lorsque son regard tombe sur la silhouette massive de Filao, un petit sourire se dessine sur ses lèvres. Il a tout d'un grand désormais et pourtant, il sait encore hennir comme un adolescent. Ce contraste amuse toujours autant Myosotis. La dorée s'oriente vers lui et décide de venir à sa rencontre. Le panier qu'il tient entre ses dents semble bien lourd. Peut-être un peu trop d'ailleurs puisqu'il finit par lui échapper lorsqu'il ouvre la bouche pour la saluer. Un petit rire lui échappe.
- Bonjour mon ange, souffle-t-elle en venant presser avec tendresse ses naseaux contre les siens.
Elle observe rapidement tous les fruits qui se sont éparpillés au sol. Certains sont bien abîmés mais d'autres peuvent être récupérés.
- Je vois que la cueillette à été bonne, s'amuse-t-elle.

Filao a du mal a cacher sa déception. Il se précipite au sol pour ramasser les fruits et les replacer dans le panier. Les fruits rouges avaient éclatées et ressemblait plus à une marmelade, seules les pommes avaient été épargnées. " C'était pour toi, maman. " couine t il, désemparé. Son cœur se gonfle d'affection en sentant les naseaux de sa mère se presser contre les siens avec douceur. Il ouvre les yeux légèrement pour glisser son regard doré dans le sien, pétillant d'amour.

Myosotis aide son fils à ramasser les fruits qui sont encore en bon état. Les fruits les plus fragiles - notamment les fruits rouges - représentent la majorité des fruits qu'ils sont forcés d'abandonner au sol. Il ne reste finalement plus que des pommes et quelques poires lorsqu'ils terminent enfin de trier. Un sourire tendre se dessine sur ses lèvres lorsque Filao lui confie que le panier était pour elle.
- Merci mon ange. Ces pommes ont l'air délicieuses, répond-elle avec le regard brillant.
Qu'elles soient en bon état ou pas, Myosotis s'en fiche. Tout ce qui compte à ses yeux, c'est le geste de son fils. Elle décide malgré tout de changer radicalement de sujet.
- Alors, comment se passe les entraînements ? Demande-t-elle avec curiosité.

Et voila, son cadeau de fête des mères est complètement gâché. Le jeune mâle est dépité. Il frisonne légèrement en sentant le souffle chaud de sa mère courir sur son encolure. Sa caresse à des vertus apaisante, il en oublie aussitôt tous ses maux. Ses paupières sont mi-closes, comme pour mieux apprécier ce moment de complicité. Il laisse ses sens l’enivrer, l'odorat et le toucher. C'est la voix douce de sa mère qui le ramène à l'instant présent. Filao entrouvre les paupières et laisse un sourire léger embaumer ses lèvres. Il adore les papouilles. Tel un gentleman, il reprend le panier de la bouche de sa mère pour lui éviter de porter et se dirige d'un pas lent vers un coin ombragé. L'étalon se cale sur la foulée de sa mère. " Et bien... je dirais que c'était très enrichissant. " souffle t il en levant les yeux au ciel. Comment lui avouer qu'il c'était fait mordre la poussière par deux filles ? " Papa trouve que j'ai un bon potentiel. " rajoute le mâle en bombant le torse légèrement. " Tu viendras me voir à mon prochain entrainement ? " questionne t il, plein d'espoir.

Myosotis lui cède le panier sans rechigner. Elle sait qu'il souhaite simplement bien faire et ses petites attentions sont toujours les bienvenues. C'est sa manière à lui de prendre soin d'elle et même si parfois ça la gêne elle lui en est toujours reconnaissante. Une fois arrivés à l'ombre d'un cerisier en fleur, ils s'arrêtent pour reprendre leur discussion.
- Je suis contente que ça te plaise, souffle-t-elle, rassurée.
Il est vrai qu'à l'annonce des cessions d'entraînement, son cœur n'avait fait qu'un bond. Même aujourd'hui, elle s'inquiétait encore pour ses enfants. Alors lorsqu'il lui demande si elle compte venir au prochain entraînement...
- Je ne sais pas Filao... tu sais que je n'aime pas ça... Commence-t-elle. Mais si tu y tiens vraiment je viendrais, accepte-t-elle finalement devant la mine pleine d'espoir de Filao.

Filao adapte son allure à celle de sa mère. Ils s'arrêtent ensemble dans l'ombre d'un cerisier. Le dernier en fleur. Il faut profiter de ce havre de fraîcheur car bientôt le soleil brûlant aura détruit ses beaux branchages. L'étalon lève son nez vers les branches basses et les secoue du bout du nez pour faire tomber quelques pétales sur la robe isabelle de sa moman. Il est un peu déçu du manque d'enthousiasme de Myosotis mais ne montre rien. Le jeune mâle déglutit difficilement avant de prendre la parole. " Tu sais maman, moi non plus je n'aime pas me battre. Mais je veux être de capable de me défendre. De nous défendre. " corrige t il en désignant le troupeau Nilaak du museau. Sa famille est ce qu'il a de plus précieux, il veut la défendre même au péril de sa vie.  

