don't freak me out #P

L'arabe rousse marchait prudemment à travers les bois. Elle détestait cet endroit plus que tout. Presque à chaque fois où elle s'y était aventurée, elle s'était faite attaquer. Elle était loin d'être peureuse, mais elle devait avouer que les souvenirs logés derrière ces arbres tordus n'avaient rien de beau.

■ Le poulain quant à lui se trouvait à plus de quelques kilomètres de la jument et il était encerclé de loups qui ne semblaient vouloir faire qu'une seule bouchée du jeune immaculé. Le marwari était encore très jeune pour vaincre autant de loups, même s'il se donnait corps et âme, c'était malheureux, mais à la taille qu'il avait, Berserker mourrait assurément sous les morsures de ces créatures immondes. Mais, le gamin n'en avait pas du tout peur et celui-ci cherchait du regard un échappatoire afin de fuir, car il n'était plus question d'être un lâche ou non. C'était la sécurité d'abord. Mais, au moment où il décolla, Berser' laissa un postérieur se fracasser contre le crâne du loup qui s'était aventuré un peu trop près de lui et dans un élan incroyable, presque trop facile, le garnement enclencha le galop si fluidement. Il était fait pour cela après tout, c'était sa race et il adorait l'adrénaline plus que tout dans ce monde, enfin peut-être un peu moins que sa soeur jumelle, mais bon, on était pas obligé d'y dire à elle.

Il accélérait toujours, les trois loups à sa poursuite quand soudain il fonça directement dans le poitrail d'une jument rousse et tomba lourdement sur le cul, les yeux exorbités. Évidemment, à la vitesse qu'il avait fait preuve, ralentir était impossible et donc, après le poulain se redressa aussitôt, s'écartant tout en fixant les loups se rapprocher, déchaînés comme jamais. C'était peut-être de la faute de l'immaculé s'il avait été poursuivit, car sur sa robe blanche, on pouvait y voir des traces de sang et il était très clair qu'il était le problème dans cette situation. Après tout, il vivait selon ses propres règles lui et sa soeur, sans l'autorité d'adulte pour les faire chier. Maman et papa n'existaient pas pour eux. Berserker pouvait faire tout ce dont il avait envie et tuer un rejeton par curiosité en faisait probablement parti, maintenant.

En posant son regard sur les loups, un sourire narquois se dessina sur son visage d'enfant et il plaqua les oreilles, se demandant bien si cette adulte allait intervenir ou pas. Il était prêt à se protéger s'il le fallait, compter sur les adultes c'était ridicule et inutile, mais de son petit corps, le poulain aurait de la difficulté à combattre trois loups assoiffés de ' vengeance '. Le marwari ne regrettait aucunement son geste. Il avait du caractère le petit.

Elle n'était pas à l'aise, comme si quelque chose l'observait en permanence. À chaque fois qu'elle remettait les pieds ici, elle s'attendait à revoir Spartacus se dresser devant elle. Elle s'attendait encore à sentir son regard sur son corps ainsi que ses coups contre sa peau. Mais ce qui lui fonça dedans était loin d'être le colosse noir. Elle baissa les yeux vers le petit poulain blanc, les sourcils froncés. Puis, les loups qui courraient vers eux. Ses oreilles se plaquèrent contre son crâne. Elle n'avait pas le temps de questionner l'enfant sur le sang qui maculait sa robe, les loups ne feraient qu'une bouchée de lui. Cours. lui lança-t-elle avant de s'approcher des loups, se cabrant pour leur faire peur. Elle était téméraire et fougueuse, si elle réussissait à en assommer un, les deux autres prendraient sans doute la fuite en se rendant compte qu'elle ne se laisserait pas faire facilement. Un poulain ou un adulte blessé étaient de bonnes cibles, mais pas une Phoenix pleine d'énergie. L'alezane mit son plan à exécution, donnant un coup de sabot sur le crâne d'un des loups pour lui faire perdre connaissance. Elle envoya ses mâchoires claquer près des deux autres pour les faire fuir. Elle ne s'arrêta que lorsqu'elle et l'enfant furent hors de danger, essoufflée.