( Mais non elle est pas malade ahah, elle est trop choupi )

Une pluie de pétales rose pâle tombe avec délicatesse tout autour d'eux. Bientôt, la belle période sera finie et le jardin aux merveilles sera moins joli à observer. Les fleurs des cerisiers ont déjà commencé à disparaître tout doucement des branchages. Bientôt, ce sera au tour des feuilles de tomber, lorsque l'automne arrivera, ce qui ne saurait tarder. Cette période rend Myosotis un peu nostalgique ; elle adore le printemps et l'été.
- Je le sais Filao. Et je suis tellement fière de toi, souffle-t-elle doucement avant de lui caresser la joue avec délicatesse.
Malgré le fait qu'il soit devenu grand, il restera à jamais son petit bébé. Tout comme les autres. Ils auront beau fonder leur propre famille, ils seront toujours ses bébés.

Filao frotte son chanfrein contre celui de Myosotis avec affection. Il apprécie se faire complimenter. Même s'il n'est plus un bébé, il affectionne toujours autant les cajoleries. C'est alors qu'un bruit le fait sursauter. L'étalon fait volte-face brutalement, aux aguets. Son regard sonde les environs et ses oreilles jouent des girouettes. Ce n'est qu'une colombe qui a quitté son nid un peu bruyamment. L'étalon se détend, à moitié rassuré. Son coeur tambourine douloureusement dans sa poitrine. Pourquoi était-il si tendu ces temps-ci ? Une question le taraude, il doit en avoir le coeur net." Dis maman. A part Kieser, personne d'autre ne te voulait du mal ? " demande t il en posant son regard sur sa mère, ses prunelles sont arrondies par l'inquiétude. Depuis quelques jours, il avait la désagréable impression d'être observé. Se pourrait-il qu'un sbire de Kieser se cache sur Luanera ?  

Myosotis ronronnerait presque de bonheur. Ces moments de tendresse passés avec son fils elle ne s'en lassera jamais. Ce sont ses instants préférés. Ceux qu'elle n'échangerait pour rien au monde. Un peu moins attentive, Myosotis ne fait pas attention au bruit qui vient pourtant de faire sursauter Filao. Elle n'est pas inquiète ; ici ils sont en sécurité. Njörd n'est pas loin et le camp est juste à côté. Mais à l'énonciation du nom de son ancien bourreau, le cœur de Myosotis se contracte douloureusement.
- Kieser a toujours agit seul. Si quelqu'un d'autre en veut à notre famille, j'ignore qui. Sauf peut-être Mygale ? Mais ça fait un petit moment qu'on ne l'a pas vue dans le coin. Dis moi tout Filao. Pourquoi t'inquiètes-tu ainsi ?

Filao déglutit difficilement sa salive. Il sait que sa mère est fragile, il ne veut pas l'inquiéter. Déjà rien que de discuter de ses entraînements étaient difficile pour elle. Alors s'il lui confiait ses craintes, ses peurs, il craignait de faire renaître les angoisses de sa mère. Filao ne peut cesser de penser à quel point elle avait maigrit suite à son agression avec Kieser. Son fils c'était beaucoup inquiété pour elle, il a crût qu'elle n'aurait pas la force de mettre au monde sa petite soeur. " Le manque d'eau m'inquiète un peu. Notre lagon est bientôt à sec. " En effet, Luanera souffrait de la sécheresse. Les points d'eau étaient rares et leur précieux lac n'était plus qu'un ramassis de boue, il n'y avait presque plus d'eau pure. " Demain matin je vais partir en exploration sur les terres de l'Ouest pour essayer de trouver un nouveau point d'eau. J'ai prévenu papa, il est d'accord. "

La dorée est loin d'être bête, elle voit bien que son fils fait tout pour changer de sujet. Il ne prend d'ailleurs pas réellement la peine de répondre à sa question. Le manque d'eau n'a aucun rapport direct avec Kieser. C'est comme s'il voulait... Lui faire penser à autre chose. La distraire de sa vraie source d'inquiétude. Et heureusement pour lui, Myosotis n'a pas envie d'insister. Il lui en parlera lorsqu'il le voudra.
- Fais bien attention. On ne sait pas ce qui se trouve après la frontière. Tu pourrais peut-être partir avec Oroïne ou Etosha ? Histoire d'être en capacité de vous défendre, réplique-t-elle.