■ Le petit mâle ne se laissa pas prier et poursuivit sa course, s'éloignant tandis que la jument s'acharnait sur les loups. Après un moment, le poulain revint auprès de l'adulte et ses oreilles plaquées contre son crâne. Il n'allait jamais lui dire merci, ça, c'était hors de question et le marwari à la robe tachée de sang posa ses yeux dans ceux de la jument rousse lorsque tout fut enfin calme. Berserker s'ébroua et commença à nettoyer le sang collé sur sa peau qui l'agaçait vraiment trop, en ce moment. Sûrement dû à son impatience. « Putain. » râla-t-il, en tentant de retirer le sang, mais en vain, car c'était rendu beaucoup trop collé à sa peau et il lui faudrait de l'eau pour tout retirer cela.

L'immaculé s'ébroua et tenta visuellement de repérer un coin avec un trou d'eau, il en trouva un quelques mètres plus loin, le poulain reprit doucement le pas dans cette direction-là.

Langage. répliqua la rouquine instantanément, par réflexe. Après avoir élevé quatre enfants, c'était quelque chose qui lui échappait même quand ce n'était pas son enfant et qu'elle n'avait sans doute aucun contrôle sur lui. Phoenix s'approcha du poulain blanc pour l'aider à se nettoyer, voyant bien qu'il n'y arrivera pas seul. Et aussi pour s'assurer qu'il n'était pas trop blessé. Comment tu t'appelles ?

■ Berserker se tenait là, devant l'inconnue et il n'avait rien dans ses yeux, seulement deux iris sombrent plongées dans celles de la demoiselle. '' Nous sommes les élus. Tu n’as pas de cœur et tu ne peux pas ressentir d’émotions. '' Ces mots reflétaient sans l'ombre d'un doute l'âme sans vie du poulain. Sa soeur Neha lui avait déjà dis ces mots et il comprenait parfaitement leur signification. Sa jumelle avait le don de bien le manipuler, mais il arrivait parfois qu'il devenait ' incontrôlable ' et ' dangereux ', mais le contrôle était bien quelque chose qu'il maîtrisait plutôt bien ou mieux.

Mais, physiquement et visuellement, le garnement ne ressemblait à rien d'autres qu'un enfant sous une fine couverture remplis d'hypocrisie et de mensonges. Il ne tolérait pas la présence des autres et dans ces conditions, en entendant parler la jument rousse, le gamin détourna le regard avant de s'ébrouer, imprévisible. Oui, Berser' pouvait avoir mauvais caractère et être impatient, mais avec le temps, il deviendrait ' l'élu '. Il n'y avait que lui et sa jumelle pour comprendre le sens de ces mots, nul ne saura.

« Berserker. »

Sa voix d'une toute autre nationalité brisa le silence des limbes apportés par cet être.

L'alezane hocha rapidement de la tête pour signifier qu'elle avait compris. Elle se mit à l'aider à ses nettoyer, frottant sa robe blanche du bout des naseaux pour en enlever le sang. Elle conserva d'abord le silence, sentant bien que ce dénommé Berserker préférait peut-être l'absence de paroles. Mais bientôt, elle n'en eut pas vraiment le choix. Tu as mal quelque part ?

■ Le vent se leva brusquement, le garnement avait toujours le regard rivé ailleurs et lorsque la jument vint pour l'aider à se nettoyer, cela ne plut point à l'immaculé. Il plaqua férocement les oreilles contre son crâne, s'écarta vivement en fouettant sa queue et là, son regard ténébreux vint violemment se poser dans celui de la jument. Il ronfla bruyamment des naseaux, tout en claquant la mâchoire dans le vide et secouant la tête, agressivement. Elle avait entré dans sa zone de ' confort ' et le jeunot n'avait pas du tout aimer. Personne n'avait le droit de le toucher, une seule et unique personne en avait l'autorisation. C'était Neha. Nul autre n'y avait de le droit. Jamais.

Sa crinière toute petite et fine s'envola fougueusement tout en laissant le vent se décharner sur celle-ci, Berserker avait tellement encore à apprendre, mais les humains ainsi que des chevaux avaient déjà pas mal fait. Le ' mal ' avait déjà été semé et la graine maintenant ne faisait que pousser très lentement, mais très sûrement. Ce n'était plus qu'une simple question de temps avant que l'apocalypse ne se présente à sa porte et détruise tout sur son passage.

Il n'y avait pas que le silence que le poulain favorisait, mais bien l'absence d'amours et d'attentions, l'immaculé n'était pas aussi ' approchable ' que tous les autres de son âge. Celui-ci était une personnalité très difficile d'approche. Elle ouvrit finalement la bouche et avec frustration, il s'acharna contre les endroits où le sang était plus intense, le gamin réussit alors à en retirer un maximum. Le poulain avait d'innombrables cicatrices et dont quelques-unes encore bien fraîche, mais il n'en ressentait pas la douleur.

À la question, il releva la tête tout en fixant longuement la rouquine et celui-ci demeura dans le mutisme total, complètement inébranlable et déstabilisant. Ses iris noires dévoraient celles de la jument. Il ignora sa question.

Phoenix finit par renâcler en le regardant. Ses oreilles s'orientèrent vers l'arrière en voyant son comportement. Ça, c'était quelque chose qui l'agaçait réellement. Les comportements ingrats des enfants avec un orgueil mal placé l'irritaient. J'aurais dû laisser te débrouiller tout seul ou te faire bouffer par les loups. râla-t-elle en levant les yeux au ciel, se détournant pour le laisser tranquille, comme monsieur le prince le voulait si bien.

■ C'était monnaie courante chez les adultes d'être si spontanés et si crue dans leur manière d'être, l'agacement se lisait souvent chez chacun d'eux. C'était ce qu'il avait découvert, depuis qu'il avait quitté son pays en Asie du Sud, l'Inde et le poulain était toujours en constant évolution. Ses yeux se posèrent sur la jument qui semblait déjà si agacée et irritable dû au comportement qu'il avait fait preuve, quelques instants plus tôt. Berserker pencha lentement la tête sur le côté, amusé. Il y avait des jours où il pouvait être froid et distant, sans aucune once d'émotions et ainsi d'autres jours où il était un petit maudit que l'on voudrait tout simplement égorgé.

Les paroles amusaient grandement l'immaculé qui avait un sourire en coin constant sur son visage et étrangement, cette jument lui apportait un peu de ' plaisir ' dans sa journée. Oh oui! C'était un petit monsieur prince et il se priait pas de le faire sentir, Neha était aussi une vraie princesse bitch, ce qui faisaient d'eux une équipe de feu. La rouquine décida de le laisser tranquille et le poulain blanc se dirigea près d'un arbre afin de se frotter contre celui-ci, éraflant sans scrupule sa peau afin de se libérer enfin de tout ce sang. Après quoi, il se retourna face à l'inconnue et pointa ses oreilles vers elle, un vrai petit salaud.

« Ce n'est pas facile hein, la rouquine. » lâcha-t-il, comme ça. « Dur de résister aux poulains, n'est-ce pas... » ajouta-t-il, un bref instant, avec une lueur malicieuse et sardonique.

Effronté et mal élevé. Un p'tit pesteux.

Mais l'agacement de Phoenix était différent de celui des autres adultes. Il était facile à provoquer, et surtout plus enflammé que la moyenne. Alors un p'tit morveux comme lui avait le don de lui taper sur les nerfs après seulement une phrase. P'tet bien, oui. Parce que j'étais comme toi, à ton âge. Une vraie p'tite merdeuse qui aimait agacer les autres et qui refusaient de recevoir de l'aide. Eh bien si j'avais refusé l'aide de tout le monde, je serais morte deux mois après ma naissance.

■ Ses oreilles reprirent doucement leur état naturel et son regard se plongea dans celui de la rousse, à demi-attentif. Elle avait trop d'ambition présentement non pas que c'était mauvais, mais cela ennuyait un peu le petit mâle qui commençait à trouver cela lassant d'écouter les histoires des adultes faire la morale aux enfants. « Nous pourrons le constater d'ici deux mois, dans ce cas et nous verrons si je serai mort. » lâcha-t-il, sans aucune once d'émotions ou de lueur vivante dans le creux de ses iris. Il voulait aussi en savoir plus sur les clans, il avait entendu des dires de d'autres enfants et il voulait en apprendre un peu plus.

La rouquine soupira, exaspérée. Pourquoi certains gosses devaient absolument se penser supérieurs à tout ? À la nature, à la vie ? Pourquoi devaient-ils tous être comme elle avait été à leurs âges ? Peu importe. Sois prudent.

■ L'immaculé observait la jument et demeurait toujours aussi distant. « C'est quoi ton nom? » lâcha-t-il, brusquement et spontanément.

Elle tourna la tête vers lui, les sourcils froncés. Elle resta silencieuse un instant sans répondre, avant de finir par éviter la question. T’en as quelque chose à faire ?